L’école malienne est malade : ça, on le savait et les maux dont elle souffre sont aussi connus. D’ailleurs, on les a diagnostiqués depuis les Etats généraux de l’éducation en passant par le Forum de l’éducation et autres panels des experts, sans parler de tous ces séminaires et autres ateliers dont Dame école a fait l’objet, depuis la réforme de 1962 jusqu’à nos jours.
Le problème du jour à l’Université des sciences juridiques et politiques de Bamako (Usjpb) demeure intact : 1000 étudiants non inscrits qui ont été évalués au niveau de la Faculté de droit privé ; des étudiants fictifs à qui on attribue les numéros des étudiants inscrits ; certains étudiants qui prennent des cours à la Faculté de droit privé, mais qui sont évalués à la faculté de droit public ; 90 étudiants proposés à être expulsés passent en classe supérieure après vérification. Et c’en est trop pour le Recteur, Abdoulaye Diarra de cette Université !
Deux responsables ont été relevés de leur poste : le chef de la scolarité et celui de l’informatique. Une véritable chaîne de magouille qui ne dit pas son nom. Les fautifs ou les responsables, on les ignore pour l’instant, mais des enquêtes seraient en cours pour démasquer les coupables. Mais, Prof Abdoulaye Diarra s’était-il trompé de combat ? Parce que la gestion des flux des étudiants a toujours été un problème dans l’enseignement supérieur. Puisque c’est de cela dont il s’agit aujourd’hui. Gérer les flux ? Oui, il s’agit bien de cela.
Depuis 1962, pour former rapidement des cadres pour le Mali indépendant, de grandes écoles sont créées dans différents domaines. Au fil des décennies, ces grandes écoles accueillent de plus en plus d’étudiants et arrivent à saturation. Suite à la chute du régime de Moussa Traoré en 1991, à laquelle les étudiants ont largement participé, une réforme de l’enseignement supérieur est mise en place. Les responsables politiques se sont appuyés sur le réseau des grandes écoles existantes.
Et l’Université du Mali devient effective en novembre 1996. En 2002, une ordonnance transforme l’Université du Mali en Université de Bamako, un établissement public à caractère scientifique, technologique et culturel chargé des missions relatives à la formation supérieure dans ses divers aspects et de participer à la recherche scientifique, technique et technologique. Elle comprend alors quatre facultés : la Faculté des sciences et techniques (Fast), la Faculté des lettres, langues, arts et sciences humaines (Flash), la Faculté des sciences juridiques et économiques (FSJE) et la Faculté de médecine, de pharmacie et d’odontostomatologie (Fmpos); trois instituts : l’Institut universitaire de gestion (Iug), l’Institut supérieur de formation et de recherche appliquée (Isfra) et l’Institut polytechnique rural (Ipr); et deux écoles supérieures : l’École nationale d’ingénieurs Abderrahmane Baba Touré (Eni/Abt) et l’École normale supérieure (Ensup).
Une croissance exponentielle du nombre d’étudiant va conduire à l’ouverture du Cesb (Centre d’études supérieures de Bamako) et alors, le Professeur Daouda Sacko et ses camarades d’infortune doivent subir la croix et la bannière : plus de 10.000 étudiants dont le nombre triple et quadruple d’année en année ; et pour toute administration confiée à lui, à son adjoint, trois secrétaires et un agent comptable. Le corps enseignant était presqu’inexistant. Et ce Cesb préfigurait le pluralisme universitaire.
En 2011, l’Université de Bamako dont l’effectif était de 80 000 étudiants est remplacée par quatre Universités : l’Université des Sciences sociales et de gestion de Bamako (Usgb), l’Université des lettres et des sciences humaines de Bamako (Ulshb), l’Université des sciences, des techniques et des technologies de Bamako (Usttb) et l’Université des sciences juridiques et politiques de Bamako (Usjpb).
L’Université de Ségou a été ouverte en 2012. Constituée de quatre facultés (agro-économie et médecine animale, sciences sociales, sciences de la santé, génie et sciences) et d’un Institut universitaire de formation professionnelle. Elle doit accueillir la première année 415 étudiants, répartis entre les filières agro-économie, hydraulique agricole et production et santé animale.
L’Université des sciences juridiques et politiques de Bamako (Usjpb) ?
Avec le plus fort contingent dès le départ, plus de 40 000 étudiants, l’année universitaire arrive presqu’à terme, mais les inscriptions n’ont pas fini. Comment se tirer d’affaire dans un tel capharnaüm ? C’est dans ça que «Diarrakè» a parachuté et à l’approche des examens. Comprenez pourquoi le lièvre a été débusqué en pleine journée. Depuis le déclenchement du problème, suite à la publication d’une liste de 3200 étudiants exclus par le Rectorat, le premier reflexe du comité Aeem était la suspension des inscriptions pour la rentrée universitaire 2013-2014.
En fait, on est en droit de voir une main derrière cette affaire, voire une complicité entre étudiants bénéficiaires du système, enseignants et ou agents de l’administration trempés. Et qui d’autres encore ? Un consensus anti-progressiste quoi ! Seule une inscription saine permettra d’identifier les étudiants, les vrais. Et c’est de là que tout autre assainissement pourra suivre. Un échec de la gestion des inscriptions conduira sûrement à l’échec de la résolution de tous les autres maux. Et si Prof Abdoulaye Diarra se trompait de combat ?
Hé bien, c’est fini de l’Université des Sciences Juridiques et Politiques de Bamako (U.S.J.P.B) : elle va mourir de sa belle mort ? Peut-être sur ses cendres, il y aura un autre palliatif, une autre structure dite d’enseignement supérieur, bancale naîtra. À l’inverse, si le Prof Abdoulaye Diarra réussit son challenge, une autre structure supérieure pourra suivre. Tout de suite ou sous peu ! Qui sait que c’est de là que partira la guérison de notre école !
Lakoli MANDE
Un bel article. Il présente les faits, fouille dans le passé et commente.
Bravo, cher journaliste! Seulement, pourquoi un pseudo (Lakoli MANDE)?
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