Avec sa devise ‘’Oser lutter, c’est oser vaincre, la lutte continue ’’ l’Association des Elèves et Etudiants du Mali (AEEM) a été créée le 27 octobre 1990 au Lycée de Badalabougou. Depuis des années, cette lutte de ce groupement estudiantin se fait par des machettes et des armes à feu. En illustre, le rapport de Novembre 2020 du Comité de Gestion de la Violence dans l’Espace Scolaire et Universitaire (CGVSU). Il ressort de ce document qu’ : « Entre 2015 et 2019, il y’a eu 350 cas de coups et blessures portés à des étudiants dans l’espace universitaire dont 280 recensés sur le seul campus de Badalabougou. Aussi, de 2017 à 2020, on a également dénombré 7 étudiants morts sur ce même campus ».
Faut-il le signaler, l’actuel document présente le travail effectué par la plateforme « Femmes du Mali » à travers un organisme dénommé Comité de Gestion de la Violence dans l’Espace Scolaire et Universitaire (CGVSU). Il est créé au lendemain de la violence meurtrière survenue sur le campus universitaire de Badalabougou le 12 octobre 2020. Ainsi, un état des lieux de la violence dans l’espace universitaire et scolaire a été fait sur la base de différentes rencontres que le Comité a initiées avec les responsables des institutions d’enseignement supérieur publiques et privées, les partenaires sociaux de l’école ainsi que des rapports de certains fora tenus sur la question de la violence. Il se termine par une série de mesures et de recommandations pour endiguer la violence endémique que connait l’espace universitaire malien.
L’AEEM au centre des maux qui minent l’espace universitaire
En effet, l’AEEM a pour objectif : « la défense des intérêts matériels et moraux des Elèves et Etudiants du Mali, l’amélioration des conditions de vie et d’étude de ses membres et leur représentation par des délégations démocratiquement élues dans toutes les instances où leurs problèmes sont traités ».
Depuis plusieurs années, on assiste à la métamorphose de cette association au profit de la violence et de la barbarie au sein des écoles et universités. Et le rapport du CGVSU le prouve. Selon ce document, depuis une décennie, le mode de désignation des membres du bureau de ce groupement et son fonctionnement ont radicalement changé, notamment les élections qui ne sont plus démocratiques comme cela était le cas auparavant.
Aussi, que les Secrétaires Généraux des comités au sein des facultés, une fois élus désignent les membres de leurs comités selon leur convenance.
Quant au collège des Secrétaires Généraux des établissements, il élit à son tour le Secrétaire Général du Bureau de Coordination Nationale lors du congrès. Le coordinateur élu présente son bureau préétabli. Il est important de noter que les membres du bureau de l’AEEM s’attribuent des titres militaires ainsi que d’autres sobriquets comme ‘’Waramassa’’, ‘’Méchant’’, ‘’Magossa Ninguelen’’ et autres. Ces noms sont révélateurs de leur comportement violent et tyrannique.
Des perturbateurs légalisés au sein du bureau de l’AEEM
Dans le rapport, on indique que les membres de l’AEEM se répartissent en trois groupes : « les éclairés, les négociateurs et les perturbateurs ». De ce fait, les deux premiers constituent l’instance dirigeante de l’organisation tandis que le troisième est composé d’étudiants formés à la violence pour intervenir au besoin, semant ainsi le désordre. Par exemple, élucide ce rapport, quand des activités pédagogiques ou d’autres événements sont organisés sans l’assentiment et le concours de l’AEEM, les ‘’perturbateurs’’ interviennent pour empêcher leur tenue, sous prétexte que l’association n’a pas été impliquée dans l’organisation de cela. Ils sont dotés en armes conventionnelles ou blanches. Le même groupe utilise aussi des filles comme appâts pour séduire les professeurs rigoureux.
Suivant toujours ce rapport, il ressort que l’AEEM ayant atteint un certain ancrage au niveau des structures administratives et politiques, n’a plus d’égard ni pour les professeurs, ni pour l’administration universitaire. Il ajoute que l’absentéisme a atteint un tel degré que des étudiants traduits en conseil de discipline ne connaissent même pas leurs différents professeurs.
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Ledit document informe que ces violences meurtrières ont été commises par des étudiants contre leurs camarades, le plus souvent, lors des renouvellements de leurs bureaux.
« Cette organisation estudiantine, créée pour la défense des droits des élèves et étudiants, s’est transformée en un groupement armé qui sème la terreur dans l’espace scolaire et universitaire du Mali. Ses membres sont devenus de vrais maîtres des lieux où ils font régner leurs lois. Par exemple, ils possèdent des places attitrées dans les amphithéâtres que nul autre étudiant n’a le droit d’occuper, même si ces places devaient rester vides,. Présentement, les Universités du Mali, en particulier l’Administration universitaire, vivent une période de grande émotion. Au-delà de ces pertes en vies humaines, le campus est dans une situation d’insécurité grandissante » révèle ce rapport.
La solution par la suspension de l’AEEM
Quant aux recommandations faites par ce rapport, il y’a la nécessité de suspendre les activités de l’AEEM durant la transition ou au moins pendant trois ans. Cela, pour relire ses textes fondateurs, abroger les conventions et protocoles entre elle et le CENOU, la supprimer dans les établissements secondaires, si possible. En même temps, appliquer les textes et les règlements organisant la gestion de l’université, sévir avec fermeté en cas d’indiscipline notoire ou de manquement aux textes régissant l’Université. Au chapitre des mêmes recommandations, il y’a la mesure de mettre fin à l’instrumentalisation de l’AEEM pour des fins politiques, d’arrêter les interférences et les ingérences administratives, politiques et corporatistes dans les résultats pédagogiques. Ce n’est pas tout, car le rapport recommande de renforcer le rôle de la Fédération Nationale des Parents d’Elèves et Etudiants du Mali (FNAPEEM), d’exiger la rigueur pour mettre fin à la complaisance dans le traitement des dossiers, de sécuriser l’espace universitaire, faire déguerpir les kiosques anarchiques pour les remplacer par un super marché et rendre opérationnels les postes de police. Il y’a aussi l’obligation de récupérer totalement la gestion des œuvres universitaires au profit du CENOU, de renforcer la sécurité et la protection du personnel administratif et du corps professoral, d’améliorer les infrastructures scolaires et universitaires, entre autres.
A la lumière de ce rapport de 33 pages du Comité de Gestion de la Violence dans l’Espace Scolaire et Universitaire (CGVSU), il reste pertinent que l’AEEM représente plus de maux que de solutions dans le système éducatif malien. Pourvu que les nouvelles autorités de la transition appliquent au pied de la lettre les recommandations formulées dans ce document pour la fin de cette situation de violence dans l’espace scolaire et universitaire pour le bonheur de tous !
Par Mariam SISSOKO