Mise en place de la CENI : Le Forum de la société civile proteste

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Décidément, les problèmes liés à la représentation de l’opposition à la CENI et ses conditions de mise en place sont loin de connaitre leur épilogue. Après la protestation des partis politiques de l’opposition, c’est autour du Forum des organisations de la société civile de rompre le silence. Le 4 octobre 2011, au cours de la cérémonie de présentation de l’ouvrage du politologue béninois Mathias Hounkpe, intitulé « Analyse des dysfonctionnements majeurs des systèmes électoraux en Afrique de l’Ouest et quelques solutions d’amélioration pour le processus électoral malien », Adama Diakité, Président du Forum des organisations de la société civile, s’est élevé contre la mise en place de la CENI au Mali.

« Qu’est ce qu’il y a de si substantiel au sein de la CENI pour que tout le monde veuille y rentrer ? ». C’est par cette question pertinente qu’Adama Diakité, Président du Forum des organisations de la société civile, a introduit ses propos qui allaient déranger plusieurs personnes dans la salle qui abritait la cérémonie de lancement du livre du politologue béninois Mathias Hounkpe. « Le forum des organisations de la société civile par ma voix profite de cette assemblée pour dire clairement qu’il n’est pas du tout content de la façon avec laquelle la CENI a été mise en place », a-t-il immédiatement ajouté, avant de relater les longues négociations que les organisations de la société civile ont entreprises auprès des responsables des partis politiques maliens et de l’administration, afin d’aboutir à une mise en place consensuelle de la CENI.

Face au blocage constaté dans la mise en place de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), la société civile malienne avait pris l’initiative d’une médiation aux fins d’amener les partis politiques de l’opposition et ceux de la majorité à revoir leurs prétentions à la baisse. Si la société civile était parvenue à convaincre les partis politiques de l’opposition à revoir leurs prétentions à la baisse, elle n’a pas obtenu le même résultat avec les partis politiques de la majorité. « Nous sommes même prêts à abandonner tous nos postes au profit de la société civile, pourvu qu’il y ait un équilibre dans la composition de la CENI», avaient indiqué les délégués de l’opposition à la rencontre avec la société civile. Avec une telle disposition de l’opposition, la société civile avait nourri l’espoir de pouvoir amener la majorité à accepter une nouvelle clef de répartition : 7 sièges pour la majorité contre 3 pour l’opposition.

« Nous sommes allés jusqu’à proposer aux Présidents des partis politiques de la majorité de faire un effort exceptionnel de nous laisser deux autres postes de la CENI afin qu’on les remette au nom de la société civile à l’opposition », a révélé Adama Traoré. Mais, quelques jours après, Younoussi Touré de l’URD, Ibrahima Ndiaye de l’ADEMA et le Colonel Youssouf Traoré, au cours d’une rencontre, ont eu la lourde charge d’informer les médiateurs de la société civile que la question a été examinée sur tous les angles, mais qu’ils étaient arrivés à la conclusion qu’il n’y a avait aucune possibilité d’accorder plus d’une place à l’opposition à la CENI. Donc, la médiation de la société civile venait d’échouer par la faute des partis politiques de la majorité présidentielle.

 Le communiqué de la société civile qui devait sanctionner l’échec des négociations et la conférence de presse qu’elle devait organiser pour informer l’opinion publique ne sont jamais arrivés. A la surprise générale de l’opinion, des membres de la société civile qui étaient impliqués dans les négociations sont devenus membres de la CENI et occupent même la présidence de l’institution.

 Adama Diakité du Forum des organisations de la société civile ne pouvait pas espérer meilleure occasion que cette rencontre où l’on parlait d’un livre consacré aux CENI en Afrique de l’Ouest, pour protester avec vigueur contre la façon avec laquelle la majorité a fait échouer les négociations et a amené l’administration territoriale à mettre aujourd’hui en place une CENI qui est quotidiennement critiquée, même par certain de ses membres. C’est le lieu de dire qu’Adama Diakité n’a pas été le seul au cours de cette rencontre à dénoncer la mise en place de la CENI, sans pratiquement l’opposition malienne. Mme Coulibaly Salimata Diarra, Présidente de l’ASCOMA, membre du Conseil national de la société civile, selon des témoignages, a aussi déclaré : « la société civile n’est pas contente de la manière avec laquelle la CENI a été mise en place ».            

Assane Koné

 

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