En démocratie représentative et démocratie directe, le choix des citoyens peut s’exercer de deux façons différentes : d’une part, dans le cadre d’une élection pour désigner un responsable exécutif, national ou local, un membre d’une Assemblée parlementaire ou d’une Assemblée locale ; d’autre part, dans le cadre d’une consultation référendaire. Ces deux modes d’expression démocratique coexistent au Mali au travers de l’élection du chef de l’Etat, des députés et des conseillers municipaux et nationaux. Le processus démocratique au Mali a acquis depuis 1991, une administration compétente dans l’organisation des élections dites libres et transparentes dans un contexte particulièrement marqué par une forte représentativité de la classe politique avec un grand nombre de partis politiques : selon la liste officielle du Ministre de l’administration territoriale et des collectivités, ils sont au nombre de 112, officiellement.
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Partis politiques ou groupements électoraux
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Parmi ces 112 partis, difficile de faire le distinguo entre ceux qui se réclament du socialisme, du capitalisme, de la sociale-démocrate ou même du communisme, etc. Et l’une des particularités des partis politiques au Mali, c’est qu’ils n’ont pas une philosophie du développement clairement définie. Comment un parti politique peut-il prétendre élaborer un programme de société quand il n’inscrit pas son action politique dans un courant idéologique classique ? Seuls les leaders politiques maliens peuvent répondre à cette question. Il apparaît que l’incapacité des partis politiques à recruter des militants fidèles etconvaincus tient essentiellement au fait qu’ils manquent désespérément d’idéologie et de projets de société fiables.
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Or, les articles 36 et 39 de la Charte des partis stipulent que: « les partis politiques ont l’obligation d’assurer la formation civique de leurs membres en conformité avec les principes moraux et sociaux aptes à forger des citoyens conscients de leurs devoirs envers la collectivité nationale, la stimulation de l’esprit et solidarité, de tolérance et de dialogue, la promotion de la participation démocratique et pacifique à la vie nationale et le respect de l’intérêt général. Les partis assurent une fonction éducative de l’électorat en plaidant pour un programme, en définissant les enjeux électoraux ».
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Mais en analysant les bilans des partis, l’on est en droit d’affirmer que tous ou presque, ont failli à leurs devoirs et obligations tels que prescrits dans leur charte. Face à cette situation d’échec collectif des partis, nombre d’observateurs de la scène politique malienne n’hésitent plus à en appeler à une nette réduction du nombre de partis existants. Selon ces observateurs, il conviendrait même que la loi en plafonne le nombre à 4 ou 5.
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Avoir 112 partis politiques dans un pays dont la population tourne autour de dix millions d’habitants, frise le ridicule, soutiennent-ils. Certes, en 1991, la conférence nationale avait opté pour le pluralisme politique intégral. Mais aujourd’hui, avec le recul l’option apparaît comme inadaptée à notre environnement socioculturel et trop onéreux pour le contribuable malien. Il urge donc que les partis politiques fassent le ménage dans leurs rangs. La limitation du nombre des partis aurait deux avantages possibles pour notre pays : primo le montant de la subvention allouée chaque année aux partis par l’Etat va diminuer. Etant entendu que seuls les partis mieux structurés et ayant une vraie représentativité nationale, auront désormais droit à la subvention. Secondo, les électeurs vont pouvoir plus facilement prendre part au militantisme politique. La kyrielle de partis qui tentent d’animer la vie politique nationale a montré ses limites. Cette faiblesse ou carence structurelle qui caractérise les partis au Mali, est saillante en particulier sur un point : celui concernant la mobilisation de leurs militants en période électorale.
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En effet, de 1997 à 2007, la situation ne s’est guère améliorée. Depuis 16 ans environ, la faiblesse du taux de participationdans notre pays est une caractéristique déconcertante de la vie électorale. Cependant, la responsabilité dans cette baisse du taux de participation, ne saurait être imputée aux seuls partis politiques. A la lumière de l’enquête que nous avons menée pour tenter de comprendre les causes liées au phénomène, il apparaît que la méconnaissance par les citoyens de leurs droits et devoirs ; le niveau élevé d’analphabétisme ; la pauvreté qui touche au moins 64% de la population ; les consultations électorales sont perçues comme dénuées de sens ; le manque de confiance dans les représentants politiques, seraient les causes principales de la baisse du taux de participation aux élections.
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Aussi les obstacles liés aux différentes étapes du processus électoral sont potentiellement aptes à influencer le taux de participation. Par exemple les multiples recensements des personnes identiques, se traduisant par des doubles ou triples inscriptions, la non prise en compte des décès, des mutations, laissent traîner sur les listes électorales des personnes qui n’auraient pas dû y figurer. Une telle situation aboutit naturellement à un gonflement artificiel des listes
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Le mode d’identification en cause
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D’autre part, les cartes sont remises aux électeurs minis de l’un des documents suivants : carte nationale d’identité, permis de conduire, livret militaire, livret de pension civile ou militaire, carte professionnelle, carte scolaire ou universitaire, fiche jaune du Race. Exceptionnellement, en milieu rural, la remise de la carte d’électeur peut se faire sur présentation du carnet de famille. Les électeurs détenteurs de procuration peuvent retirer les cartes de leurs mandants contre émargement. Toutes ces conditions contraignantes (mais légales), et exigées pour l’enlèvement des cartes, constituent ainsi un handicap de nature à jouer négativement sur le taux de participation. Le mode d’identification des électeurs tel que pratiqué actuellement constitue à n’en pas douter, l’un des goulots d’étranglement de notre processus électoral.
