Edito: Gabero, la farce électorale

Les élections municipales ont été reportées ou annulées dans plusieurs communes du nord et du centre du Mali. Mais dans la commune de Gabero, le scénario est tout simplement digne d’une farce électorale, sans précédent.

Dans cette commune, à quelques kilomètres de la ville de Gao, il n’y a pas eu d’élection et la raison reste méconnue pour l’homme ordinaire. D’autant que sur le plan sécuritaire, c’est l’une des localités qui respirent le mieux dans la région. Il n’y a ni Iyad AG Ghaly encore moins un quelconque mouvement armé hostile à l’organisation du scrutin.

Mais qui a dit que l’insécurite était le seul obstacle à la tenue de ces scrutins ? Il y a aussi la magie et la farce électorales. Et ce n’est pas une partie de l’électorat gaberois qui dira le contraire. Elle qui, ce dimanche 20 novembre, jour du scrutin, a attendu toute la journée les agents électoraux pour s’acquiter de son devoir civique.

Pas d’agents électoraux, pas de matériel de vote et surtout pas de décision officielle pour informer d’un quelconque report ou d’une quelconque annulation du vote dans cette commune rurale. Quoi ? Allez-vous vous étonner ! Eh oui ! Vais-je vous répondre en avouant tout de même la légitimité de votre étonnement. Puis que le 16 novembre, quatre jours avant le scrutin, le gouverneur, le préfet et le sous-préfet donnaient la certitude absolue de la tenue du scrutin.

Pourquoi n’y a-t-il pas eu donc de vote ? Des sources au bureau du gouverneur indiquent que le matériel a été volé. Comment ? Personne ne sait ! Et même si c’était le cas, la commune mérite tout de même d’en être informée. Mais en fait, au même bureau du gouverneur, il nous est signalé que le matériel électoral est intact, gardé au frais. Pourquoi n’a-t-il pas été donc acheminé ? Là aussi personne ne sait ! Peut être le gouverneur lui-même. Nous n’avons pas pu le joindre en personne pour expliquer cette situation sans qualificatif qui jure avec toutes les lois de cette République.

Serait-ce lié aux manifestations, le jeudi 17 novembre, des militants du Rassemblement pour le Mali (RPM) pour protester contre la tenue du scrutin ? Prétextant que leur liste a été attaquée et invalidée “de manière injuste”.

Là on touche peut être la raison du bout des doigts. Mais en tous les cas, la commune mérite d’être officiellement informée des raisons qui expliquent cette situation qu’on ne peut, pour le moment, appeler ni report ni annulation de scrutin. Aucune législation malienne ne donne le droit de refuser de tenir des élections sans en rendre compte. Nous assistons donc à de la farce électorale. Chose qui ne saurait bénéficier à cette commune, déjà en proie à une profonde déchirure sociale du fait d’un jeu politique très peu orthodoxe. Et dont l’attitude des hommes politiques est digne d’une autre époque.

Aboubacar DICKO / maliweb.net

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