Fichier électoral issu du RACE :Un rapport du BVG signale de graves anomalies

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Il est vraiment temps pour le Gouvernement de s’entendre avec les partis politiques sur la question du fichier électoral et au-delà sur l’organisation des élections dont notamment le calendrier. Depuis un certain temps on assiste à un heu de dupes qui ne dit pas son nom, le Gouvernement n’acceptant pas d’avouer qu’il est impossible d’organiser des élections crédibles avec le fichier actuel encore appelé fichier RACE, alors que le fichier issu du RAVAC, à son tour, ne pourrait être disponible dans la limite des délais constitutionnels. L’on se demande bien pourquoi le Gouvernement a attendu si longtemps pour s’occuper de ce dossier si important pour l’avenir démocratique du pays alors que le Bureau du Vérificateur général, dans un rapport adressé au chef de l’Etat à l’issue d’une mission de vérification de performance de la Délégation générale aux élections (DGE) tirait déjà la sonnette d’alarme en égrenant un chapelet de griefs qui disqualifient le fichier RACE.

Après un contrôle financier de la Délégation générale aux élections dont le dossier a été transmis aux autorités judiciaires, le Bureau du Vérificateur général, alors dirigé par Sidi Sosso Diarra, a procédé à une vérification de performance sur la période 2007-2009 dont les constations ont appelé dix-neuf recommandations.

La gestion du fichier électoral détenu par la Délégation générale aux élections, notamment celui issu du Recensement administratif à caractère électoral (RACE) de l’année 2000, a occupé une place de choix dans les constats de l’équipe de vérification et leurs conclusions devaient sonner le tocsin de la mobilisation pour une refonte dudit fichier, tant elles entravent l’organisation d’un scrutin crédible sur la base de ces listes. On n’aurait pas dû tout attendre maintenant pour se décider à faire un audit dudit fichier. Qui a intérêt à se hâter lentement dans ce processus électoral ?

Les limiers de l’équipe de Sidi Sosso Diarra avaient constaté la ” non sécurisation du matériel informatique et du fichier électoral ” qui, pour eux, se traduisait par, entre autres, ” la non mise en place d’un mécanisme assurant la maîtrise du processus électoral “. Pourtant, c’est sur ce fichier que les acteurs politiques jettent leur dévolu, à défaut du fichier RAVEC. On propose de l’auditer et d’y apporter les correctifs nécessaires pour le rendre utilisable lors des prochaines élections de 2012.

Mais alors, pourquoi avoir attendu si longtemps avant d’agir, si l’on sait que le Bureau du Vérificateur général a énuméré une multitude de griefs qui disqualifient ledit fichier RACE? On n’est pas loin de donner raison à ceux qui disaient que dans ce pays, on attache très peu d’importance aux rapports des corps de contrôle car il est difficile de comprendre pourquoi on n’a pas exploité celui du Bureau du Vérificateur général, répertorié par la CASCA dans son Bulletin d’information 2010, remis au chef de l’Etat, il y a seulement quelques jours. Pourtant, il peut avoir valeur d’audit pour épargner au Mali une dépense d’audit par ces temps d’austérité budgétaire.

Rappelons que le BVG a fait état ” des insuffisances dans l’enregistrement des électeurs notamment la non-systématisation des radiations par suite de décès et d’affection de certains fonctionnaires, l’inadaptation du découpage de certaines communes pour l’installation de bureau de vote, l’existence d’anomalies dans le traitement des données du fichier électoral résultant de la mauvaise qualité des papiers et des encres utilisés pour les impressions, la non prise en compte des corrections effectuées par les Commissions administratives, l’existence d’erreurs de saisie occasionnant des écarts entre les listes manuelles et le fichier extrait de la DGE, l’existence de doublons d’électeurs se traduisant par la similarité du numéro d’identification et de la filiation de certains électeurs, la faiblesse des moyens financiers et matériels des commissions administratives, le faible taux de distribution des cartes électorales dans certaines localités se traduisant par l’existence de stocks importants de cartes non retirées… “.

Les partis politiques aussi ont été interpellés car il a été évoqué leur manque d’assiduité aux travaux de révision des listes.

Amadou Bamba NIANG

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