Si les vacances sont synonymes de repos pour certains, elles symbolisent le début du calvaire pour d’autres. C’est le cas des milliers d’enseignants des écoles privées qui endurent stoïquement ces moments car ne percevant ni salaire ni indemnité ni prime.
La fin des vacances est proche. Après 9 mois de cours, élèves et enseignants des établissements publics et privés sont partis en vacances pour 3 mois. Ceci est une occasion pour les uns et les autres de se reposer d’une année chargée. Les élèves profitent généralement de ce temps pour rendre visite aux membres de leur famille éloignés ou aider leurs parents dans de diverses tâches. Ceci dit c’est un moment que tous les acteurs attendent impatiemment. Malheureusement, pour des milliers d’enseignants, cette période est un véritable cauchemar, un moment de désespoir et de calvaire. Il s’agit évidemment des enseignants des établissements privés. Aux yeux de beaucoup, c’est “la période de vaches maigres”.
La réalité c’est que ces trois mois de vacances sont synonymes de trois mois sans salaire. Plusieurs raisons sont évoquées pour justifier cette situation. Mais la plus soutenue par les promoteurs d’écoles privées est le non versement des frais de scolarité durant cette période. Autrement dit les écoles privées vivent le même calvaire que les enseignants. Seuls quelques promoteurs généreux versent le 10e mois. D’autres donnent un pourcentage relativement infime par rapport au salaire à leurs enseignants.
Rappelons que cette situation désastreuse dépend des cycles d’enseignement et aussi de l’établissement scolaire qui emploie. Certains lycées envoient leurs enseignants au chômage depuis le mois d’avril. Pour survivre durant cette période, beaucoup de stratégies s’imposent pour se loger, se nourrir et se soigner.
En temps normal, ces pères de familles ne peuvent prétendre à un luxe car les salaires sont pour la plupart dérisoires. Certains enseignants prévoient cette période noire depuis la rentrée. Ils ciblent les familles nanties et deviennent amis à ces élèves ou à leurs parents. Ils ont alors droit aux dons ou aux petits crédits. Les malchanceux s’arment de courage pour suivre les maçons sur les chantiers. D’autres retournent carrément dans leur village pour mener les travaux champêtres.
Cette situation fragilise l’éducation malienne. Dans tout cela, ce sont les élèves qui payent le prix car se trouvant devant des enseignants sans autorité ni compétence. Les vacances scolaires sont une bonne occasion pour les formateurs ainsi que les élèves pour faire des mises à jour de leurs savoirs ou de suivre des formations. Cependant pour ces milliers de pères de famille, cela demeure un luxe et leur seul tort est de se retrouver dans le privé.
En attendant que la providence divine intervienne pour améliorer leurs conditions, ils ont les yeux tournés vers le nouveau gouvernement.
Yaou Kawélé