Le Parena est formel : le gouvernement a programmé les élections communales pour permettre au Rpm, parti au pouvoir, de contrôler les mairies du pays. Ce, au prix de tripatouillage juridiques. Le plus écœurant, c’est que Ibrahim Boubacar Keïta, président de la République et non moins garant de la cohésion nationale, participe activement, à travers des cérémonies improvisées, à ce parti-pris flagrant. La preuve.
Le parti du bélier blanc est préoccupé aussi bien par l’organisation des élections communales que le contexte dans lequel elles se tiendront. Les cadres du parti, Djiguiba Keïta, secrétaire politique ; Seydou Cissé et Dangé Diarra, respectivement tête de liste en commune V et VI, ont porté, le mardi dernier, ces préoccupations à l’attention des hommes de médias. C’était à la faveur d’une conférence de presse, tenue au siège du parti.
Les Maliens sont invités aux urnes le 20 novembre pour élire les maires des communes et leurs conseillers communaux. Le contexte ne s’y prête pas. C’est du moins l’avis du Parena qui, à titre d’exemple, cite l’assassinat, entre le 7 et le 9 novembre, de trois chefs de villages dans les cercles de Djenné, Youwarou et Rharous. S’y ajoute le fait que sur les 15 communes du cercle de Mopti, il n’y a pas d’administration dans les communes rurales de Dialloubé, Ouro-Modi, Salsalbé , Koubaye et Soye.
Outre que l’insécurité et l’absence de l’État, le Parena est consterné par les derniers actes posés par le gouvernement de la République dans le cadre de la tenue de ces communales.
Selon Djiguiba Keïta, on ne sait plus quelle loi régit ces élections. En effet, dans une lettre datée du 14 novembre, le ministre de l’administration territoriale a informé les partis politiques que « l’organisation des communales se poursuivra sur la base de la loi n°06-044 du 4 septembre 2006 modifiée par la loi n°2011-085 du 30 décembre 2011, la loi n°2013-017 du 21 mai 2013 et la loi n°2014-054 du 14 octobre 2014 ».
Le Parena est très surpris par cette annonce qui, selon M. Keïta, « tire un trait sur la nouvelle loi électorale promulguée le 17 octobre 2016 » dont l’article 210 (nouveau) abroge toutes dispositions antérieures contraires.
Comment une loi abrogée, le 17 octobre peut être exhumée le 14 novembre et régir la suite du scrutin communal ? Comment peut-on mettre entre parenthèses une loi validée par la cour constitutionnelle et promulguée par le président de la République ? Est-on devenu une République bananière ? Sommes-nous en République très très démocratique du Gondwana où la loi est piétinée en fonction des humeurs et du bon vouloir du prince ? S’interroge le Parena.
Pour Djiguiba Keïta, il n’y a plus de doute : «L’amateurisme et l’incompétence du gouvernement, son mépris du droit et du peuple malien ont atteint un seuil intolérable ».
Cette confusion juridique n’est qu’une des caractéristiques de l’organisation de ces communales qui font aussi l’objet d’une manipulation politique. À peine voilée.
S’agissant de l’organisation, le Parena révèle que les spécimens de bulletins de vote, qui auraient dû être mis à la disposition des partis avant l’ouverture de la campagne, n’ont été distribués que cinq jours après. Comme si ce retard ne suffisait pas, les spécimens produits comportent de nombreuses erreurs d’imprimerie, notamment l’omission de logos et de noms de certains partis. « Réalisés par onze imprimeries différentes, les spécimens comme sans doute les bulletins ne sont pas uniformes. Ils comportent des disparités visibles d’une circonscription à l’autre », a déclaré Djiguiba Keïta.
Plus scandaleux. L’attribution du marché des spécimens et des bulletins a été coordonnée par un cadre qui est aujourd’hui membre du bureau politique national du Rpm. Aussi, « la traçabilité du bulletin unique est sujette à caution : réalisé dans onze imprimeries différentes, le bulletin unique n’est pas à l’abri de duplication pour un vote frauduleux pré-arrangé », dénonce PPR.
La Rédaction