À la veille de l’ouverture de la campagne électorale pour l’élection des conseillers communaux, l’opposition républicaine était face à la presse pour s’exprimer sur les grands défis qui se posent à notre pays depuis les événements de mars 2012, notamment l’installation des autorités intérimaires en catimini à l’exclusion de toutes les forces vives du pays ; l’insécurité permanente sur toute l’étendue du territoire ; la nouvelle loi électorale et l’imbroglio juridico-administratif autour des élections communales.
C’était le jeudi dernier à la Maison de la Presse. La conférence était animée par Tiéblé Dramé, président du Parena. Plusieurs personnalités de l’opposition étaient également présentes.
Pour le président du Parena, le pays va mal. «En ce début de novembre, à l’exception notable de ceux qui nous dirigent et qui sont coupés des dures réalités que vivent les Maliens, tout le monde convient que le Mali va mal, très mal, que la situation du pays est de plus en plus intenable, tant les populations souffrent, tant les jeunes ont de plus en plus du mal à trouver un emploi, tant les chefs de ménages triment pour joindre les deux bouts, pour nourrir leurs familles, tant l’insécurité galopante n’épargne aucune région de notre pays. En ce début de novembre, notre peuple vit dans la psychose de l’insécurité, dans l’inquiétude de la partition rampante du territoire national. L’intégrité du territoire est chaque jour démantelée», a-t-il déclaré.
Selon lui, la réconciliation nationale et la réunification du pays sont renvoyées aux calendes grecques. «Avec l’installation prochaine des “Autorités intérimaires” et la tenue programmée des élections communales, c’est un pays à deux vitesses qui se met en place du fait de l’incompétence et de l’incurie des pouvoirs publics».
Aux dires de Dramé, la composition des “Autorités intérimaires” ne tient compte d’aucun principe d’équité. Elle fait fi des causes du soulèvement de Gao (juillet 2016) et des promesses faites aux forces vives de cette localité au nom du Gouvernement par la délégation ministérielle. Le calendrier d’installation ne semble tenir compte ni des causes immédiates de la guerre civile de Kidal (juillet, août et septembre), à savoir la présidence de l’Autorité intérimaire de cette région, ni des vagues de protestations que le décret a suscitées au sein de certains groupes armés.
Pour l’opposition, le moment n’est pas propice pour organiser des élections communales au Mali. Elle dénonce par ailleurs l’application de deux lois électorales, celle du 14 octobre 2014 et celle promulguée le 17 octobre 2016 par le président de la République. Pour Dramé, «c’est en violation flagrante du Protocole de la Cédéao sur la démocratie et la bonne gouvernance que le Président de la République a promulgué la nouvelle loi». Par conséquent, l’opposition menace donc de saisir la Cour de Justice de la Cédéao pour dire le droit communautaire sur cette affaire.
Oumou Traoré (stagiaire)