Le président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), le juge Amadou Ba, est nommé conseiller à la section judiciaire de la cour suprême. La décision se bute à une forte contestation pour la simple raison qu’il y a incompatibilité.
En effet, quelques mois après son installation comme président de la ceni, le magistrat Amadou Ba, a eu une autre promotion à la cour suprême du Mali. Il a été nommé conseiller à la section judiciaire de la cour suprême. Dans les textes de cette institution de la république, le cumul des deux fonctions est incompatible. Dans son article 7, la Loi N°046/du 23 septembre 2016 portant Loi organique fixant l’organisation, les règles de fonctionnement de la Cour suprême et de la procédure de suivi devant elle , précise ce qui suit : “Les fonctions de membre de la Cour sont incompatibles avec celles de ministre, de député, avec toute fonction administrative, politique et toute autre activité professionnelle publique ou privée salariée, sauf dérogations prévues par la loi, notamment le Statut de la magistrature”.
Quant aux textes de la ceni, dans l’article 43 de son règlement intérieur, il est précisé que ses membres ne doivent solliciter ni recevoir d’avantages matériels ou pécuniaires, d’instruction d’aucune autorité politique, administrative ou privée. Ils agissent en toute indépendance et en toute objectivité. Selon nos informations, la cour suprême a été saisie concernant la situation mais il n’y a pas eu gain de cause. Selon l’article 12 du Règlement intérieur de la Céni, toutes contestations sur les membres de la Céni et les démembrements sont soumises à la Cour suprême et aux tribunaux administratifs. Les mécontents s’inquiètent aussi sur la transparence du jugement des contentieux électoraux au moment où le même Amadou Ba est président de la ceni et chargé de gérer les contentieux électoraux.
Selon notre information, ce qui inquiète les leaders de certains partis politiques c’est la crédibilité des élections à venir. « Les membres des Institutions de la République ne devraient pas pouvoir se trouver à la tête d’une structure aussi sensible au plan de la neutralité et de l’impartialité qu’est la présidence de la Céni », confie un des mécontents.
La même source nous indique que lors de la rencontre du coprésident du parlement de l’UE avec le président de la ceni, la question de l’incompatibilité entre ces deux fonctions a été évoquée. Mais les magistrats seraient en train de repousser ce constat des observateurs internationaux.
Boureima Guindo