Dépourvues de toute emprise sur la stabilité et la sécurité dans le pays, les hautes autorités maliennes ont opté quand même pour la rupture avec le vide politique dans les collectivités, quitte à s’y prendre avec une solution assez superficielle et partielle pour ne pas résoudre l’équation. Et pour cause, les acteurs de la scène politique malienne, insécurité oblige, n’ont aucune possibilité d’atteindre le corps électoral dans certaines parties du pays, même là où les populations ont pu résister à la peur et à la tentation de prendre le chemin de l’exil. On ne parle même pas de liberté de mouvement : pour les citoyens de pouvoir librement exprimer leurs suffrages et l’administration de pouvoir déplacer en toute sécurité et transparence le matériel électoral, etc. Pour combler toutes ces lacunes, qui sont à l’origine des reports successifs des joutes communales, le palliatif tout trouvé aura été de contourner les obstacles là où ils règnent en maîtres indomptables, mais en foulant aux pieds le sens de toute solidarité nationale : celle dont une partie du peuple est redevable à une autre frange contrainte d’accepter une gouvernance politique par intérim, au nom d’un Accord avec la rébellion.
C’est en dépit de ce rythme démocratique à deux vitesses que les protagonistes du jeu politique ont largué les amarres d’une compétition dont les règles sont à peine connues : un collège électoral convoqué sur la base d’une loi quasi-désuète et des listes électorales adaptées aux dispositions d’une autre loi suspendue à l’arbitrage des juges constitutionnels.
Les protagonistes sont en définitive littéralement partagés entre scepticisme sur le respect du rendez-vous et crainte d’être laissés sur le carreau. Ainsi, qu’il s’agit du nord, du centre ou du sud, les listes électorales ont afflué sur la table de l’administration un peu partout. C’est du moins le cas dans la plupart des grands centres urbains où les partis politiques, en alliance ou individuellement, tout comme des candidats indépendants, se sont lancés dans la course.
En commune V où un duo RPM-ADP avaient décroché les dernières législatives, 26 listes sont en compétition pour ces communales. Avec le retrait du député Mamadou Thiam de la majorité présidentielle, la tête de liste Amadou Ouattara, candidat du parti au pouvoir, croisera le fer avec l’allié d’hier ainsi qu’avec le PASJ où le Mme Katilé a été préférée au maire sortant Boubacar Bah ‘’Bill’’, sans oublier l’Urd conduite par l’ancien candidat aux législatives partielles Boubou Diallo et l’alliance Asma-Yéléma . Comme en commune V, la maire sortante de la Commune I du District ne sera pas de la course. En liste propre, son parti y va avec un vieux conseiller du nom de Apha Z. Doumbia, tandis que le RPM, en alliance avec l’ADP-Maliba, convoite le fauteuil de Mme Konté par Mamadou B. Keita. Dans la même commune, le duo Codem –Asma, sous la houlette de Nama Sow, pourrait figurer au nombre des sérieux prétendants au poste de maire ainsi qu’à la majorité municipale sur les 28 listes en compétition.
A l’instar des communes V et I, le maire sortant de la commune IV, Siriman Bathily, n’a pas été retenu par la majorité communale sortante de Yéléma. Les camarades de Moussa Mara lui ont préféré un certain Berthé de Hamadallaye, lequel fera face à une liste Rpm conduite par Boubacar Niaré de Sénikoro et celle de l’Adéma emmenée par Awa Traoré de Lafiabougou, entre autres prétendants éparpillés sur un total de 26 listes. En Commune III, le maire sortant Kader Sidibé se positionne certainement pour le District. Sa succession est par conséquent tout aussi ouverte qu’en commune II où le maire Youssouf Coulibaly se trouve dans une situation similaire. Dans la première collectivité, 21 listes de candidatures convoitent le contrôle de la municipalité centrale de Bamako, au nombre desquelles figurent celles du parti au pouvoir dirigée par le conseiller sortant Kassim Touré, de l’Adéma-PASJ par Mme Djiré Mariam Diallo, de l’opposition (Urd-Parena) menée par l’ancien candidat à la députation, Mamadou Samaké. On peut y ajouter également le duo Jamaa- Fare conduit par Moriba Dabo alias Morris, un autre candidat malheureux aux législatives de 2013. Une autre liste y fait figure d’épouvantail. Il s’agit de l’alliance Cnid-PS Yelen Kura-PDES-Asma-Codem menée par Mamadou Kansaye.
