Législatives 2020 : Comment le RPM a perdu Goundam

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La circonscription électorale de Goundam est demeurée fidèle à une vieille tradition de tension post-électorale sur fond de retournement et d’inversion spectaculaire de tendances entre les deux tours des législatives. Tout laisse croire cependant que la messe est dite.

Après les épisodes de 2002, de 2007 et 2013, les mêmes démons lui sont restés collés à la peau et refont surface en drainant la même rengaine contestataire. Au détriment cette fois-ci du grand-gagnant d’un épisode similaire aux précédentes législatives, en l’occurrence le député sortant Oumar Sididjé Traoré, allié de sa grande victime d’hier, Oumarou Ag Mohamed Ibrahim.

Devenus camarades au sein du parti qu’ils ont tour à tour rejoint après leur rude et impitoyable bras de fer de 2013, l’ancien élu indépendant et l’ancien vice-président de l’Adema ne sont désormais pas liés que par la seule appartenance au RPM. Ils le sont aussi par le dessein de conquérir ensemble les deux sièges parlementaires de Goundam, sous les couleurs d’une formation qu’ils ont contribué chacun à enraciner dans le bastion qu’ils s’étaient jadis âprement disputé.

Le tour était joué ou presque puisque la convergence des deux nouveaux Tisserands portera brillamment ses fruits au premier tour des législatives, avec une nette avance de 8 points environ, soit un écart de plus de 4 000 voix. Sauf qu’à Goundam l’histoire démontre d’une élection à l’autre qu’une avance n’est rarement assez confortable pour résister au chamboulement – et ce n’est pas la liste RPM de 2020 qui fera exception à cette règle. En atteste l’issue du tour final selon lequel le parti présidentiel se retrouve au finish nettement distancé de pas moins d’une quinzaine de milliers de voix, vraisemblablement attribuables aux reports de suffrages. Rappelons au passage que c’est par le même phénomène que les députés sortants RPM, sous les couleurs d’indépendants en son temps, avaient réussi à chambouler la donne aux législatives de 2013, grâce notamment au ralliement des fiefs traditionnels de l’Urd que sont Douetchiré et Tonka.

Mais, à en croire les explications fournies par un observateur avisé de la scène politique locale, les fractures, malaises et frustrations au sein du Rpm sont également passés par-là, avec tant de séquelles laissées par le renouvellement de la section de Goundam ainsi que par sa conférence élective qui ont laissé seuls à bord le député sortant Oumar Sididjé Traoré et sa victime des dernières législatives devenue son allié M Oumarou Ag Mohamed Ibrahim remplacé par sa fille pour briguer la députation de cette année. Exit donc le ministre Mahamane Baby au profit du redoutable tandem électoraliste.

Autant de facteurs d’affaissement sur fond de guerres de positionnement et auxquels se greffent les clivages intracommunautaires aux relents revanchards. Les candidats du parti se sont ainsi attirés l’adversité des chefferies Kel –Antassar et KelAghasaf, tributs nomades dominantes du cercle, tandis qu’ils ne jouissent guère d’une sympathie plus enviable en zones sédentaires. D’ores et déjà pressenti perdant à Tonka et Douetiré, fiefs traditionnels du l’URD, la formation présidentielle l’était tout autant en milieux nomades au regard du soutien défavorable des chefs Kel-Antassar du parti MAMA, Kel –Aghasaf de la CODEM ainsi que de l’alliance ADEMA/APR respectivement 3ème, 4eme et 5eme au 1er Tour, tous alliés des candidats de l’URD.

Comme on le voit, l’enjeu était d’une taille telle que les groupes armés affiliés aux communautés ne pouvaient rester indifférents au jeu électoral, dont ils sécurisent d’ailleurs le processus là où le contrôle du territoire échappe aux forces régulières. Au demeurant, selon un schéma arrêté de commun accord avec les autorités régionales et les états-majors de candidats, la sécurisation des arrondissements de Goundam centrale, Tonka et Douetiré devrait être assurée par les FAMA à l’exclusion de tout autre mouvement armé, tandis que celle des autres arrondissements étaient affectée aux mouvements armés selon un mode opérationnel de leur convenance. Et, en dépit d’une intrusion inattendue et peu désintéressée de forces de la CMA aux côtés des FAMa, le dispositif a relativement fonctionné – quoique les colonnes armées réputées proches de candidats soient à l’origine de dérives et de débordements relevés çà et là, notamment dans l’acheminement des résultats d’Adarmalane, Douetiré, Tele et Bintagoungou.

Les interférences armées à coups de parades de pick-up et de manœuvres d’intimidations n’auront cependant impacté que très faiblement les pronostics fondés sur la reconfiguration d’entre deux tours. En ballotage favorable, la liste RPM n’a réussi à rehausser ses performances initiales que de 9 000 suffrages supplémentaires, loin derrière le camp adverse dont les résultats augmentent d’une proportion égale aux suffrages cumulés de ses poursuivants du premier tour, soit de 14 à 43 000 voix environ. Autant d’indicateurs qui créditent en définitive la thèse d’un report de suffrages largement déterminant, surtout que le taux de participation est pratiquement demeuré dans les mêmes fourchettes qu’au tour prétendent.

Mais à l’instar des autres antécédents électoraux, les résultats de Goundam font encore jaser et suscitent accusations et griefs mutuels, les mêmes réactions que l’épisode de 2013 avait inspiré à l’ancien président du Haut conseil des collectivités alors candidat contre son actuel allié.

Et, comme à l’époque, les regards sont tous rivés sur la Cour constitutionnelle et le traitement que feront les 9 Sages des résultats validés par l’administration territoriale. À la différence notoire que sa partition intervient cette fois dans un contexte fortement dominé par les clivages communautaires, qui devraient contraindre l’institution à marcher sur des œufs pour trancher le torrent de requêtes consécutives au scrutin du 19 Avril. Lesdites réclamations ayant généralement trait aux annulations de suffrages, il y a lieu de s’interroger si les Sages pourront s’y prendre avec un rééquilibrage susceptible de répondre à quelques attentes de bouleversement de la donne

I KEÏTA 

 

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