Les scandales financiers se suivent, mais ne se ressemblent pas au Mali. A peine qu’une alerte d’escroquerie financière au sujet du soi-disant dédommagement d’un opérateur économique ressortissant du nord consécutive à la crise du nord de 2012 vient d’être donnée par le syndicat autonome de la magistrature (SAM) qu’un autre scandale, vient de se faire jour. En effet cette dénonciation du SAM, est liée à la décision du gouvernement de procéder à la rétention des salaires des magistrats à partir de fin septembre 2018. Suite à cette colère, le président de ce syndicat a dit qu’une somme de 3,5 milliards F CFA a été offerte de façon occulte et sans consultation à un entrepreneur du nord faisant parti de ‘’ma famille d’abord’’. Le SAM trouve qu’il y a eu une violation des règles élémentaires applicables en la matière et exige que toute la lumière soit faite sur cette sulfureuse affaire. A peine cette affaire sur la table que les membres de la CNI (Commission Electorale Nationale, Indépendante) mis sous pression par le même ministre des Finances Boubou Cissé, viennent de lui adresser également une mise en garde et menacent de tout dévoiler sur les résultats de l’élection présidentielle. Voici ce que notre confrère du journal hebdomadaire le ‘’Témoin’’ dans sa parution n°201 du lundi 15 octobre 2018 vient d’écrire sur le sujet en ces termes :« Le contentieux entre le ministre des Finances Boubou Cissé et la Commission Electorale Nationale Indépendante est en passe de prendre les mêmes proportions que celui des magistrats. Serait-ce parce qu’ils tiennent au même nerf de la guerre ? Comme le SAM et le SYLIMA, l’hôtel des finances est opposé à la Céni pour une question d’argent, en l’occurrence le déblocage des proportions de ressources pour la bonne marche de la supervision électorale. Pour étouffer dans l’œuf les prétentions financières de la commission électorale, l’hôtel des finances aura usé de tous les moyens de coercition. Après la rétention budgétaire contrariée par les instructions au plus haut niveau de l’Etat, il a tenté une vengeance voir un chantage en procédant à un audit sur un budget à peine exécuté. Mais la Céni dont certains membres s’estiment lâchés par les hautes autorités n’à point l’intention de croiser les bras devant les assauts du ministre Boubou Cissé, ils entendent mettre dans ses petits souliers le gardien de la tontine familiale. Plusieurs de ses membres ont haussé le ton et les langues commencent à se remuer par rapport à la réalité del’élection présidentielle. D’aucuns estiment, en clair, que si un audit peut intervenir avant la fin de la mission, rien ne devrait empêcher d’ébruiter le contenu du rapport de la Céni avec notamment des déballages sur les graves irrégularités ayant émaillé l’élection du président de la République. C’est cette fâcheuse réaction que leur inspire l’indifférence de l’Etat face à l’attitude de Boubou Cissé, y compris chez des membres qui siègent pour le compte de la majorité.
Alors, après cette dénonciation, qui peut dire que les élections présidentielles se sont passées dans les règles de l’art ? Et si les différents observateurs des élections ou plutôt les « touristes électoraux » étaient mis au courant de cette révélation, que vont-ils dire à la Commission de l’Union Africaine, de l’Union Européenne, ou de la Commission de la CEDEAO ? Décidément, l’Afrique a beaucoup d’étapes à franchir pour atteindre les normes démocratiques normalement admises. Nous conseillons au ministre Boubou Cissé d’aller doucement contre une CENI, habituée depuis 1997 à gérer des fonds , au moment où Maitre Kassim Tapo s’était tapé 21 milliards comme enveloppe nécessaire à la CENI pour assurer la transparence des élections. L’actuelle CENI ne fait pas exception à la gabegie dans la gestion des fonds publics, à elle confiée. Il sera plus sage pour Boubou Cissé de fermer les yeux sur une telle opacité, que de laisser la CENI dévoiler les fraudes qui ont donné un deuxième mandat à IBK, sinon le complot ourdi et exécuté lors de l’élection présidentielle de juillet et août 2018, va se savoir. IBK va-t-il laisser ce déballage se faire, surtout que dans les rapports officieux au niveau des Nations-Unies, on sait qu’il n’avait pas gagné les dites élections.
Badou S. KOBA