Sur les 11 listes de la commune II, le contrôle de la mairie va se disputer entre le conseiller sortant Baladji Touré du PASJ, Abba Niaré du puissant duo RPM-Codem, puis Alassane Touré pour le compte du redoutable quatuor Urd-Jamaa-Fare-Parena
La commun VI se singularise, quant à elle, par le fait d’être la seule municipalité du District où le président du conseil sortant, Souleymane Dagnon, rempile. Pour ce faire, le candidat de l’Adema-PASJ devra croiser le fer avec Baba Sanou du RPM et le conseiller sortant Adama Doumbia de l’UMPC-UFDP. Comme le PASJ et le RPM (avec deux listes indépendantes sorties de ses flancs), l’Urd défendra ses couleurs en liste propre par M. Coulibaly.
A l’instar de la majorité des communes du district, la tendance est au remerciement des anciens maires dans la plupart des municipalités urbaines de l’intérieur. A Gao, les listes de l’Adéma, le RPM, l’Asma et le PDES, sont respectivement conduits par les chefs de file Ben Maouloud, Vieux Farka, Yacouba Maïga puis le maire Sadou Diallo. Mais en commune urbaine de Mopti, en revanche, le maire Bathily de l’Asma n’est pas candidat à sa succession. Et, hormis l’Urd en liste propre avec Garba Samassékou, toutes les grandes formations vont alliance. On note par exemple Adema-Yelema avec Issa Kanssaye, tandis que le Rpm dirige une combinaison à 8 huit conduite par Sanoussi Niantao.
A Kayes également où 16 listes sont en compétition, au maire sortant Abdoulaye Camara, le PASJ a préféré son secrétaire politique Sékou Diarrade comme tête de la liste ‘’Adéma-Urd-Yéléma’’, tandis que le porte-étendard du Rpm est un revenant, l’ancien maire Adama Guindo en l’occurrence.
Dans la Cité du Kénédougou aussi c’est exit le maire sortant Mamadou Tangara. La succession est ainsi ouverte à Sikasso où on retient la candidature fulgurante de l’ancien Pdg de la CMDT, Kalifa Sanogo, pour le compte du PASJ en alliance avec l’Asma. Quant au Rpm, famille politique du maire déposé, il a choisi d’aligner un célèbre transporteur de la zone répondant au nom de Koné.
La commune urbaine de Tombouctou se singularise également par la résistance de son maire sortant de l’Adéma, Hallé Ousmane, en alliance de circonstance avec l’opposition (Urd). Le créneau de l’alliance est également l’option du Rpm, qui chemine avec l’Umrda avec comme tête de liste le président du conseil de cercle Aboubacrine Cissé. Idem pour le duo Apr-Pdes, tandis que les partis Codem et Jamaa ont opté pour des listes propres dans la Cité des 333 Saints. Les alliances de circonstance se rencontrent aussi dans la commune urbaine de Goundam l’ancien ministre Oumar Touré fait alliance avec l’Urd, son ancien parti en vue de faire échec à la maire sortante démissionnaire de ce parti, Seck Oumou Sall.
Faut-il par ailleurs mentionner que toutes combinaisons se déroulent dans une ambiance faite de flou total sur les instruments électoraux. Les protagonistes, après la publication des listes, ne savent même pas quelles dispositions légales prendre en compte dans la formulation de leurs recours contre telle ou telle liste. En cas de validation de la nouvelle, l’ancienne sera caduque et pourraient rendre en même temps caduques toutes les réserves introduits sur la base des dispositions de la loi ayant permis de convoquer le collège électoral.
A KEÏTA
C’est vraiment un État caractérisé par l’amateurisme et l’improvisation. La loi électorale modifiée, celle adoptée pas promulguée à la date de publication des listes de candidatures. Une république bananière.
Pour respecter le peuple, il faut que chaque parti se presente seul: cela permettra de connaitre le poids réel de chaque postulant
L’UNION FAIT LA FORCE
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