La forêt de critères pour la désignation de 4 membres de l’Autorité indépendante de gestion des élections (Aige) par la classe politique constitue un facteur de blocage. Des discussions ont eu lieu lors de la rencontre tenue au Centre national des Collectivités territoriales ce jeudi 21 juillet 2022. Il a été signalé que sur les 271 partis au Mali, seulement 120 ont envoyé leurs propositions au ministère. L’occasion a été aussi saisie par des partis pour demander la démission de Choguel.
Le choix de 4 membres de l’Autorité indépendante de gestion des élections (Aige) par les animateurs du paysage politique malien ne sera pas de l’eau à boire. L’on se rappelle, à la faveur de la promulgation de la loi électorale votée presqu’à l’unanimité par le CNT, le président de la transition, Assimi Goïta, autorise les partis politiques à désigner 4 personnes devant siéger au sein de l’Autorité indépendante de gestion des élections au Mali. C’est dans cette suite logique que le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Abdoulaye Maïga, a convié les hommes politiques pour leur présenter les grands critères extraits de la kyrielle de propositions faites par la classe politique.
Dans sa présentation du document, le conseiller technique au département en charge de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Brahima Coulibaly, a fait savoir que l’Autorité indépendante de gestion des élections comprend un organe délibérant qui est le collège et un organe exécutif appelé le bureau.
Le choix de 4 membres de l’Aige est de la mer à boire. Pour cause, selon le conseiller Coulibaly, sur un total de 271 partis politiques au Mali, seulement 120, soit 44% ont envoyé des propositions au ministère pour la désignation des représentants de la classe politique. Qu’est-ce qui explique la réticence de ces 151 partis ? Ces partis qui sont restés en marge des propositions dépassent ceux qui se sont attelés à l’exercice. Ils mettent en mal l’inclusivité en la matière.
De la flopée de propositions faite par la classe politique, l’on peut citer la désignation par les partis politiques les plus représentatifs, des partis politiques arrivés en tête des dernières élections. Il y a aussi la désignation sur la base du classement des partis politiques au dernier financement. Sans oublier l’ancienneté, le tirage au sort, l’appel à candidature, le regroupement en 4, 3, 2 partis. Certains partis proposent la désignation suivant l’observation de la loi. Une proposition attribue 2 représentants au Mouvement du 5 juin- Rassemblement des Forces patriotiques (M5-RFP), 1 au Cadre des partis et regroupements politiques pour une transition réussie, et 1 aux autres partis.
Quand Paul Ismaël Boro, président du Rama, parle aussi de la présentation du casier judiciaire pour enquête de moralité, le vice-président du parti Prvm exige qu’on porte la liste des partis qui n’ont pas fait de proposition à la connaissance de tous. Il le demande dans un souci d’inclusivité dans la désignation.
Selon l’orateur du jour, 5 principales options se dégagent de ces modalités. Il s’agit, selon lui, en premier lieu, de la désignation suivant le poids et la représentativité des partis politiques fondée sur plusieurs critères (nombre de conseillers de collectivités élus, le classement suivant les dernières élections, le classement suivant le dernier financement public des partis politiques, la représentation des structures des partis politiques sur l’étendue du territoire national et à l’extérieur, la tenue régulière des instances des partis etc ).
Deuxièmement, il s’agit de la désignation des représentants par les regroupements des partis politiques. Les différents regroupements proposés varient entre 2 et 4. Le troisième point porte sur l’élection des représentants. En quatrième lieu, monsieur Coulibaly parle de la désignation par tirage au sort, et enfin, la désignation par sélection après appel à candidature. Suite à cette présentation, les acteurs politiques ont engagé le débat. Les discussions ont porté sur ces propositions qui ne sont pas du goût de tout le monde. Chaque parti choisit or il est dit que choisir, c’est renoncer au reste.
Les partis sont dans l’embarras du choix à cause de nombreuses modalités de désignation des 4 membres. Aussi pour cette désignation, le temps n’était plus un allié sûr. Car, la date butoir de la communication des noms des représentants était prévue pour ce lundi 25 juillet 2022. Il ne restait que 4 jours pour le faire. Soit ce travail est fait dans la précipitation, soit le ministre procède à une prorogation du délai.
Le départ de Choguel de la Primature exigé
Certains hommes politiques ont profité de cette rencontre pour exiger le départ pur et simple de l’actuel Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga de la Primature. Même si le président de l’Alliance des nationalistes convaincus pour le développement du Mali (Ancd Mali), Alassane Dembélé, trouve que les choses commencent à changer au niveau de l’Administration territoriale, il pense qu’on ne saura réussir l’organisation d’élections transparentes avec l’actuel Premier ministre. Selon lui, un Premier ministre politique influencera les élections. « Est-ce qu’objectivement, la transparence qu’on cherche est possible avec l’actuel Premier ministre ? », a-t-il questionné, avant d’informer que le fonctionnement sur le faux finira par rattraper le Mali.
Pour un certain homme politique répondant au nom de famille Diallo, Choguel ne fait pas l’unanimité. Pour lui, il faut un Premier ministre impartial. De son point de vue, il ne faut pas aller aux élections dont les résultats seront rejetés par la Communauté internationale. De même, Amadou Koïta de PS Yelen kura a exprimé son inquiétude. Pour que la transition permette au Mali d’avoir des institutions fortes, il souhaite une équipe neutre pour la suite de la transition. L’Adema n’est pas restée en marge de cette demande de démission de Choguel.
Le fait que Choguel soit vomi par le Cadre des partis politiques et regroupements politiques ne date pas d’aujourd’hui. S’ils en parlent, c’est pour rafraichir la mémoire des uns et des autres. Dans une déclaration en date du 21 juillet 2022, le Cadre déplore certains propos de Choguel qui selon lui ne siéent pas à un responsable conduisant une transition neutre et consensuelle. De ce fait, le Cadre continue de demander la démission immédiate de Choguel qu’il considère comme un Premier ministre clanique, agissant contre l’esprit de la transition. Les partis qui ont signé cette déclaration sont les suivantes : EPM, Espérance Nouvelle Jigiya Kura, ARP, Nvpm, Asma-CFP, Icap, Yelema, Adrp, Cndr, Parti Mali Emergence et Cvcrt.
A noter que pour terminer la transition dans la sérénité, ces partis demandent au président Assimi Goïta de veiller à ce que la transition soit une période neutre entre tous les acteurs politiques du pays.
Bazoumana KANE