Parmi les électeurs qui se sont rendus dans les centres de vote, nombreux en sont sortis sans glisser leur bulletin dans l’urne. Absence de nom sur la liste électorale, pour certains ; impossible identification du bureau de vote, pour d’autres… Le scrutin a été entaché de dysfonctionnements flagrants, notamment dans les centres de vote de Missira et de Quinzanbougou. En ces lieux, tout allait de travers.
« Finalement, je m’en vais. J’ai autre chose à faire», fulmine la dame A. Touré, la cinquantaine. Il y a 1 heure, elle est arrivée à l’école fondamentale de Missira, transformée en centre de vote. Depuis, « elle tourne en rond », montrant sa carte NINA à qui voudrait bien l’aider. Ici, le manque d’agent pour l’orientation des électeurs constitue la principale faille. Quelques jeunes, mobilisés par des partis politiques, essayent tant bien que mal de combler ce vide. A T. en fait parti. « Je suis là pour aider les électeurs à retrouver leur bureau », affirme-t-il, précisant qu’il fait ce travail au compte du Rpm. « Nous nous servons de nos téléphones portables pour accomplir notre mission. Le crédit est payé par le parti », explique-t-il, une dizaine de feuilles en main, estampillées « mandat ». « Ce mandat nous donne accès à tous les bureaux de vote ». A T est du quartier. Ces camarades, eux aussi « recrutés pour la même cause » font la navette entre leur « chef » et les bureaux de vote. Ils viennent très souvent lui demander une copie du « fameux mandat ». Pourquoi et pour qui ? Aucune réponse.
«Nous aidons nos parents à retrouver leur bureau », affirme cet autre « agent d’orientation ». Il se nomme Seydou et a été engagé par l’Adema-pasj. « Sans nous, beaucoup de personnes iront à la maison sans pouvoir voter », indique notre interlocuteur. Et soudain, il va à la rencontre de Mariam Dramé, électrice qui peine à retrouver son bureau. « Je ne comprends rien ici », se lamente Mme Dramé. Plus compliqué ! Elle n’a pas son nom sur la liste électorale, « pourtant j’ai voté ici lors des dernières législatives ».
Les électeurs qui ont identifié, sans peiner, leur bureau se compte sur le bout des doigts. Raison pour laquelle, « il n’y pas de file d’attente devant les bureaux », analyse Abdrahamane, un enseignant venu accomplir son devoir civique.
« L’organisation a été bâclée», lâche Mandjou Fofana, candidat en lice en commune II. Selon lui, l’organisation de ce scrutin est la plus mauvaise de tous les temps. « Allez-y voir à Niaréla. À 11 heures, certains bureaux de vote ne sont pas encore ouverts », révèle-t-il.
Le centre de Missira est l’un des plus grands de la commune II qui compte 206484 électeurs repartis entre 236 bureaux de vote. Nous n’avons pu rencontrer le coordinateur qui, selon un agent électoral, est « en perpétuel mouvement pour s’assurer du bon déroulement du scrutin ».
A l’école fondamentale de Quinzanbougou, un autre centre de vote, l’affluence est également timide. Toute personne qui se présente doit montrer sa carte NINA pour accéder à la cours dont l’entrée est surveillée par deux agents (un gendarme en arme et un policier).
L’organisation y est aussi scabreuse. Des électeurs qui ne savent où aller, plus de monde devant les tableaux d’affichage des listes électorales que les bureaux de vote… « C’est le fiasco ! », s’exclame un électeur qui souligne certains bureaux n’ont reçu leur urne qu’après 10 heures.
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Commune III
Des failles dans l’organisation
Contrairement aux élections précédentes, l’ambiance n’était pas à la hauteur de l’évènement. Dans les différents centres de vote de la commune III, le constat était le même : faible participation, des électeurs qui trainent à la recherche de leur bureau de vote…
En commune III, ils étaient 21 listes en compétition pour la mairie. Le scrutin, qui s’est déroulé dans une atmosphère relativement calme, a suscité peu d’engouement chez les électeurs.
Dans le centre de vote Mamadou Konaté, placé sous haute surveillance des agents de sécurité, les bureaux ont effectivement ouvert à 8 heures. Les agents électoraux étaient également sur place.
Cependant, à notre passage, la majorité des 6524 électeurs (repartis entre 14 bureaux de vote) se faisaient encore attendre. Ainsi, plusieurs agents électoraux étaient concentrés sur leurs téléphones. D’autres, pour se détendre, ont formé des petits groupes autour du thé.
