Lors des dernières élections communales qui se sont déroulées le 20 novembre 2016, 59 communes des régions du Nord et du Centre du pays ont été empêchées de voter. Pour des raisons de conformité, 15 communes n’ont pas présenté de candidatures. Celles-ci avaient procédé à la mise en place des autorités intérimaires prévues dans l’accord de paix et de réconciliation nationale. Ce contretemps s’ajoute également aux menaces sécuritaires qui pèsent sur les populations vivant dans ces bourgades pour la plus part rurales. Dans les 44 autres communes, il n’a pas été possible du tout d’organiser de vote pour les mêmes motifs sécuritaires annoncés, obligeant les administrations publiques à se mouvoir vers des cieux meilleurs. L’absence de l’administration d’Etat et l’inaccessibilité des bureaux de vote ont donc privé les citoyens d’exercer leur droit de vote pour désigner leurs représentants conformément aux lois du pays. C’est pour corriger cette injustice que le gouvernement a décidé des consultations électorales partielles dans ces communes. Lesquelles vont être couplées avec les régionales dans les 10 régions que comptent actuellement le pays ainsi que le District de Bamako. Le même scrutin va élire les Conseils de cercles le 17 décembre prochain sur toute l’étendue du territoire national. Cette décision a été annoncée à l’issue du Conseil des ministres du 5 octobre dernier.
A travers cette décision, le gouvernement entend boucler le cycle des élections qui vont se terminer par les élections de proximité. L’objectif étant de renforcer le processus électoral dans le but de sauvegarder la démocratie et créer les conditions idoines du retour de la paix et la stabilité au Mali. Ensuite, poursuivre le processus électoral. C’est pour cette raison qu’il a fait recours au couplage pour l’élection des conseillers communaux, de cercles, de régions et du District de Bamako. Un scrutin à plusieurs enjeux comme la réduction des coûts électoraux, éviter les va-et-vients des électeurs pour les consultations. Mais, l’enjeu le plus attendu est le retour de l’administration sur toute l’étendue du territoire national.
Le collège électoral a été à cet effet convoqué pour le dimanche 17 décembre prochain. Pour la circonstance, la campagne électorale s’ouvre le vendredi 1er décembre à zéro heure pour se fermer le vendredi 15 décembre 2017 à la même heure.
Est-ce possible de tenir ces élections à la date indiquée sur toute l’entendue du territoire national ? Dans la mesure où l’administration est encore absente dans beaucoup de localités ? Si tel était le cas, comment l’Etat va s’y prendre pour organiser ces élections dans les localités qui échappent à son contrôle ? Cette série de questions suscitent de réelles inquiétudes. Mais ne semblent pas ébranler le ministre Tièman Hubert Coulibaly, qui semble avoir « suffisamment d’eau pour mouiller la poudre de farine contenue dans sa bouche ».
En tous les cas, un de ses proches collaborateurs rassure. Ibrahim Diamouténè est chef de Division Affaire Politique au Ministère de l’Administration Territoriale. Il ressort de ses explications, au cours d’un entretien qu’il nous a accordé, que la tenue de ce scrutin couplé est la suite logique du calendrier électoral de 2016. Sa réussite permettra non seulement de boucler le cycle électoral commencé en novembre 2016, mais surtout de diminuer le coût des opérations électorales et de consacrer le retour effectif de l’administration dans les zones abandonnées du fait de l’insécurité. Mais ce qui ne se dit pas tout haut, c’est qu’il permet de jauger la capacité de leur département à organiser les élections législative et présidentielle de 2018. Enfin, il a ajouté que le gouvernement aura aussi l’appui sécuritaire et logistique de ses partenaires comme la Minusma. Donc, que c’est dans l’intérêt de tout le monde que ces échéances ne soient pas vouées à l’échec une fois de plus.
A en croire Ibrahim Diamountènè, l’Etat s’active pour mettre en place la commission d’organisation de ce scrutin incluant toutes les sensibilités de la République qui se réunissent chaque semaine pour dégager des solutions possibles en vue de permettre la bonne tenue de ces élections à la date du 17 décembre prochain indiquée par le gouvernement. Des formations sont prévues pour les agents concernant l’aménagement et l’organisation des bureaux de vote et les processus de couplage. Selon lui, les partis politiques ont également beaucoup de rôle à jouer comme la sensibilisation des électeurs sur ce qui aura lieu dans les bureaux de vote en cas de couplage.
Au niveau de l’administration, M. Diamoutènè a indiqué qu’ils sont chargés de l’organisation technique et matérielle. Et pour cela, ils ont envoyé à chaque représentant de l’Etat, un guide de gestion des dossiers de candidatures qu’ils ont élaboré et un guide d’agent électeur qui sera élaboré en fonction du schéma du bureau de vote pour informer l’opinion publique par rapport au bon déroulement des élections en cas de couplage. Dans certaines circonscriptions dit-il, il y aura 2 scrutins à savoir, l’élection des conseillers de cercles et les conseillers de régions et 3 scrutins dans d’autres. Il s’agit des 59 communes où les élections communales de novembre 2016 n’ont pas pu se tenir.
« Les conseillers régionaux comme prévu dans l’accord sont des chefs de l’exécutif au niveau régional en plus des gouverneurs. Ils y joueront le rôle d’appui-conseil. Ils auront comme tâche de coordonner toutes les activités au niveau local, de mettre en place leur propre budget de fonctionnement. Ces élections ne se tiendront pas dans les régions de Taoudéni et Ménaka pour la simple raison qu’elles n’ont pas de communes. Ces régions sont nouvellement créées et elles ne disposent pas de communes et de cercles pour le moment », a-t-il précisé.
Moussa Sékou Diaby