Après avoir joué leur rôle de contrôle citoyen et d’assistance à travers le déploiement d’observateurs, les responsables de l’association des Jeunes pour la Citoyenneté active et la Démocratie (AJCAD) ont fait le point de leurs préoccupations dudit scrutin. C’était le mercredi 29 avril 2020, à son siège.
La première action, dit-elle, a débuté avec la révision des listes électorales. « AJCAD a déployé des agents d’assistance dans ses zones d’interventions : 6 communes de Bamoko, Kayes, Koulikoro, Ségou, Mopti, Sikasso et Gao. Ils avaient pour mission de mobiliser les nouveaux majeurs à s’inscrire sur la liste électorale, à signaler les cas de décès, à effectuer des transferts », a précisé la Directrice Exécutive de l’AJCAD. Et d’ajouter que le processus de révision des listes électorales est mal expliqué aux citoyens. Aussi a-t-elle fait le bilan desdites actions. « La campagne a permis de toucher directement 208 500 personnes dont 98 889 femmes, 109 611 hommes avec 61% de jeunes. La validation a concerné 106 970 personnes (nouveaux majeurs), le transfert 38 845 personnes et la radiation 27 49 personnes », a-t-elle indiqué.
Pendant la précampagne, précisera-t-elle, l’AJCAD a fait diffuser des spots d’information et de sensibilisation à la télé et sur les antennes des radios communautaires. En outre, elle a cité entre autres actions menées : la formation des jeunes sur la loi électorale, le rôle et la mission d’un député, la formation des observateurs. Pendant la campagne électorale, ajoutera-t-elle, l’AJCAD a fait diffuser des spots de sensibilisation sur le rôle et la mission d’un député, à la télé et sur les ondes des radios communautaires.
«Les élections sont un moment où le citoyen a tout le pouvoir », affirme la Directrice Exécutive de l’AJCAD. Malheureusement, dénonce-t-elle, le pouvoir de l’argent joue sur la lucidité des citoyens. «Nous avons été marqués par le pouvoir de l’argent pendant ces élections », s’indigne Adam Dicko. Et d’ajouter : «On voyait, on attendait les gens demander le changement avant les élections, mais au moment de la prise de décision, ce que nous avons vu n’était pas rassurant pour notre démocratie».
Aux dires de la conférencière, ses observateurs ont rapporté des cas où les électeurs, assis devant les centres de vote, refusent d’accomplir leur devoir civique tant que l’argent n’est pas donné. « On refuse 2000 f, quelqu’un nous a déjà proposé 3000 f on n’a pas accepté », pouvait-on les entendre discuter avec les représentants des candidats. Le poids de l’argent sur ces élections législatives était réel, selon Adam Dicko. Malheureusement, s’inquiète-t-elle «les couches qui prennent l’argent – les femmes et les jeunes – ne se doutent pas que ça se retournera contre elles».
Pour la Directrice Exécutive, le manque de confiance entre politiques et citoyens est réciproque. Autant les citoyens n’ont pas confiance aux politiques, autant les politiques n’ont pas confiance aux citoyens. Pour que ça marche au Mali, conseille Adam Dicko, il faut que chacun joue réellement son rôle: les partis politiques, la société civile y compris les médias et les autorités qui doivent sanctionner si nécessaire.
Adama TRAORE