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Enfin, le rôle des partis politiques dans les élections est de premier ordre. Mais le triste constat, est que ces partis, pour la plupart, ne sont pas encore capables d’assurer leurs fonctions traditionnelles d’éducation politique, de mobilisation des électeurs. D’où, la question de fond : serait-il normal d’allouer des subventions aux partis qui ne remplissent pas leur part de contrat vis-à-vis de la nation ?
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Le taux de participation est-il important pour l’avancée de la démocratique ?
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Assurément, oui. Car le taux de participation est un baromètre de satisfaction et de légitimité. Car la légitimité du pouvoir est lourdement hypothéquée quand les taux ne représentent qu’une partie infime de la nation. Les inquiétudes affichées ici, et là au sein de la société malienne en particulier au niveau des plus hautes autorités de l’Etat sont liées à la question suivante :
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Quel avenir pour notre démocratie et quelle légitimité pour nos futurs élus si la tendance à la baisse devait s’accentuer ?
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ATT monte créneau
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Depuis les élections de 2002, le président Amadou Toumani Touré, n’a cesse de tirer sur la sonnette d’alarme. En 2002, après avoir placé son bulletin dans l’urne à l’école de l’ex-base aérienne de Bamako, il déclarait à la presse : « je suis à la fois satisfait et inquiet. Satisfait parce que le vote se déroule dans le calme, mais inquiet parce que la plupart des Maliens ne sont pas motivés. Il faut que la classe politique malienne se réunisse pour réfléchir sur les raisons de cette faible participation des citoyens ».
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Et cette année encore, ATT s’est offusqué du peu d’engouement de ses compatriotes pour le vote : « Cela est inadmissible, en raison du coût élevé de nos élections ».
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Et récemment, dans son adresse à la nation, à l’occasion du 47è anniversaire de notre indépendance, le 22 septembre dernier, le chef de l’Etat a enfoncé le clou en proposant la mise sur pied d’une commission de travail devant réfléchir en profondeur sur le système électoral malien. A un tout autre niveau, l’Eglise malienne dans une récente analyse de la situation politique du Mali, a imputé le faible taux de participation aux élections maliennes aux « paradoxes et aux inconséquences » des acteurs du jeu politique. Au regard de tout ceci, l’on comprend tout le danger qui guette notre démocratie. Il convient alors d’agir très vite si nous voulons lui éviter le péril. Pour arriver à cet objectif, un sursaut national s’impose: administration publique, classe politique, société civile, associations corporatistes et organisations socioprofessionnelles sont toutes concernées.
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– Les remèdes envisageables
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– Sans être une panacée, ce panel de solutions peut contribuer au relèvement significatif du taux de participation. Il s’agit entre autres :
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– éduquer les électeurs de façon appropriée ;
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– tenir les promesses faites et ne pas faire de promesse irréalistes ;
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– mettre en œuvre un vaste programme de dotation de tous les citoyens en âge de voter, d’une pièce d’identification assortie de la photo de son titulaire et tenant lieu de carte d’électeur et de
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– légaliser l’assouplissement des conditions contraignantes pour l’enlèvement de la carte d’électeur. L’augmentation de la participation passe aussi par ;
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– l’implication active des partis politiques dans la mobilisation autour des projets de société. En effet, l’éducation de l’électorat relève de la mission des partis politiques selon la charte qui les régit. Cette éducation doit viser les électeurs potentiels (les femmes et les jeunes) qui constituent la majorité de la population. Elle visera également à expliquer aux citoyens l’importance que revêt le fait de déposer leurs bulletins dans les urnes ; et en quoi cela conforte d’une part notre démocratie et de l’autre la légitimité des élus. Car, l’élection est le choix librement exercé par le peuple en vue de désigner les citoyennes et citoyens appelés à la conduite de la démocratie pluraliste. Et dans cette démarche, la collaboration de toutes les associations et organisations de la société civile est indispensable
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. La tâche sera ardue certes, mais il faut y aller avec courage et persévérance.
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Selon un sondage réalisé, en 2003, par le PNUD et le MATCL, 90% de Maliens considèrent la tenue d’élections régulières et transparentes comme essentielle pour la démocratie. Autrement dit l’écrasante majorité des Maliens est prédisposée à contribuer à l’avancée de la démocratie au Mali. Il est donc permis d’espérer raisonnablement qu’un jour les Maliens reprendront le chemin des urnes.
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Alpha Kaba Diakité
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