Les résultats du 1er tour de l’élection présidentielle sont connus depuis la nuit du jeudi à vendredi de la semaine dernière. Un constat : plus de la moitié des électeurs maliens n’ont pas voté le dimanche 29 juillet.
Ils ont boudé les urnes ! En effet, les électeurs ont une fois de plus préféré rester à la maison et vaqué à leurs occupations. Sur les 8 000 462 inscrits, ils ne sont que 3 445 178 votants soit 43,06%. Ainsi, près de deux Maliens sur trois, en âge de voter et inscrits sur le fichier électoral, ne se sont pas rendus dans les bureaux de vote. Cela constitue un désaveu cinglant de la classe politique. Amorphe, celle-ci semble être coupée de la population et déconnectée des réalités du pays.
Cette abstention peut s’expliquer par deux choses. D’abord, le désintérêt pour la chose politique ressenti par la majorité des Maliens, convaincus que le vote ne pourra rien changer. « Qu’on vote ou pas, ça ne changera pas quelque chose », soulignent-t-ils. « Ils sont tous les mêmes » lancent-ils, telle une boutade, pour parler des politiciens. En effet, pour le citoyen lambda, la politique est assimilée au vol et au mensonge et les candidats n’ont pas rassuré les Maliens parce qu’ils ont été incapables de convaincre les citoyens sur le bienfondé de leur projet de société.
Ensuite, la grande abstention est liée à la manière dont les citoyens sont inscrits sur le fichier électoral. Il est temps aujourd’hui de revoir le système. Les personnes doivent s’inscrire volontairement sur la liste. Cela permettra de connaitre réellement le vrai taux de participation, mais aussi d’économiser de l’argent, d’autant que certaines personnes n’iront jamais chercher leur carte d’électeur bien qu’elle soit confectionnée. Ce qui constitue un gâchis.
Parallèlement, les hommes politiques doivent revoir leur copie et travailler profondément à la base pour prendre en compte les aspirations du peuple car l’électorat devient de plus en plus exigeant. Le temps des dénonciations et des discours creux sont révolus. C’est seulement à ce prix, qu’ils pourront redorer leur blason et par conséquent augmenter le taux de participation aux élections. Autrement, au rythme où vont les choses, il est fort à parier qu’on se retrouvera un jour avec un taux de participation en dessous de 20%.
Abdrahamane Sissoko