La crise de l’enseignement supérieur, consécutive à la grève illimitée déclenchée par le Syndicat National de l’Enseignement Supérieur (SNESUP) depuis novembre 2006 s’achemine vers un point de non retour.
Face à la pression du Premier ministre qui a décidé de prendre les choses en main à la place du ministre de l’Education Nationale qui a montré ses limites, les syndicalistes durcissent le ton. Sur le front, c’est le statu quo, les négociations en cours n’ont pas permis, jusque là, de débloquer la situation. Si rien n’est fait d’ici le 13 février 2007, les écoles supérieures au Mali connaîtront pour la première fois sous l’ère ATT une année blanche. Le sursaut est-il possible?
MALA A MONTRE SES LIMITES, “PINOCHET” AUSSI?
Depuis le 26 novembre 2006, le Syndicat National de l’Enseignement Supérieur (SNESUP) a décrété une grève illimitée autour d’une doléance en trois points. Le premier point de cette doléance est relatif à l’octroi d’indemnité de logement pour les enseignants et chercheurs du supérieur.
Le deuxième point est l’annulation totale des résultats des examens de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques (FSJP) organisés par l’administrateur provisoire de ladite faculté après le départ des professeurs en vacances. Le troisième et dernier point des grévistes est la satisfaction totale des accords contenus dans le procès verbal de réunion de conciliation entre le SNESUP et le gouvernement conclus le 18 juillet 2006.
Malgré l’implication et la bonne volonté du ministre de l’Education Nationale, le Pr Mamadou Lamine Traoré dit”Mala”, qui est d’ailleurs un ancien dirigeant syndicaliste du supérieur, la situation n’a pas connu une évolution souhaitée. Face à l’attente qui n’a que trop durée, le premier ministre, chef du gouvernement, M. Ousmane Issoufi Maïga dit “Pinochet” a décidé de prendre les rênes des négociations.
A deux reprises, il a rencontré les grévistes: d’abord le 22 janvier 2007 à la primature, ensuite le mardi 30 janvier au Rectorat. C’est sous un ton fort comme il sait le faire en apportant une dose de pression que le Premier ministre a ordonné aux syndicalistes de reprendre les cours. Malgré que M. Ousmane Issoufi Maïga a jugé légitime, pertinent et juste le combat du SNESUP, il n’a pas voulu dialoguer avec les grévistes. Il a laissé entendre qu’il n’est pas venu engager un débat.
Aucune autorité n’a contesté la légitimité du principal point de la doléance du SNESUP portant octroi d’indemnité de logement au personnel enseignant de l’enseignement supérieur et aux chercheurs relevant de l’Education Nationale. Les arguments développés par “Pinochet” pour résoudre la crise n’ont pas convaincu les grévistes, ni les leaders syndicaux, ni les militants à la base, du moins pour l’instant.
Puisqu’il s’agit de sous, seul le ministre de l’Economie et des Finances est susceptible de trouver une solution. C’est pourquoi il a été institué auprès du ministre Abou Bacar Traoré une commission habilitée à faire des propositions concrètes. Hier jeudi 1er février 2007, cette commission s’est réunie pour la première fois au département de l’Economie et des Finances.
LA GREVE ET LES EXIGEANCES DU CAMES
Selon les normes universitaires édictées par le Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES), il faut au moins 25 semaines d’études pour qu’une année universitaire soit déclarée valable. En deçà de ce temps d’études, tout diplôme délivré par un Etat membre n’est pas reconnu par le CAMES. Si nous partons de ce principe, le spectre d’une année blanche plane sur la tête des universitaires.
Si les cours ne reprennent pas avant le 13 février prochain, les facultés de l’université de Bamako et les écoles supérieures feront moins de 25 semaines d’études, si nous considérons que les vacances universitaires débutent à partir du 15 juillet pour s’achever le 30 septembre. En tout cas, l’année dernière, les universitaires sont partis en vacances à partir du 15 juillet 2006. C’est donc une course contre la montre que les protagonistes de la crise universitaire viennent d’engager.
Le sursaut est-il possible pour éviter une année blanche? Nous disons qu’avec la volonté de part et d’autre, le dialogue, la négociation, le sacrifice, il n’y a rien d’impossible.
Daba Balla KEITA
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