La semaine dernière, nous tirions sur la sonnette d’alarme en évoquant le spectre de l’année qui plane sur l’enseignement supérieur. Entre temps la température est montée et les événements se sont précipités. Avec en toile de fond le retour de la violence dans l’espace scolaire.rn
Vendredi dernier, tôt le matin, le Rectorat de l’Université de Bamako a été pris d’assaut par un groupe d’une cinquantaine d’étudiants identifiés comme appartenant à la Faculté des sciences économiques et de gestion (FSEG). Armés de gourdins et de grosses pierres, ils ont littéralement saccagés les lieux. Bilan de l’équipée : vitres brisées, portes des bureaux défoncés, chaises et tables jetées par la fenêtre dans la cour. Cette brusque montée de fièvre est due à la non proclamation des résultats de cette faculté dont les étudiants venaient d’apprendre que ceux de la Faculté des sciences juridiques et politiques étaient disponibles et affichés. Pour les vandales d’un jour, le retard pris dans la proclamation de leurs résultats est imputable à la négligence et à la complicité du Rectoral et de lancer un ultimatum d’une semaine. Ces étudiants ont peur de perdre une année universitaire qui n’a encore démarré chez eux. « Quand est-ce qu’on va proclamer nos résultats et démarrer la nouvelle année universitaire ? » se demandent-ils convaincus cependant que l’administration scolaire joue au dilatoire et au faux-fuyant.
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Les violences du vendredi dernier devraient déciller les yeux de tous ceux qui s’accrochent comme des naufragés au fameux pacte pour une école apaisée et performante. Ils devront surtout alerter ceux qui ont été chargés de trouver les solutions les plus urgentes et les plus durables à une crise qui secoue le monde universitaire dans l’indifférence des autorités compétentes. Il faut rappeler que la situation des examens au niveau de l’ex-ENA constitue un des points de revendications du Synesup. Le syndicat de l’enseignement supérieur qui observe une grève illimitée déclenchée en début novembre avait appelé ceux qui avaient organisé les examens sans les professeurs de dénouer la crise qu’ils ont créée.
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Ce qui se passe au niveau scolaire est symptomatique de l’absence de dialogue social. Les responsables du Synesup avaient dénoncé l’attitude de leur ministre de tutelle qui a refusé de les rencontrer malgré les deux demandes d’audience. Selon eux, ils veulent juste être écoutés par leur ministre. Mais hélas, ils ne l’ont vu que lors de la rencontre provoquée par le Premier ministre le 23 janvier dernier, rencontre qui s’est soldée par la mise sur pied d’une commission de bons offices. En attendant, le Synesup qui avait affirmé que sa grève illimitée se poursuivrait jusqu’à la satisfaction de ses points de revendications n’a pas levé son mot d’ordre de grève. « Nous allons poursuivre la lutte, même s’il est vrai que le Premier ministre a insufflé un nouveau dynamisme quant à la résolution de la grève » vient d’annoncer le secrétaire général du Synesup.
rnCe qui s’est passé vendredi pourrait faire tâche d’huile si les autorités continuent à jouer à l’autruche. Le pacte pour une école apaisée et performante qui n’est qu’un leurre vient en tout cas de prendre un sérieux coup. Le risque est grand de nous retrouver avec une école apeurée et perforante.“