Par les temps qui courent, il est difficile d’entrer en contact avec les jeunes scolaires en famille. Si la plupart a choisi de passer un bon temps ailleurs, d’autres se lancent dans le commerce d’articles divers et autres métiers pour appuyer leurs familles. Phénomène soninké ou mode ?
Les ronds-points de Bamako sont pris assaut par des jeunes qui font commerce d’articles divers ou le cirage. Les vendeurs sont généralement les élèves de moins de 15 ans. D’autres vont à la chasse des clients et arpentent rues et ruelles.
Si la plupart étaient les jeunes ruraux qui se ruaient sur la capitale à la faveur d’un exode rural difficilement maîtrisable, aujourd’hui les élèves sont dans la danse. Profitant des moments de repos, ils apprennent à vivre autrement. Sans considération ethnique ou d’origine, ces jeunes interviennent dans plusieurs secteurs.
Idrissa Coulibaly, jeune cireur, gagne de l’argent dans ce métier. “Je peux gagner 2500 F CFA par jour quand il y a beaucoup de mouvements”, a-t-il annoncé. Et de dénoncer les mauvais payeurs. “Utiliser quelqu’un sans récompenser son effort physique ou intellectuel est un comportement nuisible à notre travail”, a-t-il déploré. Un autre cireur ajoutera qu’il y a des jours où ils peuvent cirer des chaussures sans pour autant avoir de l’argent auprès des clients. “Certains ne te donnent pas le temps de réclamer ton argent. Néanmoins le travail est intéressant et de plus ça permet de mieux connaitre la ville”.
Salia Touré, qui a du mal à s’exprimer en bambara, est un commerçant qui va à la recherche des clients. Réputé par son courage, il arrive à gérer ses besoins. “Je n’ai aucune difficulté avec la clientèle. Je gagne bien ma vie. C’est une première pour moi, de faire autre chose après les études. C’est un parent commerçant qui m’a conseillé de faire ce job parce que la plupart de mes frères l’ont fait dans notre famille”. Avant d’ajouter qu’il quitte Daoudabougou pour le boulevard de l’Indépendance juste à la recherche des clients qui ne se trompent pas sur la marchandise.
Domicilié à Kalabancoura, Issa Traoré fait le trajet tous les jours jusqu’à son garage de moto au grand marché en plein cœur de la capitale. Son travail commence dès 8h et ne prend fin qu’à 19h. Issa trouve que ses efforts ne sont pas vains. Et c’est un moment privilégié d’apprendre autre chose. “C’est mon gagne-pain”, soutiendra-t-il avec brin de philosophie. Visiblement, son travail lui permet de subvenir ses besoins. Issa estimera ses gains entre 3000 à 4000 F CFA par jour. Il compte plusieurs clients par jour.
A Bamako, on peut dire que l’entreprenariat commence à gagner du terrain chez les jeunes. Et du coup, les jeunes Soninkés ne sont plus les seuls à détenir le secret. C’est bien un mode. Ce qui contribuera à lutter contre la pauvreté.
Bréhima Sogoba