Pour le président du centre, Issoufou Diakité, tout se passe à merveille : « Tout était déjà en place à 8 h. Les électeurs viennent petit à petit et on n’a aucun problème au niveau la sécurité. Mais, on a eu un léger problème avec la machine qui oriente les électeurs vers leur bureau de vote… », Affirme-t-il.
En plus de cela, plusieurs électeurs, après des heures de recherche ne savaient plus à quel saint se vouer. « A mon arrivée, j’ai d’abord vérifié le numéro de mon bureau sur la machine. On m’a indiqué là où je devais vote. Et une fois là-bas, on m’a appris que mon nom n’est pas sur la liste. Maintenant, je suis obligée de faire le tour de tout le centre pour retrouver mon bureau », regrette Oumou Kané.
Autre lieu: le centre de vote Awa Keïta de Ouolofobougou. Ici, il y a 6 bureaux de vote et près de 500 électeurs sur la liste. L’atmosphère était très tendue entre différents délègues qui cherchaient à influencer des vieilles personnes à la recherche de leur salle.
Selon le président du centre, Yoro Diallo, malgré le retard accusé pour l’ouverture des bureaux, les choses se déroulent normalement. « C’est à 10 heures qu’on a pu finir l’installation. Ce retard est essentiellement dû à l’inexpérience de nos agents électoraux. Sur les 6 bureaux, un seul a pu se débrouiller… », a-t-il indiqué.
Sur place, plusieurs jeunes se baladaient avec 2 ou 3 cartes Nina pour « aider leur propriétaire à retrouver leur salle ». Cela, malgré la mise en garde des forces de l’ordre. Egalement, quelques-uns, à force de rechercher leur salle, ont renoncé au vote. Tel est le cas de ce jeune homme qui dit : «je ne vote plus, je suis fatigué de chercher…».
On peut affirmer que les défaillances au niveau de l’organisation ont découragé le peu de citoyens qui souhaitaient accomplir leur devoir civique.
Mohamed Sylla
Communales en IV
Les électeurs boudent les urnes
Les électeurs ont boudé les urnes en commune IV du district de Bamako, où il y avait 25 listes en compétitions. Dans les centres de vote que nous avons sillonné, le constat est quasiment le même : électeurs absents, difficultés pour les électeurs de retrouver leur bureau de vote, panne informatique…
Samedi 20 novembre 2016. L’atmosphère était morose dans les principaux centres de vote de la commune IV. Un constant qui augure un faible taux de participation.
A notre passage au centre de vote Hamdallaye Plateau, l’affluence n’était pas au rendez- vous. Ce centre de vote compte 2318 électeurs inscrits, répartis entre cinq bureaux de vote. Selon le coordinateur du centre, Marabat Ana Gueye, l’affluence de ce scrutin est très timide par rapport à celle des scrutins antérieurs, « les gens viennent au compte-gouttes ». Le président du bureau N°4, Siaka Camara, n’a enregistré (8heures à 10h) que 16 votants sur 463 inscrits. À Hamdallaye marché, un autre centre de vote, le même constat. Ce centre compte 28 383 électeurs inscrits, répartis entre 59 bureaux de vote. En termes d’organisation technique et matérielle, des difficultés sont à signaler : beaucoup d’électeurs ne retrouvent pas leurs noms sur les listes électorales ou c’est l’ordinateur qui donne des informations erronées sur le bureau de vote. Ces désagréments découragent beaucoup d’électeurs comme Adama Touré, électeur rencontré au centre Hamdallaye Plateau. « Je suis fatigué d’être trimbalé partout, ça suffit, je rentre chez moi. »
Aux dire du coordinateur du centre, Souleymane Kanouté, techniquement tout est fin prêt, mais l’affluence reste très morose. « Depuis le démarrage du vote, il n y a aucun bureau de vote qui a enregistré 100 votants, les gens ne viennent pas » a-t-il souligné. Idem au centre Mamadou Sarr de Lafiabougou qui compte 12 bureaux de vote pour 50 62 inscrits. Pour le président du bureau n°12, Gaoussou Konaté, l’affluence de ce scrutin est liée en grande partie aux candidats en lice, « les gens ne les connaissent pas ».
Ce climat de morosité prévaut dans tous les centres de vote de la commune. Au centre de l’Ecole du Fleuve de Djicoroni Para, jusqu’à 11h encore certains bureaux (N°010, 11 et 12) n’ont pas enregistré plus de 20 votants sur plus de 400 électeurs inscrits par bureau.
Les électeurs se sont fait désirer et les agents électoraux font la causette.
Au centre de vote Aminata Diop de Lafiabougou, l’un des plus grands centres de la commune avec ses 80 bureau de vote et plus de 38 404 inscrits, c’est le même scénario. On remarque plus de curieux que d’électeurs
Mémé Sanogo