Comme un signe indien, la désertion des bureaux de vote a été notoirement constatée, hier encore, lors du second tour des élections législatives. Même si la menace de la pandémie du covid-19 en serait l’excuse toute trouvée, il y a lieu de s’interroger.
-Maliweb.net- Depuis l’amorce du mouvement démocratique, en 1992, les Maliens ont une tendance de plus en plus prononcée vers la désertion des urnes. C’est ainsi que le taux de participation ne cesse de dégringoler. Si les communales de 2016 ont tourné autour de 30% de taux de participation, le 1er tour des élections législatives de 2020 a donné un taux de 35%.
Même si les autorités estiment que ce faible taux est lié à la menace de la pandémie du coronavirus, les analystes les plus objectifs soulignent, la main sur la conscience, que cette crise sécuritaire est loin d’être la raison fondamentale de cet abstentionnisme. D’autant que des mesures de préventions comme les gestes barrières (port du masque obligatoire dans les bureaux de vote, lavages des mains etc) étaient de mise.
Au fait, depuis plusieurs années, la démocratie malienne a fait de nombreux déçus par rapport à la gouvernance du pays. De nombreux électeurs ont fini par se déplorer la posture de bétail électoral dans laquelle ils se trouvent. Combien d’acteurs politiques ne se servent pas des électeurs, juste pour leur ascension vers des fonctions de responsabilités politico-administratives. Tel est le cas des députés qui oublient leurs bases électorales dès la fin des élections; sans oublier des ministres chefs de partis politiques, qui rompent leurs relations avec des militants, juste après leur entrée au gouvernement. N’est-ce pas le cas de ces ministres qui, après leur nomination, érigent un mur épais entre eux et les militants à la base ? Quid des promesses électorales non tenues ? D’où les nombreux achats de consciences, les électeurs réclamant devoir voter qu’en se faisant payer….Bref, les électeurs ont le plus souvent l’impression de n’avoir été aux urnes que pour les intérêts exclusifs des responsables politiques et de leurs amis.
Ce contexte de trahison et de suspicion entre acteurs politiques et électeurs pousse certains analystes à caresser le vœu secret d’une nouvelle révolution démocratique pour un changement et une nouvelle conscience citoyenne. Il faut que ce nouveau départ empêche que l’argent soit l’élément décisif de l’ascension politique. Ce qui évitera de « voir un jour un narcotrafiquant se faire lire à la tête du pays ».
En clair, il faut que les circonstances fassent en sorte qu’il y a un changement véritable dans la gouvernance politique du pays. Ce qui passera par une nouvelle génération de leadership politique susceptibles de mener des réformes courageuses pour avoir une nouvelle race de citoyens.
Boubou SIDIBE/Maliweb.net