Élections communales et régionales : À qui profite un nouveau report ?

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Dans leur dernier cadre de concertation tenu la semaine dernière, les acteurs en charge de l’organisation des élections et les partis politiques semblent ne plus être d’accord sur le calendrier des communales. Se dirige-t-on vers un nouveau report ? Et à qui profiterait ce report ?

 

Jeudi 19 juin 2014, la classe politique, le ministère de l’Intérieur, la Ceni et la Délégation aux élections se sont retrouvés pour le traditionnel cadre de concertation, organisé, cette fois-ci, sous forme d’atelier. Avec en ligne de mire les élections communales et régionales prévues pour fin octobre de cette année, les participants devaient trouver un consensus sur certaines questions: le fichier électoral, le couplage des élections régionales et communales, la relecture de certains textes. Les groupes thématiques ont examiné plusieurs préoccupations: le chronogramme des élections, le fichier biométrique et la révision exceptionnelle des textes, la prise en compte des recommandations des états généraux de la décentralisation, le couplage des élections, le sort de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni).

Les participants ont abouti à la nécessité de continuer la dynamique d’un fichier électoral biométrique prenant en compte les nouveaux majeurs et les omis, les réfugiés et les déplacés. Cependant, estiment certains d’entre eux, la révision de ce fichier prendra huit à neuf mois, car il s’agira d’y intégrer plus de deux millions de nouveaux électeurs avant octobre prochain. Opération impossible. Concernant le couplage des élections locales et régionales, ils estiment qu’il s’agit là d’un nouvel exercice qui exige la formation et l’information des citoyens et des acteurs politiques.

Faut-il garder la Ceni ?

La question qui divise la classe politique, demeure le sort réservé à la Commission électorale nationale indépendante. Faut-il impliquer la Ceni dans l’organisation des élections communales et régionales ? La question est récurrente depuis la création de cette institution chargée du contrôle du bon déroulement des scrutins. Traditionnellement, ce sont les élections présidentielle et législatives que la Ceni supervise. Mais, depuis des années, la classe politique demande son implication dans le déroulement des communales, élections à suffrage direct universel, et des scrutins régionaux, au cas où ceux-ci se déroulaient dans les mêmes modes d’expression que les communales.

Jusque-là l’administration, chargée essentiellement de l’organisation, du contrôle et de la supervision de ces consultations, s’est gardée de s’inviter à ce débat. Sans doute pour ne pas perdre son monopole de fait. Toujours est-il que la classe politique est d’accord, dans sa majorité, sur l’implication de la Ceni dans toutes les consultations électorales, même si certains trouvent qu’elle doit tout simplement disparaître, car s’étant révélée inutile et budgétivore. Mais, tous les acteurs ne sont pas d’accord sur sa forme actuelle.

En effet, la Ceni, dans sa configuration actuelle, a été créée avant la crise politico-institutionnelle issue du coup d’Etat militaire de mars 2012. C’est-à-dire, avant les mutations du paysage politique. Jadis, dans la mouvance présidentielle, des partis comme l’Urd se retrouvent aujourd’hui dans l’opposition. Alors que, longtemps considérés comme des partis de l’opposition, certaines formations comme le Sadi ou le Rpm sont maintenant au pouvoir. Le Rpm se trouve même être le parti présidentiel et occupe soixante-dix des cent quarante sept sièges de l’Assemblée nationale.

Pour prendre en compte les recommandations de ce cadre de concertation, il a été préconisé la mise en place d’une commission de réflexion qui produira son rapport dans quelques jours, en vue de préparer la prochaine réunion, prévue le mois prochain. Ce rapport doit nécessairement aboutir à la suppression de la Ceni, à son maintien dans ses rôle et forme actuels, à sa reconfiguration ou à son implication dans les élections locales et régionales.

Avec ou sans Kidal ?

Mais, d’ores et déjà, suite à de nombreuses sollicitations aux motivations pertinentes, ces consultations pourraient connaître un nouveau report pour, selon ses demandeurs, permettre une meilleure préparation et leur organisation dans toutes les circonscriptions administratives du pays. Car, il s’agit aussi de cela : les élections doivent avoir lieu dans toutes les régions du pays. Certains acteurs en font des exigences, comme en 2013, lorsque les différents candidats à la présidentielle avaient juré qu’ils ne se présenteront pas au scrutin tant que Kidal resterait sous occupation. A part Tiébilé Dramé, le président du Parena, personne, y compris l’actuel chef de l’Etat qui a été élu sur ses promesses de faire libérer le Mali du joug de l’occupation, n’a tenu cette promesse.

Près de dix-huit mois après l’intervention étrangère, Kidal est toujours sous occupation terroriste touarègue, française et onusienne. Ces acteurs qui font de la libération de Kidal un préalable à leur participation aux élections locales et régionales, s’offusqueront-ils pour autant si ces scrutins se déroulaient en octobre, comme prévu, ou six mois plus tard comme le demandent certains politiques, sans une région de Kidal dotée de l’autonomie ou de l’indépendance ? Certainement pas.

À rappeler que c’est le Conseil des ministres du 26 février dernier qui avait décidé de la prorogation du mandat (qui devait expirer en avril 2014) des élus communaux et régionaux.

Le gouvernement Mara sera-t-il contraint de suivre le même chemin ?

Abdel HAMY

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