Après la proclamation des résultats définitifs par la Cour constitutionnelle de la liste des députés élus au second tour des législatives de mars-avril 2020, on connaît désormais la composition de la 6è législature de l’Assemblée nationale (AN). Trois partis traditionnels occupent respectivement la tête de peloton : RPM, ADEMA-PASJ et URD. Ils ont quasiment gagné l’ensemble de leurs élus sur des listes communes dans toutes les grandes circonscriptions électorales du pays. Mais aucun d’entre eux n’obtient la majorité absolue. Alors pour quel parti le perchoir?
Même si le RPM perd des sièges par rapport à la législature passée, elle demeure en tête avec 51 députés. L’ADEMA-PASJ (l’ancien parti au pouvoir) regagne des galons pour occuper la deuxième place avec 22 élus. Quant à l’URD, elle se console de son 3è rang avec 19 députés. Puisque ce trio de tête s’est donné la main pour élire leurs députés, vont-ils continuer dans la même dynamique pour une désignation consensuelle du parti qui va occuper le perchoir de la 6è législature ?
Lors de l’élection des députés à l’AN, les partis politiques de notre pays ont le droit constitutionnel de s’allier, sans aucune restriction, pour former des listes communes. Si par le passé, on a connu que quelques rares listes où l’opposition et la majorité étaient ensemble, lors de cette législative, le deal était beaucoup plus important. D’autant que le RMP, l’ADEMA-PASJ et l’URD étaient quasiment ensemble partout. A cet effet, la logique voudrait qu’ils soient aussi capables de s’entendre pour désigner le parti dans lequel viendrait le détenteur du perchoir. Mais lequel ?
Le RPM, même s’il demeure en tête, a beaucoup régressé en termes de sièges et est loin de la majorité absolue (qui est de 74 sièges). Ce parti ne peut donc à lui seul fixer les contours et conditionnalités du choix du parti sur lequel va revenir la présidence de l’AN. Certes, le parti présidentiel occupait le perchoir dans l’Assemblée sortante où il était quasiment le seul maître du jeu, soutenu par quelques partis satellites. Mais depuis la dernière présidentielle, le RPM s’est montré incapable de mobiliser un électorat décisif pour la réélection d’IBK.
Ainsi, lors de cette dernière législative, hormis les circonscriptions électorales du nord (où il a remporté avec un score à la soviétique) et la circonscription de Dioïla (où il est allé en liste propre), le RPM ne pouvait gagner nulle part sans le soutien d’un autre parti. N’était-ce pas le cas à Koulikoro où le président sortant de l’AN, n’eût été le soutien de l’URD, ne serait réélu député. Manquant de charisme, de notoriété et de leadership mais surtout décrié par des ténors de son propre parti, Issiaka Sidibé ne peut logiquement rempiler. Qui d’autres au RPM pour succéder l’élu de Koulikoro au perchoir ?
L’ADEMA peut gagner le perchoir
Quid de l’ADEMA ? Cet ancien parti au pouvoir a délibérément choisi de ne pas présenter de candidat pour affronter le président IBK en 2018. C’est ce parti qui a véritablement porté la campagne d’IBK. Cet altruisme politique pourrait lui être récompensé si jamais le Chef de l’Etat instruisait aux nouveaux députés du RPM de céder la place du perchoir à l’ADEMA. Quitte à ce parti de se choisir l’homme ou la femme qui va l’occuper. Ce qui ne lui manque certainement pas !
Pourquoi pas l’URD ?
Dernier scénario, octroyer le poste de l’AN à l’URD. Pourquoi pas, dès lors que ce parti et les deux premiers n’étaient que comme un seul et même parti aux législatives dernières, pour s’être présentés sur des listes communes, quasiment dans toutes les principales circonscriptions ? Là encore, la volonté du président de la république pourrait-être décisive. Il pourrait argumenter, compte tenu de la difficile conjoncture politique et sécuritaire du pays mais aussi de l’entente tacite des trois principaux partis lors de ces dernières législatives, que le Chef de file de l’opposition méritait bien d’occuper le perchoir. Un scénario qui est pourtant loin d’être utopique, d’autant que le Mali est un habitué des situations atypiques en politique. Mais le bémol est que Soumaïla Cissé est hélas toujours aux mains de ses ravisseurs !
Falaye Keïta
source : Le Pélican