Elections municipales 2009 : Pourquoi la morosité au sein de la classe politique

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Suite à la subite morosité qui s’est emparée de la scène politique, nous nous sommes entretenus avec un certain nombre de cadres et militants de partis politiques. La plupart d’entre eux ont tenu à s’exprimer sous le couvert de l’anonymat, ce qui en dit long sur l’atmosphère de méfiance qui règne dans les différents états majors politiques.

Le cadre du Mouvement patriotique pour le renouveau (MPR) qui nous a fait savoir que les partis politiques sont en train de travailler en vase clos pense que les hommes politiques craignent de dévoiler leurs batteries avant la campagne des municipales. L’intervention du président de la République, ATT, lors de sa rencontre avec les élus communaux avait, un tant soit peu, sorti quelques hommes politiques de leur léthargie à s’intéresser aux perspectives électorales de 2009. Au Ministère de l’Administration territoriale et des collectivités locales, les rares hommes politiques qui s’y sont manifestés ont tenté de se procurer une copie du chronogramme électoral et du bulletin de candidature non encore confectionnés.

Le déficit d’information au niveau politique est donc patent et confirme les propos du cadre du MPR qui estime que les hommes politiques ont adopté la stratégie de la prudence et de la discrétion. Malgré tout, au siège de l’Adéma-Pasj, les Abeilles ont tenu à exprimer leur sérénité en nous faisant remarquer qu’ils sont toutefois présents sur le terrain et continuent d’enregistrer des adhésions et non des moindres. ‘’ Nous avons d’ailleurs rencontré nos élus communaux, à l’occasion de la Journée des communes et nous leur avons donné d’amples informations concernant les prochaines élections municipales, ‘’ nous a rétorqué un cadre de la Ruche.

Pourtant, le dernier congrès ordinaire du Parti africain pour la solidarité et la justice n’ a pas laissé que des satisfaits. Les hommes politiques proches de Mandé Sidibé, même si leur mentor ne l’a pas déclaré publiquement, se sont sentis trahis et écartés des structures de direction de l’Adéma. Ce qui entraîne une frustration qui les amène à penser qu’on tente d’écarter Mandé Sidibé des positions susceptibles de lui permettre de briguer des postes politiques importants. D’autant plus que des militants du parti de l’Abeille craignent une ingérence du Premier ministre Modibo Sidibé dans les prochaines candidatures électorales au sein de leur parti. Toutes choses qui poussent les militants de l’Adéma-Pasj à s’engager avec mesure dans la course aux élections municipales.

La désignation des candidats aux élections municipales au sein de la Ruche, nous a-t-on affirmé, se fait par les structures de base, en l’occurrence, les sous sections et sections. Toujours est-il qu’au sein de l’Adéma-Pasj, comme à l’Union pour la République et la démocratie (URD), de ‘’ nouveaux militants ‘’ , pour parler de ceux qui viennent d’adhérer à ces partis, ont ouvertement exprimé leurs ambitions politiques. Ce qui avait, d’ailleurs, fait dire à Dioncounda Traoré, au cours de l’ouverture du dernier congrès ordinaire des Abeilles ‘’ qu’à l’Adéma, il n’y avait pas d’anciens et de nouveaux militants. ‘’ 

En fait, les nouvelles adhésions au sein de ces deux partis politiques ont créé un état d’esprit pour ne pas dire une guerre larvée entre les militants qui pensent qu’ils sont plus représentatifs et les autres qui disent que leurs adhésions doivent être encouragées. Aussi bien au CNID qu’à l’URD, ‘’ la bataille des chefs ‘’qui a opposé, d’une part, Mountaga Tall et N’Diaye Bâ et d’autre part, Younoussi Touré et Oumar Ibrahima Touré a laissé des séquelles. De ce fait, nous ont dit certains militants de ces partis, ‘’ il ne faut pas verser la goutte d’eau qui fait déborder le vase en se lançant bruyamment dans la course aux élections municipales. ‘’ D’autant plus que certains leaders de partis – les nouveaux leaders comme les anciens- sont accusés de défendre les intérêts de clans bien précis au sein de leurs formations politiques.

Les séquelles des partis sortis des conflits de leadership poussent les hommes politiques à garder beaucoup de réserves, face aux candidatures des prochaines élections municipales. En outre, des militants de partis politiques de moindre envergure nous ont confié qu’ils sont confrontés à la question des moyens pour atteindre leurs objectifs. De ce fait, ils espèrent que le financement public des partis politiques sera décaissé avant les élections municipales de 2009.

Concernant les partis politiques de l’opposition, le Rassemblement pour le Mali ( RPM) est récemment monté au créneau pour dénoncer ce qu’il considère comme des faits qui pourraient nous conduire dans une impasse politique préjudiciable aux équilibres trop fragiles de notre projet de construction démocratique. En fait, depuis la fin des élections présidentielle et législatives, le cadre de concertation qui regroupe périodiquement le ministère de l’Administration territoriale et des collectivités locales et la Commission nationale consultative des partis politiques ne se réunit plus.

L’Administration et les représentants de cette commission, en particulier les membres des partis de l’opposition, sont censés débattre des grandes questions électorales, notamment du chronogramme des élections, du fichier électoral, des bulletins et des cartes d’électeur… A l’Assemblée nationale, lors du vote de la loi de Finances, Koniba Sidibé du Paréna a fait prévaloir le point de vue l’opposition en attirant l’attention sur les insuffisances du texte de budget. La tribune de l’hémicycle de Bagadadji a donc permis à l’opposition, après la sonnette d’alarme du RPM, de rompre cette léthargie ambiante qui s’est emparée de la classe politique.



                  
Baba Dembélé





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