Sur fond de crise sanitaire, les Maliens étaient appelés aux urnes pour élire les députés de la 6e législature. Le taux de participations chuterait par rapport au premier tour, si le peu d’électeurs n’avaient pas monnayeur leurs voix aux candidats.
L’électeur malien est persuadé d’être relégué aux calendes par l’homme politique une fois son dessein pouvoiriste accompli. Nombre d’entre eux choisissent par conséquence de ne laisser filer l’occasion de marchander leur suffrage – sans se retenir toutefois de désigner l’hémicycle comme une chambre d’enregistrement. D’aucuns, pour motiver la vente de leur vote, mettent la sincérité des urnes en cause, en qualifiant l’élection de processus de nomination. Au grand dam de la démocratie, on peut en déduire que les résultats issus de ces élections sont moins perçues comme une marque légitimité ou d’adhésion quelconque à la position d’un candidat que sous le prisme d’une capacité de solvabilité.
Tout au long du processus, notamment de la campagne électorale à la fermeture des bureaux de vote, tous les partis politiques et candidats, selon leurs moyens, ont commis des infractions en distribuant les sommes de 1000 à 5000 FCFA aux électeurs. Les banques de la place peuvent en témoigner. Il s’agit, le plus souvent, de billet de banque. Et c’était le plus souvent le directoire du parti qui dote les structures des moyens financiers nécessaires à la gestion du scrutin.
Et comme une vente aux enchères, le prix dépend du moment de la journée où intervient le marchandage. Plus on s’approche de l’heure de la fermeture des bureaux de vote, plus l’enchère prend de l’envol. Les cibles préférées de ceux qu’on appelle les mobilisateurs sont les femmes et jeunes qui sont les plus faciles à influencer.
- Le constat du vote du 19 avril
Au mépris de la loi, les différents candidats en lice ont soudoyé des électeurs pour les faire voter en leur faveur. Le scrutin a été marqué par la démultiplication de la pratique d’achats de conscience dans plusieurs centres à travers le pays, notamment dans les centres de vote du district de Bamako comme les 1008 logements en Commune VI. La même pratique avait pignon sur rue également à l’école A Wayerma 1 de Sikasso, au groupe scolaire de Macina, Groupe scolaire Robert Cissé I et II de Mopti, à l’école B 2e cycle, au bureau N°2 de Bafoulabé, centres EDC et plateau 2 de Koulikoro, au Groupe scolaire Kolokani B, au Groupes scolaire Heremakono-Nord et au centre de Bougouni, entre autres.
Amidou KEITA