Bilan d’une élection que tout prédisait déjà chaotique : La démocratie malienne encore entachée d’un autre ruban noir

Bon nombre d’observateurs de la scène politique nationale avaient tiré la sonnette d’alarme en demandant un énième report des élections communales.

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Municipales au Mali: problèmes logistiques, sécuritaires, et faible participation
Un électeur vote dans un bureau de Bamako, le 20 novembre 2016. © REUTERS/Adama Diarra

Bon nombre d’observateurs de la scène politique nationale avaient tiré la sonnette d’alarme en demandant un énième report des élections communales. Les raisons avancées par les opposants étaient d’ordre sécuritaire, organisationnel et territorial. Mais, le Gouvernement avait estimé qu’après plusieurs reports, qu’il était de son devoir de les organiser pour élire à la tête de certaines collectivités du Mali des autorités légitimes, surtout après plus de deux ans de la fin constitutionnelle de leur mandat. L’initiative était bonne si toutes les conditions étaient réunies ou si les défis majeurs étaient relevés. Le Gouvernement a-t-il réussi son pari ? Quel  bilan pourrait-on dresser  de ces communales ?

Pour rappel, votre journal  dans sa parution du lundi 07 novembre 2016, avait déjà suggéré   au gouvernement, s’il ne voudrait pas gérer des conflits post électoraux, de relever quatre défis majeurs, à savoir la sécurité, la bonne organisation, la sensibilisation pour un bon taux de participation et l’acceptation des résultats à travers une gestion transparente du processus. Mais après les élections, le constat est alarmant.

Sur le plan sécuritaire, le scrutin du 20 novembre a été endeuillé par la mort d’au moins 6 soldats maliens, des urnes et isoloirs brûlés, des agents électoraux dans certaines communes agressés. Dans d’autres communes, des hommes en armes ont empêché la tenue du scrutin qu’ils ont d’ailleurs qualifié de farce et de provocation. Cette insécurité a beaucoup plus concerné le nord,  le centre et dans une moindre mesure le sud.

Sur le plan organisationnel,  si dans plusieurs localités les bureaux de vote ont été ouverts à temps avec le matériel électoral au complet, il est à signaler qu’un nombre important d’électeurs n’ont pas pu accomplir leur devoir civique parce qu’ils n’ont pas trouvé leurs noms sur la liste électorale. D’autres ont été confrontés à la multiplication des bureaux de vote éloignant du coup  le centre de vote aux électeurs. A tous ces couacs, il faudrait ajouter l’inexpérience de certains présidents et assesseurs qui n’ont pas su remplir les procès- verbaux.

Sur le taux de participation, ces élections communales ont battu le record de la non-participation des électeurs qui ont préféré vaquer à leurs occupations quotidiennes plutôt que d’aller voter pour des gens qui ne sont pas dignes de confiance. Beaucoup se sont dits déçus par les autorités actuelles pour lesquelles ils se sont mobilisés en 2013 en les portant au pouvoir  pour le changement. Sous d’autres tropiques, ces élus seront tout simplement illégitimes.

Sur le plan de la transparence,  ces élections communales seraient les deuxièmes élections les moins transparentes depuis l’avènement de la démocratie au Mali,  après celles de 1997 sous AOK. Des voix se sont élevées pour dénoncer avec preuves la création des bureaux de vote fictifs, le bourrage d’urnes et la falsification des résultats. Ces pratiques d’une autre époque n’honorent guère notre démocratie pourtant citée en exemple dans la sous-région.

En définitive, annoncées pour être le premier pas de géant pour une sortie de crise, ces élections communales semblent plutôt exacerber la tension politique et créer des conflits dont nul ne peut prédire l’issue. Le Gouvernement qui en est responsable doit tirer toutes les conséquences et rendre le tablier.

Youssouf Sissoko

youssouf@journalinfosept.com

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