Elections communales du 20 novembre 2016 : L’Observatoire dénonce « un coup d’Etat électoral en perspective »

L’Observatoire, soucieux de la bonne gouvernance dans notre pays, tire la sonnette d’alarme et interpelle tous les acteurs à œuvrer pour le respect des engagements nationaux et internationaux.

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Les Organisations de la société civile (OSC) craignent un tripatouillage des résultats de la consultation du 20 novembre 2016, une démobilisation générale due à quatre reports, un scrutin non inclusif et une crise post-électorale sans précédent. Une situation qui risque d’aggraver les défis actuels auxquels notre pays est confronté. L’Observatoire, soucieux de la bonne gouvernance dans notre pays, tire la sonnette d’alarme et interpelle tous les acteurs à œuvrer pour le respect des engagements nationaux et internationaux. Selon les responsables de l’Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance au Mali, le scrutin du 20 novembre est un coup d’Etat électoral en perspective due à l’exclusion des organisations de la société civile dans le processus électoral. Cette déclaration a été faite par les responsables de l’Observatoire à leur siège sis à Hamdallaye ACI 2000, le samedi 12 novembre 2016, à la faveur d’une conférence de presse. Ladite conférence de presse était animée par le président de l’Observatoire, Ibrahima Sangho en présence de Ag Intazoumé Moussa Dicko et Djènèba Simaga, tous, membres de l’observatoire.

« Le gouvernement a pris la décision de prolonger quatre fois de suite le mandat des élus locaux, ce qui leur donne un mandat de sept ans et sept mois en novembre 2016, au lieu des cinq ans réglementaires. Les reports consécutifs ont pour motif commun : l’absence de l’Administration dans certaines localités de Mopti, et des régions du Nord : Tombouctou, Gao et Kidal, la participation des réfugiés et des déplacés aux échéances électorales, la recrudescence du banditisme et l’insécurité grandissante sur l’ensemble du territoire national du Mali », c’est en ces termes que le conférencier, Ibahima Sangho a commencé son allocution. Avant d’ajouter que le ministère de l’administration territoriale avait mis en place une commission chargée de réfléchir sur la nouvelle loi électorale. Une commission, composée, dit-il, uniquement de représentants des partis politiques et de l’administration, qui a exclu la société civile électorale malienne. « L’Accord d’Alger, signé le 15 mai 2015 et parachevé le 20 juin 2015, continue à devenir un serpent de mer.  Les signataires n’arrivent pas à s’entendre sur les modalités de mise en œuvre. Des blocages récurrents retardent le processus. Des attaques contre les forces armées et de sécurité, et, les paisibles populations se multiplient à un rythme de plus en plus croissant. Le peuple malien se trouve simplement désabusé », a déploré le conférencier. Selon le président de l’Observatoire, la gouvernance actuelle peine à relever les grands défis auxquels le Mali est confronté dont le défi de la réconciliation nationale et la paix ; le défi de la bonne gouvernance ; le défi  de la sécurité ; le défis de la justice, de l’équité sociale et du développement, nécessaires à l’émergence d’un Etat fort et crédible. Au cours de cette conférence, Ibrahima Sangho a dénoncé le jeu trouble de certains partenaires techniques et financiers (PTF) du Mali. « Le Projet d’Appui au processus électoral au Mali (PAPEM/PNUD) a lancé un appel à propositions pour des activités de communication électorale à l’endroit des organisations de la société civile (OSC).  Au total, 57 OSC et/ou Réseaux d’OSC  ont participé avec 276 projets couvrant l’ensemble du territoire national. Après le processus de sélection, 35 OSC ont été retenues avec 73 projets.  Les activités des OSC devraient démarrer le 24 octobre 2016. Celles retenues ont été invitées le vendredi 4 novembre par le PAPEM/PNUD, pour une rencontre devant se tenir le mercredi 9 novembre 2016. C’était pour dire  aux OSC maliennes qu’elles n’auront aucun financement. Au même moment, certaines ONG internationales bénéficient de la plus grande attention du PAPEM/PNUD et sont financées à coût de centaines de millions de Frans CFA. Pour le Coordinateur du PAPEM/PNUD, les OSC maliennes sont alimentaires et qu’elles doivent plutôt balayer la gouvernance actuelle du Mali, comme l’avait fait « le Balai Citoyen» au Burkina Faso », a déploré le conférencier.

Des incertitudes !

Selon Ibrahima Sangho, en plus du PNUD/PAPEM, une autre ONG internationale de la place, bénéficiant des ressources du Gouvernement et du peuple américain, outrepasse son mandat en créant des réseaux parallèles d’OSC ; animé par le dessein inavoué de détruire les acquis engrangés par la société civile malienne lors des élections générales de 2013. « Au lieu de soutenir les OSC maliennes dans l’optique de la Résilience tant vantée par les Nations Unies, tout est mis en œuvre pour leur exclusion totale. Toute chose contraire aux valeurs démocratiques et aux normes internationales en la matière », a-t-il dit. A ses dires, l’incertitude la plus totale accompagne la bonne tenue de ces élections communales qui voit l’exclusion des OSC maliennes. « La communication électorale, la sensibilisation des citoyens, la mobilisation sociale et l’observation des élections qui sont le credo de la société civile sont retirées sciemment du processus. Il faut dire qu’un processus n’est crédible que si tous les acteurs et groupes cibles concernés le comprennent et s’impliquent de façon active et responsable », a-t-il prévenu. Ibrahima Sangho ne s’est pas contenté de dénoncer, il a recommandé au Gouvernement de la République du Mali, une meilleure sécurisation des personnes et des biens sur toute l’étendue du territoire national ; un retour effectif de l’Administration dans les localités où elle est absente ; un prompt retour des réfugiés et des déplacés pour leur pleine participation aux échéances électorales. En outre, il a recommandé au Ministère de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de la Réforme de l’Etat, l’implication immédiate et effective des organisations de la société civile (OSC) dans l’organisation et la tenue des élections communales du 20 novembre 2016. Enfin, il recommande au PTF, un appui conséquent et équitable aux  OSC spécialisées dans les domaines de la gouvernance, la démocratie et les élections. En réponse aux questions des journalistes, Ibrahima Sangho a fait savoir qu’il n’est pas séant de changer le ministre en charge des élections à deux mois du scrutin.

L’Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance au Mali – OBSERVATOIRE, est une plateforme de 36 Organisations Non Gouvernementales (ONG) et Associations de la société civile ayant développé une expertise dans le domaine électoral et sur les questions liées à la gouvernance démocratique depuis 1996 au Mali. Il a pour objectifs, entre autres, d’informer, éduquer et communiquer  sur l’encadrement légal des élections et l’exercice du droit de vote; d’appuyer les organes de gestion des élections dans l’accomplissement de leurs missions; de rechercher les voies et moyens permettant un ancrage durable de  la culture démocratique et de la bonne gouvernance, et, de faire un plaidoyer pour une véritable résilience démocratique au Mali.

Aguibou Sogodogo

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