Le scrutin du dimanche prochain risque d’être entaché par des irrégularités en faveur du parti au pouvoir le Rassemblement pour le Mali (RPM). C’est l’inquiétude exprimée hier par les partis de l’opposition qui ont animé hier une conférence de presse pour dénoncer « des spécimens pré-votés ».
Les municipales de ce dimanche qui devraient en principe aider notre pays à sortir de la crise multidimensionnelle qu’il traverse depuis 2012, s’annoncent chaudes. A la faveur d’une conférence de presse tenue hier, les partis de l’opposition ont dénoncé des irrégularités sur le terrain.
Selon les conférenciers, ils ont constaté que des spécimens de bulletins autres que ceux délivrés par l’administration ainsi que des bulletins de vote ont été découverts dans plusieurs circonscriptions électorales du pays notamment à Dioïla, dans les communes IV, V et VI de Bamako. « Cette situation est une grave atteinte à la transparence et la sincérité du scrutin et risque de compromettre dangereusement le bon déroulement du scrutin du 20 novembre 2016 », a accusé le vice-président de l’URD Me Boubacar Karamoko Coulibaly.
Par ailleurs, en commune II du district de Bamako, l’opposition a attesté que la liste des présidents de bureau de vote et des assesseurs comporte uniquement les jeunes de l’alliance RPM-CODEM. Toute chose qui affecte également la transparence et la sincérité du scrutin dans cette localité. Plusieurs circonscriptions sont concernées par cette situation. « C’est tout simplement pour vous dire qu’une fraude généralisée se prépare en faveur du parti au pouvoir, le RPM, lequel dans sa furie de s’accaparer de tout vaille que vaille n’hésite même pas à piétiner ses propres partenaires… »
« En plus du Premier ministre qui s’est engagé à nous informer de la suite de notre sollicitation, nous avons également saisi la CENI et certains partenaires du Mali, fort du rôle capital qu’ils jouent dans le processus électoral, afin que chacun, en ce qui le concerne, puisse œuvrer pour que ce processus presque compromis par endroit par une crise sécuritaire inquiétante, soit transparent et sincère », a expliqué Me. Coulibaly.
L’opposition a ajouté que la campagne électorale a été lancée sur fond d’insécurité généralisée sur presque toute l’étendue du territoire. « Cette situation, loin d’être maîtrisée par le gouvernement, est profondément préoccupante. Les populations, appelées à se déplacer pour battre campagne, sont partagées entre angoisse, peur et désolation face à l’impuissance d’un gouvernement qui navigue à vue. Hier, le directeur de campagne de la liste PSP de Douentza a été assassiné alors qu’il était en campagne. Avant hier mardi, un militant de l’URD, ami du député URD Amadou Maïga élu à Douentza, a été assassiné à Douentza. Les populations sont de plus en plus inquiètes et le gouvernement ne rassure pas. C’est pourquoi, tout tripatouillage du scrutin risque d’aggraver inutilement les crises qui secouent notre pays dont certaines perdurent par l’incompétence et l’amateurisme du régime en place… »
Bréhima Sogoba