Formater l’Etat du Mali au sortir d’une longue crise, marquée par la signature le 20 mai et le 15 juin 2015 à Bamako de l’Accord de paix pour la réconciliation, issu du processus d’Alger : telle semble être la principale mission confiée à Mohamed Ag Erlaf, en tant que ministre de la Décentralisation et des Réformes de l’Etat dans le gouvernement (2ème du Premier ministre Modibo Keita), formé le 24 Septembre 2015, le jour même de la fête de Tabaski. A la faveur de ce réaménagement technique, Mohamed Ag Erlaf qui occupait le portefeuille de l’Environnement et de l’Assainissement a été nommé à la Décentralisation et aux Réformes de l’Etat. En réformant, c’est comme si on change de repères. Et dans une République, le premier repère est la constitution. Et d’ailleurs, la mise en œuvre de l’accord de paix issu du processus d’Alger nécessite un changement de constitution, donc un référendum. Si le principe d’une révision constitutionnelle est acquis, il reste maintenant à déterminer ce qu’il faut changer ou mettre dans la nouvelle constitution.
Un avant-goût face aux partis politiques
Après un séjour à Kidal le 06 Octobre dernier, en compagnie de son collègue de la Réconciliation Nationale, Zahabi Ould Sidi Mohamed, le ministre de la Décentralisation et des Réformes de l’Etat, Mohamed Ag Erlaf a donné un avant-goût de sa mission le 15 Octobre 2015 au Ministère de l’Administration Territoriale au cours d’une réunion du cadre de concertation des partis politiques. En présence de plusieurs présidents et responsables de partis politiques, dont Soumeylou Boubèye Maïga de l’ASMA-CFP, Moussa Mara de YELEMA, Housseyni Amion Guindo de la CODEM, Djiguiba Keita dit PPR du PARENA, Dr. Beffon Cissé de l’URD entre autres. Ce jour là, le ministre Ag Erlaf a dévoilé ses intentions quand il s’est agi de proposer une nouvelle date pour la tenue de l’élection des conseillers communaux, des conseillers régionaux et des conseillers du District de Bamako reportée trois (3) fois de suite.
Il faut rappeler que ce double scrutin était prévu pour le 25 Octobre 2015. Pour des raisons sécuritaires évoquées, cette date, tout comme les deux précédentes, a été reportée. La rencontre du cadre de concertation du 15 Octobre dernier avait à son ordre du jour de faire de nouvelles propositions afin de répondre à l’équation de fin de mandat des élus communaux. Soit aller vers la mise en place des délégations spéciales en lieu et place des maires dans les 703 communes du Mali, soit passer par l’Assemblée Nationale pour prendre une loi qui prolongera le mandat des conseillers communaux, régionaux et du District de Bamako. Mais aussi, tomber d’accord sur une nouvelle date pour tenir les dites élections. Mais aucune décision n’a pu être prise ce jour là.
S’adressant aux présidents et responsables de partis politiques le 15 Octobre dernier au Ministère de l’Administration Territoriale, le nouveau ministre de la Décentralisation et des Réformes de l’Etat, Mohamed Ag ERLAF a laissé entendre qu’il n’y a pas question d’élection dans l’immédiat. La signature de l’accord de paix le 15 Mai et le 20 Juin 2015, marque la fin d’un cycle et la fin de tout cycle met les compteurs à zéro a-t-il expliqué. Selon lui, en tant que ministre en charge des réformes, il mènera d’abord des réformes dans une période de neuf (9) mois, allant du 20 Janvier 2016 au 31 Décembre de la même année. Après ces réformes dit-il, il s’agira de faire rentrer les réfugiés et autres déplacés de guerre dans leurs zones respectives. « Ce n’est qu’après avoir préalablement mené ces réformes qu’on pourra envisager la tenue d’élections au Mali. » a laissé entendre Mohamed Ag Erlaf.
Sur la problématique des élections dans l’immédiat et mener des réformes dans le temps, le ministre de la Décentralisation et des Réformes de l’Etat n’est pas du même avis que son collègue de l’Administration Territoriale. Abdoulaye Idrissa Maïga veut organiser les élections en question le plus tôt possible, contrairement à Ag Erlaf qui veut prendre le temps de mener des réformes d’abord. Pour départager les deux hommes, l’arbitrage du Premier ministre ou du président de la République est nécessaire.
En tout état de cause, ces réformes en vue ouvrent un grand boulevard. Comment s’y prendre ? Toute la question est là !
Daba Balla Keita