BAMAKO – L’élection présidentielle au Mali, dont le premier tour a lieu dimanche, peut se “dérouler dans un contexte et dans des conditions acceptables”, a estimé vendredi à Bamako Louis Michel, chef de la mission des observateurs de l’Union européenne (UE).
“Je crois que ces élections peuvent se dérouler dans un contexte et dans des conditions acceptables qui ne permettront pas une interprétation ou un dévoiement du résultat”, a déclaré M. Michel lors d’un point de presse.
“Je pense vraiment que la personnalité qui émergera au cours de cette élection aura une légitimité largement suffisante” pour redresser le Mali qui sort de dix-huit mois de crise politique et militaire, a-t-il ajouté.
Il a noté que la campagne électorale, qui s’achève vendredi, s’est déroulée “dans un climat normal, sans violences et sans insultes”. “Les candidats en lice sont des personnalités de qualité qui ne vont pas perdre leur contrôle en fin de campagne”, a-t-il dit.
M. Michel a affirmé qu’avant son arrivée au Mali, il avait “quelques inquiétudes sur la capacité de mettre en oeuvre tout le processus, que ce soit logistique, matériel”, mais avoir finalement “trouvé une plus grande capacité que celle que nous imaginions” de la part des organisateurs de l’élection.
Une centaine d’observateurs de l’UE seront déployés dans cinq des huit régions administratives du Mali dimanche, mais pas dans celles du Nord, au nombre de trois: Tombouctou, Gao et Kidal. Ces provinces ont subi l’occupation pendant neuf mois en 2012 de groupes armés jihadistes et criminels, et des tensions y subsistent.
Louis Michel, ancien ministre belge des Affaires étrangères, ancien commissaire européen au Développement et qui connaît bien l’Afrique, a expliqué que le travail d’observation était “réparti” entre les diverses missions, dont celles de l’Union africaine (UA) et la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
Mais il a reconnu qu’il était “gênant” que les observateurs de l’UE ne soient pas présents dans le Nord. “Je multiplie les démarches” pour aller à Kidal, chef-lieu de la région du même nom, berceau des Touareg et de leur rébellion, où des violences ont récemment opposé des Touareg aux populations noires et où des doutes ont longtemps subsisté quant à la possibilité d’y tenir le scrutin. “Il est d’important à mes yeux d’être à Kidal”, selon Louis
Michel.
Pour lui, cette présidentielle est une “évolution essentielle”, car, a-t-il estimé, “ce qui se passe au Mali concerne le Mali, concerne la sous-région, concerne l’Afrique, concerne l’Europe et concerne le monde. On est au coeur d’un véritable débat planétaire”.
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