Par la négligence des autorités, les agents ont arrêté la distribution des cartes d’électeurs depuis hier, mardi 3 juillet 2018, en commune V du district de Bamako. Les raisons de cette grève : les agents contestent le montant insignifiant que l’Etat leur paie.
Le régime en place affiche encore sa mauvaise volonté dans la distribution des cartes d’électeurs. Comme si la grève des administrateurs civils (préfets et sous-préfets) ne suffisait pas, ce sont les agents chargés de la distribution des cartes d’électeurs en commune V qui ont décidé d’aller en grève par ce que la somme qui leur a été payée pour une dizaine de journées est insuffisante.
Joint au téléphone par nos soins, un des agents distributeurs à l’école fondamentale de Kalaban-Coura explique les raisons de leur grève et dénonce le sabotage des travaux par les autorités. « Nous avons décidé d’aller en grève pour réclamer nos droits », confie-t-il. Notre interlocuteur révèle toutes les tares du processus de cette distribution des cartes : « Depuis que nous avons commencé la distribution, il y a de cela 11 jours, nous n’avons été payés que le lundi 2 juillet 2018 », explique l’agent chargé de la distribution. Là aussi, ajoute-t-il avec un ton de regret, nous n’avons reçu que 12 390 FCFA chacun.
Or, selon notre interlocuteur, l’Etat a débloqué 5.490.000 FCFA pour le paiement des agents de distribution de la commune V. S’agissant du nombre de distributeurs, il précise : «En commune V, il y a 23 sous-commissions de distribution de cartes. Chaque sous-commission compte 25 membres ». Pour lui, la somme qui leur a été donnée est insignifiante. Pis, les agents ignorent si ces 12390 FCFA constituent leur traitement pour toute la période de la distribution des cartes ou celui des premiers dix jours. Dans tous les deux cas, la somme est inacceptable, selon lui. « Quand le comptable de la mairie de la commune V nous a donné cette somme, nous lui avons demandé si c’était notre dû pour les 10 premiers jours, mais il n’a pu donner aucune réponse », laisse-t-il entendre.
A l’en croire, les responsables de la mairie centrale de la commune V sont de mauvaise foi dans cette affaire. « Ce matin (hier mardi), nous avons envoyé certains de nos membres à la mairie centrale de la commune V pour nous renseigner sur les 12390 FCFA, mais le secrétaire général n’a pas voulu s’exprimer », confie-t-il. Au-delà de la mairie, les agents de la commune V avouent être passés au gouvernorat du district de Bamako. Là aussi, ils ne sont informés que de la grève des administrateurs civils.
Ces grèves en cascades qui interrompent la distribution des outils de vote des maliens joueront sans nul doute sur le taux de participation à l’élection présidentielle et pourront même être les causes de toute contestation des résultats. L’Etat doit tout faire pour que cette grève ne dure.
Dans tous les cas, les agents affirment ne recommencer le travail que lorsqu’ils auront des informations précises et rassurantes sur leur rémunération.
Boureima Guindo