Le 28 janvier 2015, le conseil des ministres a adopté une communication écrite sur la tenue des élections communales et régionales, dont le coût est estimé à plus de 18 milliards de F CFA.
Selon le communiqué du conseil des ministres, le chronogramme prévoit une procédure. Il s’agit de l’organisation de cadres de concertations entre le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation et les présidents des partis politiques, les organisations de la société civile et les partenaires techniques et financiers ; la mise à jour du fichier électoral biométrique à travers l’organisation d’opérations de révision exceptionnelle des listes électorales en application de l’article 39 de la loi électorale, la gestion des cartes Nina et des candidatures… le retour de l’administration dans les circonscriptions administratives et dans les collectivités territoriales des régions du Nord du Mali, la sécurisation des opérations électorales, la participation des réfugiés et des déplacés au processus électoral.
Le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Abdoulaye Idrissa Maïga, a déjà échangé avec les organisations de la société civile et la classe politique au gouvernorat du district de Bamako.
Pour des élections crédibles et transparentes, l’administration a, depuis lundi, lancé une opération de révision exceptionnelle des listes électorales qui prendra fin le 20 février 2015. Les résultats seront travaillés par l’administration centrale avant de procéder à l’impression des cartes d’électeurs, dont la distribution sera assurément une autre paire de manches.
Confusion sur le processus de paix
Depuis le précédent round des pourparlers d’Alger, en décembre 2014, la situation sécuritaire s’est détériorée avec des affrontements entre mouvements armés et les attaques contre les positions de l’armée malienne ou de la Minusma. Cette dernière a récemment fait les frais de l’antagonisme entre groupes armés qui l’accusent de manque de neutralité. Au point qu’une manifestation des populations contre la mission onusienne a fait 3 morts et 17 blessés le 27 janvier 2015 à Gao.
Mercredi, dans la localité de Tabankort, les combats ont repris entre les groupes armés de la Plateforme et ceux de la Coordination. C’est à Tabrichat, située entre Tabankort et Tarkint, que les combats font rage. Ils se sont déplacés ensuite vers le Nord-ouest de Tabankort.
Selon le Gatia, le groupe d’auto-défense touareg, toutes les positions précédemment occupées par le MNLA et ses alliés dans cette zone sont sous son contrôle. Ce que dément la Coordination des mouvements armés, qui dit avoir repoussé toutes les attaques menées contre ses positions.
Ces affrontements ont créé une crise de confiance entre la force onusienne et les groupes armés, qui sont depuis hier, à Alger pour une réunion extraordinaire sur la situation sécuritaire dans la région. Les événements ont affecté les canaux diplomatiques entre le gouvernement et les protagonistes qui évoluent à pas de caméléon pour ne pas dire qu’ils peinent à déboucher sur la signature d’un accord de paix définitif.
Les deux parties doivent signer un accord de paix pour accélérer le processus d’organisation des élections. Après la signature d’un accord, il va falloir prendre un certain nombre de textes de loi qui ne manqueront pas de bouleverser le paysage institutionnel du Mali. Certaines dispositions du nouvel accord auront, à n’en pas douter, des incidences directes sur les communales et les régionales.
Il y a aussi la question cruciale du retour des réfugiés et des déplacés, devenu incertain avec le climat d’insécurité qui règne présentement dans plusieurs localités où des citoyens sont dépossédés de leurs véhicules ou de leurs motos par des individus armés.
De nombreux obstacles se dressent sur le chemin des élections libres et transparentes sur l’étendue du territoire national à la date du 26 avril 2015. L’hypothèse d’organiser les élections dans les autres régions peut être explorée par le gouvernement, mais elle pourrait être utilisée par ceux qui veulent la division de notre pays comme une volonté de marginaliser davantage cette partie du territoire national.
Bréhima Sogoba