Universités du Mali : Cap vers le couloir du calvaire vécu par les Etudiants

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Dans les universités maliennes, les plaintes des étudiants face aux  différents problèmes viennent de façon récurrente. À ce titre, nous sommes entrés en contact avec certains étudiants ainsi que des membres du Centre des Œuvres Universitaires (CENOU) afin de nous  faire une idée sur la  provenance de la responsabilité. Le CENOU se dit clean par rapport aux différents problèmes soulevés.

Au Mali, nul n’est sans ignorer que pour mieux exercer la faculté de réflexion  les étudiants doivent être dans de meilleures conditions. Mais tout porte à croire qu’on semble porter peu de considérations à cette urgence. Telle a été notre première impression. Cela se traduit par les conditions désastreuses dans lesquelles ces étudiants étudient dans les différentes universités du Mali que nous avons sillonnées pour nous imprégner de ces difficultés que traversent ces futurs cadres du pays. « Nous avons commencé les cours depuis le 07 février 2018 et jusqu’à présent, nous sommes toujours restés au même niveau d’étude», déplore NiargaKamissoko, étudiant à la Faculté d’Histoire et de Géographie (FHG). Celui-ci nous confie également qu’au sein de leur faculté, les étudiants font plus d’une année dans une même classe sans redoubler et sans être admis à la classe supérieure. Quant à Barakissa Mallé, étudiante à la Faculté des Sciences Économiques et de Gestion de Bamako, elle soutient la même position en disant  que le système LMD, au lieu d’être un eldorado pour les étudiants, est devenu leur cauchemar dans la mesure où nous passons pratiquement deux années dans la  même classe par faute de non-épuisement des modules d’enseignement dû aux différentes grèves.

De son côté,  Oumar, étudiant à la même faculté que Kamissoko, ne cache nullement sa déception de cette faculté. Ce qui lui a d’ailleurs conduit à faire le concours de l’Institut de Formation de Maitres (IFM).

À la Faculté des sciences Humaines et des sciences de l’éducation (FSHSE) à Kalaban-Coro, Mohamed B. déplore la prise en otage de leurs notes par les professeurs qui revendiquent des droits auxquels le gouvernement n’a pas encore  donné satisfaction. À ses dires, si les étudiants de cette faculté ne sont pas encore en vacances, c’est dû à cette grève des professeurs qui dure. Les étudiants de cette faculté sont toujours à l’attente de leurs notes. Cela, depuis des mois.

Il n’y a pas que les problèmes de notes qui intriguent les étudiants, il y a également les problèmes de déplacements particulièrement pour ceux qui prennent des cours à Kabala. « Je loge  dans le campus universitaire sur la colline de Badalabougou. Mais nous prenons nos cours à Kabala. Franchement dit, les bus qui nous y amènent sont vraiment très peu. Car jusqu’à présent, les surcharges continuent d’être la réalité de ces bus. Une fois à l’intérieur, maints étudiants s’arrêtent jusqu’à l’université. Nous ne cherchons pas du confort, nous voulons juste plus de sécurité pour notre vie », tels sont les propos d’une étudiante de la Faculté des Lettres et des Sciences du Langage (FLSL) du nom de Awa.

Daouda Guindo, étudiant à la même faculté, est plus explicite sur cette problématique d’accès des bus pour les étudiants résidents à Kalaban-Coro : « Nous qui sommes à Kalaban-coro, nous sommes comme des robots. Nous nous arrêtons au bord de la route depuis 6 heures du matin pour attendre le bus qui ne nous parvient qu’à 8 heures. Ainsi, c’est jusqu’à 08 h 30 ou 09 heures que nous arrivons en classe pour suivre les cours. Or, une fois en retard, les professeurs nous disent que nous ne nous sommes pas réveillés tôt. Pourtant, c’est tout le contraire. Les bus se remplissent depuis  sur la colline. Ils arrivent ainsi remplis à Kalaban-Coro.»

En ce qui concerne les étudiants de l’École Normale Supérieure (EN.SUP), le comité AEEM de cette école s’est adressé au Directeur de cette école afin de lui faire part des problèmes et besoins des étudiants. Les étudiants de cette grande école de formation des professeurs du secondaire revendiquent entre autres : l’intégration directe de tous les sortants de EN. Sup à la fonction publique des collectivités; la dotation de cette école d’un réseau de connexion wifi haut débit; le rééquipement  de l’AmphieKary Dembélé et de toutes les autres classes en table bancs…; le renouvèlement complet des tableaux des salles de classe, etc.

À ces problèmes dont souffrent les étudiants maliens s’ajoutent maints d’autres comme les problèmes de salles de classe pour les étudiants en Histoire et Géographie qui sont obligés de se réveiller tôt le matin pour se trouver dans une position confortable afin de mieux suivre les cours. Il y a également le retard dans le paiement des bourses, trousseaux et bourses de vacance, nous laissé entendre un étudiant de la FSHSE qui a préféré l’anonymat.

