A moins deux semaines, les différentes autorités locales et autres relais de l’administration électorale affichent un rythme soutenu de retrait des cartes d’électeurs dans l’ensemble. Sur les 8 000 442 d’électeurs inscrits dans le fichier, les cartes d’électeurs de moins de 3,5 millions n’avaient pas été enlevées à la date du 14 juillet, soit en l’espace de 23 jours de distribution depuis le 20 juin dernier. C’est dire qu’à mesure qu’approche le 29 juillet, les inquiétudes relatives au niveau de participation s’estompent, de même que les soucis d’un scrutin perturbé par les bousculades de détenteurs de cartes non-retirées au niveau des bureaux de vote.
La cadence n’est toutefois pas identique partout. Sur une moyenne nationale de retrait de 57%, la région de Sikasso occupe le haut du pavé avec plus de 71,42% de cartes enlevés sur plus de 1,313 millions d’inscrits. Elle est suivie d’une autre région à forte concentration d’inscrits, en l’occurrence Segou où 30% environ de cartes sont restées entre les mains des commissions de distribution. Avec une atmosphère politique alourdie par les conflits intercommunautaires et la psychose des attaques terroristes, la région de Mopti est tout naturellement en deçà de la moyenne nationale avec 54,54% sur près d’1,036 millions d’inscrits.
La situation est pourtant beaucoup moins alarmante dans les régions de Tombouctou et Gao, qui affichent respectivement plus 61,99 et 51,93% de cartes enlevées pour une plus faible concentration d’électeurs, soit plus de 300 000 inscrits chacune.
Bamako et la diaspora sont à la traîne. La capitale ne compte en effet que 40,32% de retraits de plus d’1,197 millions d’électeurs,
tandis que la diaspora malienne, avec moins de 500 millions d’inscrits toutes juridictions confondues, se trouvait à 19,72% de cartes enlevées à la date sus-indiquée.
Comme qui dirait que dans l’ensemble la longue suspension de la distribution pour cause de grève des administrateurs n’a guère affecté outre mesure le processus, même si les chiffres de l’administration territoire contrastent sensiblement avec les proportions précédemment annoncées par certains observateurs extérieurs du processus électoral malien. De quoi éveiller les soupçons d’une fraude massive qui se mijote, mais, recoupement, il se trouve que la retrait des cartes est accéléré par les acteurs politiques qui ont adopté comme stratégie de se charger eux du retrait de la carte de leurs militants et sympathisants. La seule carte d’identité du titulaire de la carte suffit pour ce faire.
Abderhmane Keita