La vente d’aliments de tout genre devant nos établissements scolaires constitue aujourd’hui un véritable danger d’intoxication alimentaire pour les milliers d’élèves. Le phénomène inquiète parents d’élèves, autorités scolaires et partenaires de l’école, mais rien de concret ne semble entrepris pour réglementer l’activité et créer les conditions de son exercice. Reportage de notre consœur, Aïssata Traoré.
Il est 9H30, au groupe scolaire 2nd cycle de Baco-Djicoroni en commune V du district de Bamako. Devant l’établissement sont exposés çà et là des étales d’aliments : sandwich, brochettes, pains, bonbons, jus de tout genre. Des étales qui cohabitent avec mouches et poussière. 9h45, la cloche de la recréation sonne et c’est la ruée sur les marchandises. Qui de s’offrir un sandwich, qui de beignets ou des brochettes. Sous nos yeux, le spectacle est désolant et le constat fait froid dans le dos.
Nous nous approchons d’une vendeuse de brochettes et l’interpelons, bonjour madame, vous ne prenez pas le soin de mettre un couvercle sur vos aliments, « ah, j’ai oublié » semble t elle s’excuser. En général, devant cet établissement, la protection et la meilleure tenue des aliments laissent désirer. Bienvenue les dégâts : intoxication alimentaire, diarrhée, etc.
Et pourtant les autorités scolaires déclarent être conscientes de l’ampleur du danger des aliments vendus devant les écoles. Du moins c’est ce que nous dit le surveillant général de l’établissement, monsieur Ahmid A. Dicko.
Si c’était le cas, quelles dispositions, les responsables scolaires ont entrepris pour faire face au danger, sommes-nous interrogés. Notre interlocuteur répond « par la mise en place d’un comité de gestion » avant de s’empresser à reconnaitre que ledit comité de gestion au niveau de son école n’existe que de nom, arguant qu’il ne dispose pas de moyens adéquats pour remplir les missions qui lui sont assignées. No comment !
Par contre, monsieur Dicko nous confie qu’au niveau de la direction de l’établissement, des démarches ont été entreprises auprès desdites vendeuses pour les exhorter à régulariser leur activité en se procurant de certificats de santé et d’autorisations de vente délivrés par les municipalités. A en croire, le surveillant général, seule l’épouse du gardien de l’établissement a pu se procurer du sésame, donc seule qui remplit les conditions parmi plus d’une dizaine. Au lieu de sanctionner, l’établissement met l’accent sur la sensibilisation et l’information auprès des élèves afin de les amener à abandonner ces aliments mal entretenus. Notre interlocuteur nous confie, qu’une fois, l’établissement a été amené à détruire les aliments d’une vendeuse qui n’était pas hygiénique.
A la question relative au projet financé par la FAO qui assigne à chaque comité un suivi régulier des aliments qui sont vendus devant les établissements scolaires, c’est avec un air incrédule que monsieur Dicko nous répond « je n’ai jamais entendu parler de ce projet et que notre école n’a jamais été contactée à son sujet »
9h45 mn, (heure de la récréation) cap sur le groupe scolaire de Magnambougou Projet. A notre arrivée dans ce grand établissement regroupant 4 écoles, un constat : deux groupes de vendeuses. L’un devant l’établissement avec tout le bazar et l’autre groupe dans l’enceinte de l’école avec toutes les commodités requises. Plats couverts et à l’abri de la poussière et des mouches, environnement assaini, vendeuses propres avec tenues assorties…..
A la question de savoir pourquoi deux groupes de vendeuses ? Monsieur Fousseini Sissoko, directeur coordinateur du groupe scolaire de Magnambougou Projet répond : « vous savez, cette situation de vente d’aliments devant les établissements nous préoccupe et nous interpelle tous. Particulièrement, nous les responsables scolaires » reconnait sincèrement le responsable de l’école. Et il poursuit « Ces femmes qui vendent dans l’enceinte de l’établissement sont là depuis des années. Nous avons remarqué qu’elles sont hygiéniques, c’est pourquoi nous les avons impliquées dans le projet de la FAO, et déjà certaines parmi elles ont déjà bénéficié des formations » explique-t-il. « Celles qui sont dehors, nous posent tous les problèmes. Nous avons tout fait pour les faire dégager, sans succès » reconnait impuissant le directeur du groupe scolaire. Mais pour autant, monsieur le directeur ne semble pas être vaincu par la situation, il attend de résoudre le problème de portail de son établissement pour empêcher les enfants de sortir pendant la récréation. Ainsi il sécurisera les enfants et obligera les vendeuses de la rue à déguerpir sans violence.
Mme Mafatoumata Traoré, une des responsables du comité de gestion déclare accorder une priorité à l’hygiène des aliments et à la sécurité sanitaire des élèves. C’est pourquoi, poursuit-elle, le comité veille quotidiennement au contrôle de qualité des aliments que les femmes vendent. En effet, chaque jour, elle fait la ronde pour s’assurer de la qualité et de l’hygiène des aliments proposés à la vente.
Sur la rive gauche de Bamako, notre équipe continue sa ronde au groupe scolaire de Hamdallaye – marché. Ici, nous avons rencontré Marabat Ana Gueye, directeur coordinateur de l’établissement. Même constat qu’au groupe scolaire 2nd cycle de Baco-Djicoroni, cité plus haut. Le directeur nous assure que c’est la première fois qu’il attend parler du projet en question. Néanmoins, il le trouve pertinent et souhaiterait que son établissement en soit pris en compte. En ce qui concerne la surveillance des aliments vendus devant son établissement, c’est lui-même qui en assure le contrôle et veille à ce que les mesures d’hygiène soient respectées. Il a même instruit aux vendeuses de chercher des certificats médicaux.
L’alerte à la vente des aliments devant les établissements scolaires est au rouge. Il est donc important d’agir quand il est encore temps. Ceci interpelle les associations des parents d’élèves, les autorités en charge de la qualité et de la protection des aliments et les autorités scolaires. Il est indispensable de mettre en place une synergie d’actions et d’initiatives pour gérer la situation. La santé des enfants et mieux leur santé alimentaire nous concernent tous.
Il est aussi indispensable d’envisager des sanctions pour celles et ceux qui se plieraient pas aux règles élémentaires d’hygiène.
Projet FAO « alimentation de rue » belle initiative à encourager
Qu’est-ce que le Projet «l’alimentation de rue » de la Fao ? Quels sont les établissements concernés ?
Madame Diarra Dioumé Cissé, responsable division communication d’ANSSA nous éclaire.
Selon elle, à l’origine, le Projet «l’alimentation de rue » de la FAO prend en compte tous les établissements scolaires de Bamako et de l’intérieur. Mais, le projet vient de démarrer et il est à sa phase essai. Cette phase test, selon les initiateurs, va cibler un certain nombre d’écoles dans les six communes du District de Bamako, à savoir : les groupes scolaires 1er cycles de Banconi (Commune I) ; Bozola (CII) ; Darsalam (Commune III) ; Groupe scolaire Diabguiné (Commune IV) ; Groupe scolaires Magnambougou Projet et Sogoniko (C.VI) et le groupe scolaire de Sabalibougou en Commune V.
En effet, ce projet « l’alimentation de rue » de la FAO mérite d’être encouragé et soutenu. Il doit prendre en compte et mettre l’accent sur le volet communication, éducation, information et sensibilisation sur les dangers de l’alimentation de rue qui se pose aujourd’hui comme un réel problème de santé publique.
Master Mag :Aïssata TRAORE
Exclusivement pour Maliweb.net