Contre toute attente et malgré les résultats provisoires du deuxième tour validés par l’administration territoriale, la Cour constitutionnelle, inféodée au régime actuel, a déclaré notre liste perdante. J’en prends acte, tout comme je prends acte que la démocratie malienne est prise en otage par un système politique maffieux, qui ne recule devant rien pour préserver ses avantages, ses biens mal acquis et ses hautes trahisons. Ce qu’ils n’ont pas réussi à obtenir par l’achat des votes et le tripatouillage des bulletins de vote, ils l’ont obtenu dans le secret lâche des délibérations de la Cour constitutionnelle. Et, comme le dit si justement un proverbe africain « L’homme qui fuit la vérité, est un homme faible qui préfère l’obscurité. »
Malgré cette défaite par tricherie, notre combat pour la démocratie a été une belle aventure, grâce à vous tous qui y avez cru et jeté toutes votre forces. La campagne fut riche de belles rencontres et d’échanges fructueux qui ne font que renforcer mes convictions en un Mali libre et souverain, en un malien digne qui ne mérite pas la misère et la souffrance dans laquelle on l’enfonce, au nom de la cupidité sans limite de quelques-uns.
Du fond du cœur, je souhaite adresser mes plus sincères remerciements aux 53 769 électeurs de Kati (50, 81%) qui nous ont accordé leur confiance le 19 avril dernier. C’est ce chiffre que je retiendrai et que le peuple retiendra, car c’est celui qui reflète la réalité du terrain et des urnes.
J’adresse également mes remerciements les plus chaleureux à mes colistiers, aux militants et sympathisants qui ont fait campagne sur le terrain, avec peu de moyens, simplement animés du rêve fou de rendre le changement possible. A ceux qui se sont mobilisés en dehors de la circonscription électorale de Kati. A ceux qui, dans l’ombre ou la lumière, ont soutenu de quelque manière que ce soit ma candidature. Au Parena qui a accepté de porter ma candidature. Aux électeurs qui, dès le premier tour, ont fait le choix de ne pas monnayer leur vote, d’agir en citoyens responsables et désireux de choisir leur destin, nous permettant ainsi d’accéder, à la loyale, au second tour.
Je n’oublie pas nos adversaires du premier tour qui, conscients des enjeux, ont fait le choix de reporter leur voix sur notre liste : ma gratitude et mon respect leur sont acquis. Grâce à eux, sur le papier, nous étions gagnants, grâce à eux, sur le terrain et dans les urnes, nous avons gagné. C’est cela, la vérité crue et sans nuance, qu’il faut retenir de cette élection.
Notre combat fut celui de la conviction, de l’engagement, de l’idéal et de la démocratie sur l’argent et la tricherie. Notre combat a mené à la victoire d’un avenir qu’il est possible de construire, d’un Mali qui n’est pas à vendre. Ce fut le combat du peuple qui a voulu prendre sa place, toute sa place, dans la gestion de ses intérêts et de ceux de son pays. Ce fut la victoire du peuple qui a choisi son camp mais qui, encore une fois, a été dépouillé de ses droits les plus élémentaires, au vu et au su de tous, en souillant le droit.
Car, cette défaite par tricherie, je vous le dis haut et fort, cache en réalité une victoire, notre victoire. S’il y a eu tricherie, c’est parce que le peuple a refusé de donner sa confiance à une alliance contre nature, qui ne peut exister que dans un système aussi perverti que le nôtre, la contraignant à faire ce qu’elle sait le mieux faire : tricher, voler, abuser le peuple. Cet assemblage maudit a vacillé sous les rafales du vent mauvais de la défaite, le premier coup de boutoir d’une longue série, qui finira bien par faire s’écrouler sur lui-même un système aussi vermoulu que les vieillards cacochymes qui le soutiennent, et dont, pour certains, les rejetons pensent pouvoir hériter du Mali et continuer à sucer impunément le sang des Maliens.
Chères électrices, chers électeurs, ne perdons pas espoir. Aux électeurs qui ont été déçus, choqués, révoltés, pour certains qui ont fait un malaise face à ce holdup électoral, je vous fais part de toute ma sollicitude et vous souhaite de récupérer rapidement votre combativité. On nous a fait perdre la bataille mais pas la guerre. Vous avez prouvé qu’avec de la volonté, de la conviction, du travail et de la persévérance, la victoire est à portée de mains. Le Malien nouveau est en train d’émerger, vous en êtes la preuve vivante. Nous devons continuer sur notre lancée, apprécier le chemin parcouru et avoir confiance en un avenir que nous dessinerons nous-mêmes, pour notre Patrie. Retenons la leçon de cet infiniment petit, le Covid-19, qui a obligé nos dirigeants et leurs commanditaires à se terrer chez eux, comme des rats. Il leur faudra plus qu’un masque pour les préserver de la volonté du peuple.
Après ce simulacre de démocratie qui s’est répété dans d’autres cercles et communes du district de Bamako, ceux qui pensent que le peuple remettra son destin entre les mains de 147 personnes, pour la plupart repris de justice, voleurs, tricheurs, assassins et apatrides, se leurrent. Le pouvoir appartient au peuple et si le peuple ne peut s’exprimer à l’assemblée nationale, il s’exprimera par d’autres moyens et exigera son dû.
Le combat est rude mais la lutte continue pour redonner aux Maliens leur dignité et rétablir la souveraineté du Mali.
Pour ma part, soyez assurés que je m’emploierai avec énergie à continuer mon combat pour défendre le Mali et les maliens,
Enfin, je remercie avec émotion mes camarades de lutte pour leur soutien tout au long de cette campagne qui n’a pas été facile. Salut militant aux camarades de l’association Faso kanu.
Ibrahima Kébé
Votre député légitime.