La très grande mobilité de l’électorat malien est imputée par beaucoup d’observateurs à celle de la classe politique elle-même. Du coup, des changements interminables de bords politiques, les citoyens en sont arrivés à la conclusion d’un jeu de cartes au cours duquel on use de stratégies pour gagner. Alors, le bénéfice d’un électeur, c’est ce qu’il gagne tout de suite en terme de : argent liquide, responsabilité monnayable, marchés et autres avantages.rn
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La prolifération des candidatures est un indicateur de cette mobilité car, au finish ce sont les mêmes acteurs qui sont à l’œuvre pour satisfaire leurs ambitions. La démocratie malienne après plus d’une décennie d’exercice, peine toujours à retrouver ses marques car sa composante essentielle joue difficilement son rôle. En effet, les électeurs ne sont jamais parvenus à s’approprier le sens de leur mission qui est d’œuvrer par le biais de leur suffrage au développement de leur pays par le choix de responsables crédibles. La gestion du pays pour cela, se joue selon les offres des acteurs qui, pour se faire une place, utilisent les options et cela avec les capacités financières déterminantes.
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La réalité du jeu politique se discute pour l’essentiel par les capacités financières des postulants. L’argent est plus que jamais au centre des préoccupations des acteurs politiques. Ainsi pour le second tour des élections législatives 2007, un responsable du Rpm confia : « La politique dans notre pays, c’est pas la peine. Tu imagines des militants que nous avons toujours considérés comme une base, ont eu le courage de nous envoyer un porte-parole pour nous demander de l’argent le jour du vote, sinon qu’ils se voyaient dans l’obligation de faire comme les autres, cela m’a beaucoup marqué. Pour ce qui est de ma part, je crois que je vais arrêter de faire de la politique car, pour moi cette situation est désespérante …».
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Un autre leader politique en était arrivé à la même conclusion mais en d’autres termes : « La situation est très difficile mais les abandonner en ces instants serait les livrer aux loups qui vont continuer à hypothéquer leur avenir mais aussi celui de leur progéniture, il faut continuer à se battre… ».
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La situation actuelle des sièges de député à l’issue du dernier scrutin législatif est assez révélateur, tellement la victoire a changé de couleur. Sous d’autres cieux, on aurait parlé de vote sanction et d’usage salvateur du vote, mais dans notre cas, c’est plutôt des changements au gré du plus offrant.
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Pourtant si nous nous plaçons dans une logique d’optimisme, nous allons dire que la pratique démocratique de notre pays avec un peu moins de deux décennies, n’a pas acquis la maturité. Les éléments nécessaires à une auto régulation ne sont toujours pas disponibles. C’est l’exercice démocratique qui confère ses atouts et qui font de la démocratie l’idéal de pouvoir et de son exercice pour le bien du peuple.
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L’électorat malien peine à trouver les ressources adéquates pour son épanouissement qui est synonyme de pouvoir. Sans être dans le secret des dieux, cette situation ne va pas changer d’aussitôt car tous les ingrédients d’une pérennisation sont en place.
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Sans des alternatives crédibles à la primauté du rôle de l’argent, il serait vain d’entreprendre des initiatives pour changer la donne. Les militantismes de façade, les engagements politiques hypocrites, la primauté du « moi » sont de nos jours des valeurs qui renforcent cette mobilité de l’électorat qui ne se fonde sur rien.
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En effet, la pratique politique dans notre pays est très controversée. Ainsi un homme considéré dans le quartier comme un exemple, devient automatiquement suspect dès lors qu’il s’engage en politique. L’homme politique malien n’est pas un modèle pour les citoyens mais pourtant, on le ménage, parce qu’il est puissant et qu’il a de l’argent.
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Cependant quelque soit le degré du discrédit, la cité doit continuer a fonctionné pour le bonheur de nos concitoyens. Les efforts doivent, pour cela, être dans le sens de modeler l’électorat qui a le dernier mot pour le choix des dirigeants. Partout dans le monde les hommes politiques ne sont pas des modèles, mais les permettre de récidiver à tout bout de champ est pire des situations qui puissent arriver à un pays en construction. Il est temps que les partis politiques soient plus actifs à faire connaître le sens patriotique du vote. Car, malgré tout son caractère anonyme est cage de sécurité, quid à faire semblant de jouer le jeu et au moment opportun de voter selon ses convictions et sa conscience
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Youba KONATE
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