La constitution des listes, qu’elles soient locale, régionale ou du District de Bamako, en maints endroits, a permis de voir clair sur l’état de santé de la Convention de la Majorité Présidentielle. Les partis qui la composent sont allés en rangs dispersés pour les élections du 17 décembre. Comme si cela ne suffisait pas, certains ont même attaqué d’autres en justice aux fins d’invalider leurs listes. Ces élections vont-elles sonner le glas de la CMP avant le grand rendez-vous de 2018 ?
Même s’il faut reconnaitre que le phénomène d’alliances, souvent contre-nature, n’est pas l’apanage des seuls partis de la Majorité, il est devenu la règle dans le jeu politique malien. Ce qui a été surprenant, c’est la débandade des partis de la Majorité qui affichaient pourtant une sérénité et une cohésion à tous égards. Nombreux étaient les observateurs qui pensaient à une alliance entre les grands partis de la CMP, à savoir le RPM et l’ADEMA, surtout quand on sait tous les biens que certains barons de la Ruche disaient du Président de la République. Ils semblent déchanter après la composition des listes, à commencer par le District où Adama Sangaré, le Maire sortant avait misé sur le RPM pour ratisser large. Dans les régions, le même phénomène a été constaté où chaque fois c’est l’ADEMA qui court derrière le RPM pour faire alliance ; au point qu’à Kayes un cadre du RPM a eu la maladresse de dire qu’à partir du moment où l’ADEMA a toujours accompagné, il n’a qu’à renoncer à la tête de liste pour le RPM. C’est à leur corps défendant que les cadres de l’ADEMA ont concocté une liste au niveau régional avec un conglomérat de petits partis.
Le RPM a-t-il été victime de son infidélité ?
A vouloir rouler tout le monde dans la farine, on se drible soi-même. Après la constitution des listes aux niveaux, local, régional et du District de Bamako, les chances du RPM semblent minimes sur le terrain, surtout que ses listes au niveau du cercle de Kati et de la région de Koulikoro viennent d’être invalidées. Le comble est que c’est l’ADEMA qui a attaqué ces listes. L’abandon du RPM par les autres partis de la Majorité s’explique par son mépris et son complexe de supériorité. A cela s’ajoute, son infidélité à ses alliés de la CMP. Ainsi, voyant venir l’humiliation, les cadres du RPM seraient dans les bonnes dispositions de demander le report pour mieux se préparer car conscients qu’une défaite à ces élections scellerait définitivement le sort du candidat du RPM à la présidentielle de 2018.
En somme, que ces élections aient lieu ou pas, elles auront comme conséquences, non seulement la fissure de la CPM, mais aussi et surtout un lever de boucliers au sein de l’ADEMA qui accélérerait le choix de son candidat, après le 17 décembre 2017. Quant aux autres partis, ils quitteront la CPM sur la pointe des pieds quand ils sentiront le vent souffler vers une autre direction.
Youssouf Sissoko