Le second tour des élections législatives s’est tenu le 19 avril 2020 sans heurts majeurs hormis quelques incidents signalés au centre et au nord. Ce second tour n’a non seulement pas mobilisé les électeurs, à cause du COVID-19, mais aussi et surtout, a donné lieu à des contestations de la part des candidats qui sont supposés être des perdants après les résultats provisoires proclamés par l’Administration territoriale. Désormais, l’heure est à la gestion des contentieux électoraux par la Cour Constitutionnelle.
Jamais cette institution, objet de beaucoup de critiques auparavant, n’a été autant sollicitée que maintenant. Jamais sa Présidente, Manassa Dagnoko, n’a fait l’objet d’autant de sympathie, de considération et d’attention de la part des candidats qui ont leur destin entre ses mains, que cette période post-électorale, car elle a non seulement le dernier mot, mais aussi et surtout, sa décision est irrévocable et sans appel. Les neuf sages de la Cour Constitutionnelle sont attendus sur des dossiers aussi délicats, que juridiquement compliqués. C’est pourquoi avant de déposer les requêtes à la Cour Constitutionnelle, tous les plaignants ont abattu des efforts gigantesques afin de réunir toutes les preuves matérielles et physiques, via leurs conseils, pour convaincre Manassa Dagnoko et ses conseillers. Donc, un travail fastidieux attend les vieux sages de la Cour Constitutionnelle, surtout qu’ils doivent être conscients du rôle éminemment important qui est le leur dans la stabilité de la deuxième institution de la République.
Le premier grand contentieux, de par sa nature et surtout de l’étroitesse de la marge qui sépare les deux listes, est celui de la Commune V du District de Bamako, où la coalition URD- ADEMA-ADP déclarée vainqueur par l’Administration territoriale, fait l’objet d’une plainte de la part des candidats du RPM et de l’APR. Ils contestent les résultats et crient à la manipulation. La bataille s’annonce difficile pour Moussa Timbiné et ses colistiers, car n’ayant pas le soutien de son parti, le premier vice-président de l’Assemblée s’est en même temps attiré la colère jusqu’au haut sommet de l’Etat. Donc, sa chance de l’emporter face à la liste concurrente serait minime.
Le deuxième épineux dossier est celui de Kati, où la grande coalition composée du RPM, de l’ADEMA et de l’URD semble se voir infligée une gifle par l’alliance menée par l’ASMA-CFP de l’ancien premier ministre SoumeylouBoubèyeMaiga. En effet, se sentant humiliés, les trois grands partis ont décidé d’attaquer les résultats à la Cour Constitutionnelle. Sans être dans les secrets de leurs dossiers, selon nos informations en provenance de leurs états-majors, les trois grands partis disent avoir suffisamment d’arguments et de preuves pour arracher les 7 précieux sièges de la circonscription de Kati. Si le camp déclaré vainqueur commence déjà à crier à la manipulation et au complot contre sa liste, celui du vaincu compte fortement sur la Cour Constitutionnelle pour laver l’affront.
Le troisième contentieux est celui qui oppose Moussa Mara à Hamady Sangaré dit Zé. Bien que les résultats provisoires donnent Mara et Sidibé vainqueurs, le camp adverse ne s’est pas avoué vaincu et porte plainte contre la liste de l’ancien Premier ministre Moussa Mara. Avant même le verdict final de la Cour Constitutionnelle, leurs partisans se livrent à un spectacle désolants, d’injures et de menaces de tous genres sur les réseaux sociaux.
Les autres contentieux, sont ceux de Sikasso, de Kéniéba, de la Commune I, de Bougouni, de Nara, de Koutiala, de Mopti pour ne citer que ces quelques circonscriptions. ManassaDagnoko et ses conseillers auront alors du pain sur la planche.
Youssouf Sissoko