Alors que la fièvre électorale ne cesse de monter, la grande famille de la presse malienne ainsi que les animateurs et blogueurs sont hautement sollicités. Et le gouvernement, à travers le ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, en collaboration avec les partenaires du Mali dans l’organisation de ces élections, a organisé un atelier de formation de deux jours en l’endroit des professionnels de l’information. C’était les mardi 17 et mercredi 18 mars 2020 à l’hôtel de l’Amitié.
La bonne idée du gouvernement, c’est l’ouverture d’un centre d’information électoral afin de faciliter autant que possible la couverture médiatique des élections, qui se trouve au premier étage de l’hôtel de l’Amitié. Ce centre ainsi que l’atelier de formation sont une initiative du Ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation et de ses partenaires que sont le PNUD, l’USAID, la MINUSMA, les Pays-Bas et la Norvège regroupés au sein du PACE (Partenaires du projet d’appui au cycle électoral du Mali).
Au premier jour de l’atelier, le Chef de cabinet du ministère de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales, M. Haminy Belco Maïga, a surtout insisté sur l’importance d’organiser les législatives dans un climat apaisé. Pour lui, « la conduite d’élections libres, crédibles et apaisées est une mission que nous devons tous relever ensemble ». Il a aussi exhorté les journalistes à « donner la juste information et toujours vérifier les sources ». Réussir ces élections est « important pour raffermir la cohésion nationale » a-t-il martelé.
Ensuite, un des doyens de la profession, en la personne de Thiona Mathieu Koné, entre autres, ancien chargé de Communication de l’Energie du Mali, a fait un exposé sur la bonne conduite que doit adopter le journaliste en période électoral. Selon lui, il faut « privilégier le communiqué vrai ». Il a invité la presse à plus de retenue alors qu’ « une crise sécuritaire aiguë sévit entraînant un climat social délicat ». Il a aussi rappelé qu’ « à chaque processus électoral, le thème de la déontologie et l’éthique est brandi à la face des journalistes. Il s’agit de la colonne vertébrale de la profession ». M. Koné a également brossé brièvement la situation actuelle du pays tout en expliquant pourquoi il faut aller aux élections malgré vents et marées : « Le Mali est tel une pirogue pris dans les tourments d’une tempête. Le contexte, c’est de persister malgré le flot de périls et d’incertitudes qui pèsent sur le Mali. Et ce, afin d’exister dans le concert des Nations. La situation est mauvaise mais il faut éviter le pire. A défaut d’un consensus national, il y a eu un compromis public sur les législatives » a-t-il en substance argumenté. Toujours pour M. Koné, « des élections réussies passent par une campagne apaisée, une large participation aux votes, et l’acceptation des résultats. En somme, l’exclusion de la violence ». Il a invité les journalistes à « la vérification de l’information, la clarté et surtout à l’équilibre dans le traitement. Ce qui induit la crédibilité, fonds de commerce du journaliste. Les choix personnels n’ont pas à interférer. Le recul est nécessaire». Il a terminé son intervention par une maxime largement répandue : « On est maître de ses paroles. Mais une fois prononcé, on en devient esclave ».
La première journée prit fin avec l’exposé d’Alfousseini Sidibé, journaliste communicant chevronné. Lui aussi, argua dans le même sens que son prédécesseur. Il a, toutefois, invité les journalistes à la prudence avec les informations distillées sur les réseaux sociaux et à l’équité dans le traitement des différentes candidatures. Car pour lui, la « liberté de presse ne signifie pas liberté de mentir ».
La deuxième journée emboîta le pas à la première en ce sens que tous les intervenants n’ont eu de cesse d’inviter les journalistes à la retenue, à l’équité et à l’équilibre dans le traitement médiatique du scrutin. En clôture, M. Gaoussou Drabo, ancien ministre de la communication et président de la commission Médias de la HAC a livré un bref exposé sur le fonctionnement de son institution et l’état de la presse au Mali. Pour lui, « nous sommes allés très vite vers la libération de la presse et des médias mais ce n’est qu’en 2012 que les prémices de la régulation ont vu le jour ». Un paradoxe qu’a relevé M. Drabo. Aussi, il s’est appesantie sur l’éthique et la déontologie car celles-ci permet aux journalistes d’être pondérés et objectifs dans leur travail. Parlant du centre de Monitoring, pour la première fois, il sera testé dans une capitale régionale, en l’occurrence, Ségou. Enfin, il a insisté sur le travail hautement important de la régulation de la presse sans lequel le secteur se livrerait à l’anarchie.
Ahmed M. Thiam