La raison essentielle ayant motivé le report des élections, donc la prolongation de la Transition, était la dégradation du climat sécuritaire. Ce qui n’est plus le cas depuis plusieurs mois.
En vue du rétablissement de son entière souveraineté sur l’ensemble de son territoire, l’Etat du Mali a dû engager une phase de stabilisation de sa présence effective, après la récente reconquête euphorique de la région de Kidal.
La date du 14 novembre 2023 sera marquée d’une pierre blanche dans l’histoire politique du Mali moderne, car elle aura consacré le retour définitif de Kidal dans le giron national du Mali.
En effet, selon les sources officielles, c’est après des frappes aériennes et des combats au sol que les FAMA ont définitivement pris le contrôle de la ville de Kidal et ses alentours, du 11 au 14 novembre 2023. Ce fut un grand ouf de soulagement, car la reconquête de cette ville, fief de toutes les rébellions, a été le déclic d’un retour à un ordre sécuritaire normal dans le septentrion du pays.
Et ce retour de stabilité s’est poursuivi avec la nomination du nouveau gouverneur, El Hadj Gamou, qui a su réinstaurer un nouveau climat sécuritaire et de paix dans la capitale de l’Adrar des Ifoghas. Cela s’est intensifié avec le redéploiement de l’administration tant à Kidal que dans les localités avoisinantes, comme Aguel hoc, Tessalit, Abéibara, etc.
En conséquence, et le nord et le centre du Mali se sont retrouvés progressivement pacifiés, avec de lourdes pertes administrées aux hordes de terroristes à divers endroits du territoire national. Ce qui a permis aux populations de retrouver, dans une certaine mesure, leur mobilité et voir l’étau des forces obscurantistes se desserrer autour d’elles.
En conséquence de cette amélioration du climat sécuritaire dans le pays, l’Etat devrait pouvoir mettre en branle le processus électoral, pour accélérer le retour à la normalité constitutionnelle. Car, faut-il le rappeler, le contexte sécuritaire n’était pas aussi amélioré pour la tenue du référendum constitutionnel en juin 2023. Si donc, les consultations référendaires ont pu se contenter du juste minimum de sécurité pour se faire, comme cela l’a été sur l’ensemble du territoire, les élections générales devraient aussi pouvoir se tenir, avec un minimum de volonté politique. A moins que le retour à l’ordre constitutionnel normal ne soit plus une priorité pour l’Etat.
Or, il est évident que sans un retour à la normalité constitutionnelle, le pays pourrait continuer à connaître des difficultés de diverses natures. Il s’agit par exemple de l’image même du pays à l’extérieur, du climat de confiance des partenaires et potentiels investisseurs, des cadres de reprise de certaines coopérations, etc. Car, à titre d’exemple, quel crédit et assurance a un Etat dirigé par une « junte militaire » ? Quel est le degré d’attraction d’un pays longtemps lessivé par le terrorisme et qui a vu ses institutions balayées par une crise politico-militaire ? Il urge donc que les autorités de Transition se résolvent à poser rapidement les jalons du retour à la démocratie pour le redécollage d’un pays, qui a trop souffert de son instabilité institutionnelle de ces dernières années.
Boubou SIDIBE/maliweb.net