Zones rurales : Pourquoi les enseignants fuient-ils ces zones ?

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Avec ses bâtiments en planches et son sol en terre battue, l’école ne paie pas de mine. Pourtant, les parents d’élèves ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour atteindre ce résultat. En cette période de rentrée scolaire, alors qu’ils ont encore maille à partir avec les fournitures scolaires de leurs enfants, le directeur refuse de remettre sur la table le dossier « maîtres et parents ».

A l’étroit avec ceux que l’administration centrale a daigné leur envoyer, le directeur s’est résolu à dispenser les cours dans quatre classes en plus de son travail de coordonnateur de l’établissement.  « La situation est vraiment préoccupante. Si je ne procède pas ainsi, nous ne nous en sortirons pas. Nous aurons carrément des salles de classe sans maître. Pour colmater les brèches, je regroupe tous les apprenants de la 5è et de la 6è année du premier cycle, pour que tous les enfants soient instruits. Mes trois autres collègues font pareil avec les autres niveaux», explique un directeur d’école à Tenenkou. Conscient de la gravité de la situation, il a sensibilisé la communauté à s’impliquer dans l’éducation des enfants. C’est dans ce cadre que deux maîtres payés par les parents ont été recrutés. Ce sont des fils du village qui ont poussé les études jusqu’au Baccalauréat. «Même s’ils n’ont pas la qualification requise, ils nous sont d’une aide précieuse, et ils enseignent pour 15 000 FCFA par mois », informe le directeur.

La situation de cette école située dans une bourgade enclavée du cercle de Sélingué n’est pas exceptionnelle. La plupart des écoles en zone rurale et dans les zones dites d’éducation prioritaire sont confrontées au manque criard de maîtres. Trois ou quatre instituteurs pour six classes semble être devenu la norme. Pire, à certains endroits, le personnel enseignant ne se réduit parfois qu’au directeur et à un seul vacataire. La situation a même tendance à devenir banale et paraît paradoxale quand on sait que des milliers d’instituteurs sont formés chaque année. «C’est un dossier complexe, étant donné que les recrutements se sont arrêtés à la Fonction publique. Avec l’opération de contractualisation, 55 000 instituteurs ont été intégrés et priorité a été accordée aux zones reculées. Mais manifestement, il en faut plus », explique un responsable du ministère de l’Education de base.

Au Mali, on compte officiellement plus de 11 000 écoles primaires publiques pour 55 266 instituteurs chargés d’encadrer près de 3 millions d’élèves, soit en moyenne d’un maître pour 54 élèves. Un ratio qui dépasse la norme fixée par l’UNESCO : un enseignant pour 45 élèves. De l’avis même d’un syndicaliste du secteur de l’Education, la gent féminine, qui domine les effectifs d’enseignants dans le primaire, est pour beaucoup dans le déséquilibre constaté. « Beaucoup d’institutrices restent dans les villes sous le prétexte de suivre leur époux. Aussi constate-t-on une forte concentration de maîtresses dans les écoles urbaines : deux, voire trois par classe. Du coup, il y a des écoles de 12 classes avec une quarantaine d’enseignants, alors qu’à 2à km de là, d’autres rêvent de maîtresse », explique le syndicaliste. Et ce n’est certainement pas demain que le problème trouvera sa solution définitive.

Paul N’Guessan

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1 commentaire

  1. Paul et au Cameroon c’est comment? nous on veut de l’information, pour nous c’est deja connu. Je pense il ya plus de champ à fouetter.

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