Elections communales au Mali : La grande farce électorale

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Hier dimanche 20 novembre 2016, après quatre reports, les électeurs maliens se sont rendus aux urnes pour élire leurs conseillers municipaux. A Bamako, l’élection a été émaillée par des irrégularités, des insuffisances, le trafic d’influence et l’achat des voix. Dans plusieurs localités du pays, surtout  le Centre et le Nord, les électeurs n’ont pu remplir leur devoir citoyen à cause de l’insécurité chronique. Malgré les assurances données par les autorités, il n’y a pas eu d’élections dans la région de Kidal, dans plusieurs communes de la région de Tombouctou (une partie de la commune de Gourma Rharous, la commune de Hamza-Koma, Sérreré, Razelma, Douekire, Tinaicha, Léré dans le cercle de Niafunké…), de Gao ( Ntilite,  Gabero, Tessit, Tallataye…), de Mopti ( cercle de Koro…) et de Ségou( Ké Macina).

A Bamako, où nous avons sillonnés les différents centres de vote, globalement, l’affluence n’était pas grande. Les électeurs sortis pour voter avaient du mal à retrouver leurs bureaux. Les numéros  de téléphone mis à la disposition du public par la Délégation Générale aux Elections(DGE) pour connaitre son bureau de vote via SMS ont cessé de fonctionner depuis 9 heures du matin. Au Groupe Scolaire de Boulkassombougou érigé en Centre de vote, en commune I du district de Bamako, les électeurs étaient obligés de faire le rang devant une machine pour identifier leurs bureaux. Au Centre de Banankabougou,  un gros centre de la commune VI avec 38 bureaux de vote, les électeurs sont sortis massivement. Au centre de Hamdallaye marché, les assesseurs et présidents de bureau n’ayant pas reçus leurs perdiems promettent de garder tous les documents jusqu’au paiement de leurs sous. Et presque dans tous les centres de la capitale, le trafic d’influence et l’achat des voix étaient visibles. Des preuves qu’on a votées pour un candidat étaient monnayées. Des billets de 2000 FCFA et de 5000 FCFA étaient échangés contre des photos des bulletins votés.

Tous les électeurs maliens n’ont pas pu se rendre aux urnes hier. Dans la région de Kidal, il n’y a pas eu d’élections comme on pouvait s’y attendre. Au contraire, les groupes armés ont manifesté contre le scrutin et le drapeau malien fut, une fois de plus, brûlé.

L’élection s’est déroulée normalement dans le cercle de Tombouctou. A Diré, aussi, les élections se sont bien déroulées dans les 13 communes, sans incident. Les populations sont sorties massivement pour accomplir leurs devoirs civiques. Selon des observateurs,  les agents de la DGE munis de leurs ordinateurs pour identifier les bureaux de vote de certains électeurs étaient absents. Cependant dans beaucoup de communes de la région de Tombouctou, il n’y a pas eu d’élections : Razelma, Doueikere, TinAicha, Leré, dans le cercle de Niafunké. Dans ces communes, le matériel électoral a été saccagé ou confisqué.

A Gao, il n’y a pas eu d’élection dans plusieurs communes. Les matériels électoraux de Ntilite ont été brûlés. Le scrutin n’a pu avoir lieu dans la commune de Gabero. Il n’y a pas eu, aussi, de vote dans les communes de Tessit et de Tallataye, cercle d’Ansongo comme ce fut le cas lors des législatives partielles passées. A Mopti, dans le centre du pays, à cause de l’insécurité criarde, il n’y a pas eu d’élection dans certaines communes comme Diahourabé. A Mbana, cercle de Koro, des assaillants ont attaqué un véhicule transportant du matériel électoral. Bilan : plusieurs morts et du matériel électoral brûlé. Un jour avant, le samedi 19 novembre vers 6 h du matin, selon les responsables du PRVM FASO, un parti de l’opposition, leur tête de liste dans la commune de Djounguani, a été enlevé.

Le Sud du pays non plus n’a pas été épargné par l’insécurité en cette journée électorale. Dans la région de Ségou, selon des habitants, des hommes armés ont attaqué plusieurs villages (Tionté, Touara, Fiya, Goumba) du cercle de Ké Macina. Les hommes armés ont saccagé des bureaux de vote et brulé du matériel électoral avant de « s’en aller », selon des témoins. A Ségou ville, plus précisément au Centre de Dar es Salam, selon des témoins, il y avait un désordre total. Tout le monde avait accès au centre de vote.  Des motocyclistes, des vendeurs, des enfants étaient visibles partout dans l’enceinte du centre.  Selon le président de bureau Modi Dramé, il y a eu des arrestations suite à des pratiques frauduleuses constatées. Certains se sont livrés à l’achat des votes en promettant de l’argent à des électeurs.

«  Coup d’Etat électoral »

A l’annonce des élections communales, les Organisations de la Société Civile et les partis politiques de l’opposition craignaient « un coup d’Etat électoral en perspective ». L’Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance au Mali (OBSERVATOIRE), une plateforme de 36 Organisations Non Gouvernementales (ONG) et Associations de la société civile, recommandait, avant la tenue des municipales, une meilleure sécurisation des personnes et des biens sur toute l’étendue du territoire national ; un retour effectif de l’Administration dans les localités où elle est absente ; un prompt retour des réfugiés et des déplacés pour leur pleine participation aux échéances électorales. Les partis politiques de l’opposition, aussi, craignaient une « fraude généralisée en faveur du parti au pouvoir : le RPM » lors de ces élections. Ils se sont d’ailleurs « réserver le droit de porter plainte  pour l’annulation pure et simple des élections au cas où elles ne seraient pas transparentes et crédibles ». Le Secrétaire Général du Parena, l’ancien ministre Djiguiba Kéïta dit PPR, en point de presse le 15 novembre, déclarait : «les communales 2016 sont marquées par une très mauvaise organisation et une manipulation politique ». « Les spécimens et les bulletins ne sont pas uniformes, car, comportent des disparités visibles d’une circonscription à l’autre. Le marché des spécimens et des bulletins de vote a été attribué à onze imprimeries différentes, a –t-il expliqué, avant d’ajouter : L’attribution de ce marché a été coordonnée par un cadre qui est aujourd’hui membre du bureau politique national du RPM. La traçabilité du bulletin unique est sujette à caution: réalisé dans onze imprimeries différentes, le bulletin unique (souche, numérotation) n’est pas à l’abri de duplication (donc de manipulation politique partisane) pour un vote frauduleux pré-arrangé ».

Madiassa Kaba Diakité

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