La France de François Hollande, qui a permis à la faveur de l’intervention militaire de chasser les occupants islamistes, n’est pas restée indifférente à la crise politique qui a également secoué le Mali depuis la rupture institutionnelle le 22 mars 2012. Souhaitant un règlement rapide de la crise politique par le retour à un régime élu, le gouvernement français insiste sur le respect du calendrier électoral fixé par les autorités maliennes, conformément à la feuille de route de la transition.
Au cours d’un débat à l’Assemblée nationale française, en présence du Premier ministre Jean Marc Ayrault sur l’intervention de l’armée française au Mali, le 27 février 2013, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius a insisté sur le respect des dates électorales annoncées au Mali, c’est à dire le mois de juillet 2013.
Ce débat intervient six semaines après le début de l’intervention française au Mali. Le Premier ministre Jean Marc Ayrault et le ministre des affaires étrangères ont insisté pour que les maliens créent un cadre démocratique pour une paix durable. En respectant, notamment, la date des élections présidentielles et législatives prévues en juillet 2013. Selon Laurent Fabius, l’organisation de ces élections dans le délai indiqué est indispensable. «La date des élections doit être absolument respectée, selon nous » a-t-il dit. Tout en reconnaissant qu’il y a des difficultés, il affirme que ce sont des dates qui ont été proposées en juillet pour des raisons climatiques. «Si on laisse passer la date, en ce moment, on est reporté à beaucoup plus loin », a-t-il dit.
L’inquiétude de la France serait que les choses ne s’empirent davantage dans le pays en raison de l’instabilité politique. «A ce moment, se posera beaucoup plus de problèmes qui se surajouteront aux problèmes actuels : problème de la légitimité du gouvernement, problème de savoir si le gouvernement actuel peut ou ne peut pas amener à bien le dialogue », s’inquiète le chef de la diplomatie française. «Il faut absolument, et nous insistons, que les élections dans leurs modalités techniques aient lieu à leur date en juillet», a lancé Fabius. L’organisation des élections dans ce délai apparait invraisemblable pour beaucoup d’observateurs au regard du contexte. C’est le cas du député Ump, Bernard Deflesselles, qui ne crois, absolument, pas à la possibilité de conduire de telles élections dès l’été prochain «Comment sérieusement envisager l’organisation de ces élections dans les zones qui seraient encore soumises au combat ? Comment sérieusement envisager l’organisation de ces élections lorsqu’on connait l’histoire du Mali ? Ses déchirements, ses affrontements ethniques, ses tourments vis-à-vis d’exactions toujours présentes dans les esprits?», autant de question que s’est posé le député de l’opposition à l’issue du débat. « Il faudra là encore du temps. Et une volonté farouche de réconciliation nationale entre les populations du sud et celles du nord. En particulier les touaregs, seul facteurs de stabilisation pour le pays », a-t-il conclu.
Pourtant, le gouvernement français n’est pas le seul à croire en la possibilité d’organiser les échéances dans les délais prévus. Le Ministère malien de l’administration territoriale et de la décentralisation et de l’aménagement du territoire, qui a en charge l’organisation de ces joutes électorales s’était engagé le 14 février 2013 à les organiser dans les délais convenus. Pour le président de l’Adema, Ibrahima N’Diaye, qui était en visite en France le mois dernier, il est important de garder le cap sur cette date pour ne pas tomber dans les suspicions. Quoi qu’il arrive, il est évident que la France, principal allié du gouvernement de transition du Mali, dans la libération des régions nord ne pourra pas se désengager avant la stabilisation effective du pays.
Abdoulaye Ouattara