Contactée par nos soins afin de nous imprégner sur les démarches que le comité a entreprises afin d’obtenir des améliorations de conditions de vie des étudiants, SiraBagayoko, un membre du comité AEEM de la FSHSE , nous confie : « Oui, nous, membres du comité d’AEEM,  avons fait des grèves. Et dans la plupart de nos revendications, nous soulignons le problème de bus. Ce qui a, d’ailleurs je dirais, apporté  ses fruits. Parce que tout dernièrement il y a eu quelques nouveaux bus qui ont été mis à la disposition des étudiants. Mais nous  allons continuer à revendiquer parce que les bus sont jusqu’à  présent insuffisants puisque jusqu’à l’heure où je vous parle, la plupart des  étudiants continuent de souffrir. »

Cela laisse entendre alors que le problème relève des autorités scolaires notamment du Centre des Œuvres Universitaires (CENOU). Cette impression a vite changé une fois que nous sommes rentrés en contact avec l’administration du CENOU notamment le chef de Division des allocations financières, Mamadou T. Kamaté ; du chef de Division de vérification des États et Edition des statistiques, M. Daniel Koné et le chef service Transport, Kassoum Diakité.

Quant au retard des bourses, M. Kamaté nous confie que le problème ne relève nullement du CENOU qui se bat de tous ses moyens pour que les étudiants puissent bénéficier  le plus vite possible de leurs allocations financières. La raison de ce retard, nous dit-il, est que les résultats des examens de fin d’année des étudiants ne leur parviennent pas tôt. Or, c’est à partir de ces résultats que eux ils font leur travail. « Une fois que nous avons ces résultats, le traitement à notre niveau ne dépasse pas 72 h », nous a-t-il laissé entendre avant de prendre la Faculté de droit privé comme exemple. Les résultats de cette faculté sont parvenus au CENOU le 25 juin 2018. Celui-ci les a traités et envoyés au cabinet le projet le 27 juin 2018 et le projet a été signé par le ministre le 29 juin de la même année. Ce qui montre à suffisance que nous ne prenons pas de temps sur le traitement de ces dossiers, a-t-il précisé.

En ce qui concerne l’année universitaire 2018-2019, seul l’institut des Sciences Appliquées (ISA) a envoyé ses résultats en copie dure et le projet a déjà été envoyé au niveau du cabinet, a-t-il expliqué pour préciser ensuite que la Faculté des Sciences Techniques (FST) a envoyé ses résultats en version électronique. Or, leur traitement se fait sur la base des résultats définitifs et en copie dure.

Ce que déplore de son côté M. Daniel Koné, c’est surtout la collaboration des comités AEEM. À l’en croire, le CENOU a demandé à ce que l’AEEM collabore réellement à cette question de bourse en faisant de son mieux afin que les résultats puissent leur parvenir à temps. Mais, ceux-ci paraissent plutôt préoccupés par autre chose, dit-il avant de préciser que le CENOU interpelle tout temps les différentes structures par rapport à cette question de résultats liée aux bourses.

En ce qui concerne les problèmes soulevés en matière de bus par les étudiants, M. Diakité nous assure que « S’il y a un service qui fournit le plus d’effort afin d’améliorer  les conditions de vie et d’étude des étudiants, c’est bien celui du transport ». À ses dires, toutes les dispositions sont prises afin que les étudiants se sentent en l’aise sur toute l’étendue du territoire national avec des bus qui circulent de 6 h à 18 h voire 20 h ou 21 h du lundi au samedi, des ambulances 24/24. Sur la route de Kabala, il nous confie que le nombre de bus s’élève aujourd’hui à 7. Un nombre qui doit bientôt s’élever à 15 une fois la rentrée des premières années effective.

Outre cela, le chef service Transport nous a fait part des nouveaux dispositifs mis en place par le CENOU pour faciliter le transport aux étudiants notamment par l’introduction depuis le 2 janvier dernier de nouvelle carte de transport. Avec ces cartes, dit-il, les étudiants bénéficient d’une réduction sur les frais de transport de 6 900 FCFA à 2 100 selon les universités ou les emplois du temps et cela en faisant l’addition des 100 FCFA des frais de bus aller-retour durant 6 mois. « Nous ne sommes ni en crise de bus, ni en ressources financières, ni en carburant pour assurer ce travail », a-t-il martelé avant de préciser que toutes les sorties pédagogiques à l’intérieur ou à l’extérieur du pays sont couvertes gratuitement par le CENOU.

Contactés sur la question, les chauffeurs ont donné confirmation en faisant comprendre qu’ils se réveillent depuis 4 h du matin pour se coucher jusqu’à 21h et souvent 22 h. Ce qu’ils déplorent, c’est le comportement des membres de l’AEEM à leur égard.

Fousseni TOGOLA

Djènèba Touré, Stagiaire

 

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