Si une image peut illustrer l’état actuel du Mali, ce serait certainement celle d’un chef de famille gravement atteint d’une maladie notoire, avec à son chevet bon nombre de ses enfants spécialistes dans divers domaines de la médecine, animés d’egos surdimensionnés et surtout d’une grande méfiance nourrie les uns envers les autres, puis très peu disposés à faire abstraction de leurs bisbilles pour remédier au mal dont souffre la figure paternelle qui les unit tous. Cette caricature se justifie dans le énième feuilleton polémique que vie la scène politique malienne, suite à la tentative de mise en place de l’organe de gestion des élections (OGE) qui fait présentement objet de dissensions alors qu’il n’y a pas plus de deux mois il était l’une des revendications majeures pour la majorité des formations politiques à l’endroit du gouvernement défunt de l’ex premier ministre Moctar Ouane. Ce retournement de veste, qui pourrait s’expliquer par l’avènement à la Primature de Choguel Kokalla Maiga, très loin de faire l’unanimité, vient complexifier l’opaque équation de l’organisation de l’élection présidentielle à la date prévue par le gouvernement sortant. Sans quoi le pays, vu les sanctions brandies par la CEDEAO et la communauté internationale, doit s’apprêter à vivre dans une autarcie qu’il ne peut se permettre. La création d’un OGE a des avantages et garanties plus que nécessaires dans la situation actuelle du Mali. Et pour cause : il est censé réduire considérablement l’influence du ministère de l’administration territoriale dans la question électorale qui se trouve dans le giron des militaires et pourrait également régler le problème du fichier électoral qui a besoin d’être assaini. Il est est aussi susceptible de faire économie sur les dépenses budgétivores allouées aux élections, etc. Par-delà ces avantages indéniables, l’OGE peut-il être incontournable pour qui veut minimiser ou circonscrire les virulentes contestations. Faisant fi des suspicions et autres méfiances qui tournent autour de l’OGE, d’aucuns l’assimilent à un dilatoire pour rallonger la transition et risquent d’en faire un motif de contestation politique au point de boycotter les élections à venir ou même faire pire. Il sera donc bienséant pour le Premier ministre de bien potasser les propositions des deux tendances qui s’affrontent sur la mise en place d’un OGE. La première est acquise à la cause de l’OGE mais circonspecte sur les contraintes de délai et plaide pour un renoncement temporaire à l’organe unique au profit d’un renforcement du dispositif existant, tandis que l’autre adhère au projet du Premier ministre surtout que le comité d’experts qu’il a convié pour une étude de faisabilité de l’OGE se dit confiant quant à cette mise en place sans prorogation du temps imparti.
Il faut mentionner par ailleurs que les conclusions de l’atelier de réflexion réunissant la classe politique et la société civile, sur initiative du ministre de l’administration territoriale, n’ont pas été favorables au plus grand désarroi du comité stratégique du M5-RFP qui n’accorde aucun crédit à cet échange qu’il considère comme le résultat d’une instrumentalisation des acteurs de divers bords politiques et civils. En vérité aucun remède ne semble être assez efficace pour endiguer l’opposition démentielle persistante dans l’arène politique malienne. Espérons juste que les concertations que le Premier ministre a engagées avec la classe politique soient fructueuses pour que le peuple puisse réellement choisir son futur président dans une saine ambiance démocratique.
Ousmane Tiemoko Diakité