Le directeur du CTDEC à propos des 900.000 cartes NINA présumées disparues

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Cartes NINA
cartes Nina

« Sur les 900.000 cartes, il ne restait que moins de 11.000 non encore retirées »

Plusieurs fois la classe politique, notamment par l’opposition lors de ses conférences de presse, a interpellé le Gouvernement afin qu’il éclaircisse la situation des 900 000 cartes NINA qui sont dans la nature selon le rapport 2013-2014 du bureau du Vérificateur Général. En effet, par soucis de transparence du fichier électoral l’opposition est montée plusieurs fois au créneau pour exiger une gestion saine des cartes NINA (Numéro d’Identification nationale).

Elle a toujours demandé à faire la lumière sur ces 900 000 cartes NINA dans le rapport du Végal. En vain. Avec l’approche des élections régionales, locales et communales partielle, votre hebdomadaire de référence a approché le directeur du Centre de traitement des données de l’Etat civil pour qu’il se prononce sur ces 900 000 cartes NINA présumées disparues. Ces dites cartes non utilisées étaient restées sous les mains du ministère de l’Administration territoriale.

Depuis lors, la gestion de ces cartes NINA ne cesse de défrayer la chronique. Entre polémique et psychose, les commentaires vont bon train. Pour certains, cette affaire est devenue un fonds de commerce politique pour des leaders politiques en manque de popularité. Que sont –elles devenues ces cartes ? C’est pourquoi, fidèle à sa tradition, votre hebdomadaire préféré a voulu mettre le pied dans le plat pour faire taire les rumeurs. Aujourd’hui, le Peuple a le droit de savoir comment ces cartes imprimées en son nom sont gérées. « Le poisson pourri toujours par la tête », a-t-on coutume de dire. C’est ainsi que votre fidèle serviteur s’est rendu à la direction nationale de l’Administration Territoriale logée dans la cour du ministère de l’Administration Territoriale. A tout seigneur, tout honneur, votre serviteur a été présenté au directeur national adjoint de l’Administration territoriale qui lui a d’ailleurs bien accueilli. Ensuite, nous lui avons expliqué les motifs de sa visite et les raisons qui motivent notre enquête. Après avoir salué et apprécié notre démarche, le numéro deux  de l’Administration territoriale nous a orienté vers le Centre de Traitement des Données de l’Etat Civil (CTDEC), sis à Korofina, en Commune I du District de Bamako. Aux dires du directeur national adjoint de l’Administration territoriale, le CTDEC est  le service technique compétent qui est chargé de la gestion des cartes NINA. Arrivé sur les lieux, votre serviteur a dû se soumettre pendant une bonne demi-heure  aux caprices du secrétariat et de la sécurité avant d’être reçu enfin par le Directeur du Centre, Fousseyni Diarra. Lequel s’est prêté à nos préoccupations. Visiblement disponible et ouvert, Monsieur Diarra a d’abord fait savoir que c’est la rue qui gère toujours les rumeurs. A ses dires, si les gens recoupaient les informations en allant à la source, beaucoup d’incompréhensions allaient être évitées. Selon lui, rares sont les gens qui cherchent à savoir la vérité des choses. Abordant  l’esprit de la carte NINA, Fousseyni Diarra a affirmé que : « Des gens veulent tout faire pour arrêter le processus du RAVEC. En réalité, c’est un produit très précieux que beaucoup de pays africains n’ont pas ». Avant de rappeler que : « J’ai l’habitude de recevoir de grandes personnalités étrangères pour s’acquérir de notre expérience. J’ai aussi reçu ici pendant une semaine, 5 députés Tchadiens venus voir comment nous traitons nos données d’Etat Civil. ». Il a indiqué que la carte NINA est un produit vivant, dynamique. C’est pourquoi, il a estimé que  tous les Maliens doivent  soutenir cette initiative et s’approprier afin d’avoir une identité fiable.

En ce qui concerne l’affaire des 900.000 cartes NINA de surplus  soulevées par le Végal dans son rapport 2013-2014, le directeur du CTDEC a été précis et très clair. A l’entendre, en 2013, il y a eu un grand débat autour du fichier électoral. Puisque, dit-il, « il y a eu l’épineuse problématique de l’organisation des élections présidentielles, soit sur la base du RACE (Recensement Administratif à Caractère Electoral) fait en 2002, ou soit sur la base des données du RAVEC (Recensement Administratif à Vocation d’Etat Civil), démarré en 2009. Ce dernier instrument était plus fiable pour tenir des élections transparentes ». Selon lui, il faut que les gens comprennent que le RAVEC est une opération permanente. « Un mauvais RAVEC vaut mieux qu’un bon RACE », a déclaré Fousseyni Diarra. «  En 2013, sur la base des révisions des listes électorales en cours, nous avions estimé conclure avec notre partenaire français un marché de 8 000.000 millions de cartes NINA, pour éviter toute insuffisance », a affirmé Diarra. A en croire le patron du CTDEC, à la clôture des opérations du fichier électoral, il a été révélé  que le nombre d’électeurs dépassait largement 6 millions. A cet effet, il a rappelé que les cartes sont classées par régions et stockés pour être retirées dans  les préfectures et les mairies. Il a ensuite noté qu’ «après les élections, il restait 891.000 cartes NINA qui ont été arrondies par les gens à 900.000. Ce sont ces explications que nous avons fournies aux Vérificateurs lors de leur passage. Voilà, comment c’est venu », a-t-il souligné.

« Ensuite, le représentant de la CENI, du CTEDEC et un huissier sont allées en France pour ramener le reste des cartes », a-t-il signalé. Poursuivant son éclairage, il dira qu’en 2015, il y a eu 3 révisions spéciales de la liste électorale. « Même en février 2018, il doit avoir d’autres révisions pour faire enrôler des électeurs », a-t-il annoncé. Aujourd’hui, selon lui, il y a une estimation de 7 500 000 électeurs. Donc, a-t-il expliqué, il faut comprendre que c’est dans ces 900 000 cartes que toutes les personnes enrôlés depuis 2015, ont pris été en compte. A ses dires, suite à une requête de l’opposition, des rapports ont été faits par l’ancien président  de la CENI, et le  DFM du ministère. « De ces 900.000 cartes, il ne restait que moins de 11.000. En son temps, l’actuel Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga  était le ministre de l’Administration territoriale. On a compté ensemble les cartes et on les a scellées dans le magasin. Quiconque peut vérifier ces rapports au niveau du département.  Nous sommes un service technique,  et techniquement, il est difficile de tricher les élections avec cette carte NINA », a-t-il noté. Diarra a également laissé entendre que : « On parle de fraude, c’est à d’autres niveaux. On ne peut pas mettre la photo d’une personne à la place d’une autre. Et le fichier électoral  est établi sur la base des données des cartes NINA ».  Selon lui, les gens devraient surtout éviter de faire l’amalgame. « Cela ne nous fait pas avancer », a-t-il déploré. Pour finir, il a déclaré que : « Ceux qui sont en train de crier sur les toits pour parler de fraude ne sont jamais venus au CTDEC pour savoir comment le circuit de la carte NINA fonctionne et quelle est son efficacité ».

Par Jean Goïta

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