Bâti sur une superficie de 103 hectares pour un coût total d’investissement de 95 milliards de FCFA, dont 70 milliards de don de la Chine, le complexe universitaire de Kabala en cours de réalisation sera l’un des plus grands pôles universitaires de la sous-région. Fruit de l’amitié sino-malienne, la cité universitaire comprendra dans sa mise en œuvre deux volets que sont : un campus social pour les étudiants et un campus pédagogique pour l’Administration dont les travaux sont exécutés à plus de 80%. Reportage inédit sur l’un des plus gros chantiers de l’École malienne qui améliorera sans nul doute l’environnement de la formation et de la recherche universitaire au Mali.
Dans le cadre de la réforme de l’Enseignement Supérieur, le Gouvernement du Mali a décidé de la création d’un deuxième pôle universitaire de Bamako à Kabala, commune rurale de Kalabancoro dans le cercle de Kati, afin d’améliorer l’environnement de la formation et de la recherche. Avec ses infrastructures pédagogiques et ses capacités de logement, le complexe universitaire de Kabala offrira toutes les commodités aux étudiants et aux enseignants et permettra d’améliorer la qualité de la formation. En compagnie de M. Ismaila Diallo du Cabinet d’Architecture et d’Urbanisme (CADAU), qui assure la maîtrise d’œuvre de l’ouvrage, nous avons effectué une visite sur le chantier pour mieux vous informer.
D’imposantes infrastructures pour le renouveau de l’enseignement universitaire
Le premier bâtiment visité a été le nouveau siège du Centre national des œuvres universitaires (CENOU) où les travaux sont exécutés à 100%. Ici, selon M. Ismaila Diallo, directeur du CADAU, construit sur 10 hectares, avec un logement pour le directeur et son adjoint, le nouveau siège du CENOU compte 63 bureaux, 2 salles de réunion sans compter les secrétariats et autres. Construit avec des matériaux de qualité, ce centre est doté aussi d’un système incendie et de caméras de surveillance. Ici, comme pour l’ensemble du chantier de la cité universitaire, M. Diallo avoue avoir œuvré en évitant tout ce qui ne va pas dans l’architecture des bâtiments des services publics, à savoir le problème de carrelage, de toilette, d’évacuation des eaux usées et autres. Pour sa réalisation et son équipement, l’Etat y a investi la somme de 980 millions de FCFA.
Le second site que nous avons visité a été le chantier de construction des infrastructures administratives, pédagogiques et de recherche. Bâti sur sept blocs et gracieusement offert par la partie chinoise pour un montant de 70 milliards de FCFA, ce joyau architectural améliorera sans nul doute les conditions d’études universitaires au Mali.
Ainsi, pour ce chantier et selon M. Ismaila Diallo du CADAU, il s’agit de construire et d’équiper, en deux phases, un complexe universitaire composé de 14 blocs répartis entre infrastructures pédagogiques, de recherche, administratives et techniques. Les travaux, exécutés à plus de 30%, avancent avec la première tranche du financement chinois qui s’élève à 35 milliards de FCFA et le montant de la seconde sera du même ordre. Ici, les ouvriers sont à pieds d’œuvre pour l’avancement des travaux à un rythme normal. Selon les explications de M. Diallo, les bâtiments sont réalisés sur une superficie totale de 42 000 m2. Ils sont repartis en une administration centrale qu’est le rectorat, un centre multimédia, une école doctorale, un bloc d’amphithéâtres composé de deux salles de 500 places chacun et d’une autre de 300 places. On y retrouve également une faculté des sciences humaines, une faculté de droit, et enfin une école normale d’enseignement technique et professionnel, ainsi que leurs annexes.
De passage, nous a indiqué M. Diallo, l’ensemble des travaux de ce complexe universitaire de Kabala mobilise plus de 400 ouvriers maliens en emplois permanents et 180 travailleurs chinois.
Après ce bref passage sur ce chantier, nous sommes à celui devant abriter les résidences universitaires et structures annexes entièrement financés par le budget national à hauteur de 25 milliards de FCFA. Les travaux de ce second volet sont exécutés à près de 85%. Ici, pour le premier responsable du Cabinet d’Architecture et d’Urbanisme, la zone résidentielle comprend 4 blocs de 1020 lits chacun, d’une administration et de salles d’études. Cette zone de résidences universitaires est composée aussi d’un restaurant universitaire, d’une cafétéria centrale, d’un centre commercial, d’un centre de santé, d’une salle polyvalente. Elle comporte aussi un complexe sportif de deux terrains de football, de basket ball et de handball, des voiries et réseaux divers. A retenir ici que les chambres sont composées, chacune de trois lits avec un responsable pour chacune d’elle. M. Diallo indique aussi que chaque bloc de chambres a son bureau pour l’administration du CENOU aux fin de surveiller les étudiants.
La chambre témoin que nous avons visité en dit long sur le confort qui attend les futurs locataires des lieux. M. Diallo nous souffle au passage que dans le cahier de charge qui sera élaboré, c’est le système « qui casse paie » qui sera appliqué pour les matériels dans les résidences universitaires.
M. Diallo de noter aussi, qu’en plus de ce chantier gigantesque pour le monde universitaire, il y a la construction des voies d’accès à la cité d’une longueur de 15 Km, dont les travaux sont exécutés à 100%. Cette voie est composée de routes d’accès de 5882 mètres linéaires, de voies de contour totalisant 4062 mètres linéaires et de voies intérieures de 2612 mètres linéaires. Outre la facilitation de l’accès à l’université de Kabala, ces routes vont également désenclaver une dizaine de villages dans la zone du projet.
Les difficultés du chantier
A la fin de la visite, M. Ismaila Diallo, a relevé un certain nombre de difficultés qui retardent la finition des travaux. Il a cité le non paiement des entreprises par l’Etat malien, l’insécurité sur le chantier avec le vol des matériaux de construction, les tracasseries douanières, surtout à l’aéroport international de Bamako-Senou. Pour mettre fin à toutes ces entraves, M. Diallo a exhorté les autorités à s’investir davantage pour pouvoir honorer les différents engagements contractuels comme le paiement régulier des entreprises. Car, les modalités de paiements des 25 milliards de FCFA convenues entre l’Etat malien et les entreprises prévoyaient leurs échelonnements sur quatre exercices budgétaires à savoir 10% en 2010, 35% en 2011, 35% en 2012 et 20% en 2013. Comme quoi, le coup d’Etat du 22 mars 2012 n’a pas arrangé les choses. Il a créé une situation critique sur toute la ligne. Le paiement a été interrompu bloquant la progression du chantier.
Ainsi, selon nos sources, depuis le démarrage des travaux en octobre 2010, il n’a pas été possible pour l’Etat de respecter les dispositions contractuelles. Ce qui a contribué à mettre en difficulté les entreprises auprès de leurs banques, avec comme conséquence des retards accusés dans la bonne exécution des travaux. L’Etat a fini par procéder au paiement des entreprises sur la base des décomptes établis au regard de l’état d’avancement des travaux. Même avec cette modalité, les décaissements au niveau du Trésor public ont pris d’importants retards. Ainsi, le montant final à mobiliser pour achever les travaux de construction et d’équipement de la cité universitaire de Kabala s’élève à 6.133.913.352 FCFA.
A retenir aussi que l’Etat malien s’est engagé à accomplir sa part d’obligations telles que stipulées dans le contrat d’exécution comme l’exonération des taxes et droits de douanes des matériels nécessaires à la réalisation du projet et la garantie sécuritaire à offrir aux personnels techniques chinois et à leurs biens pendant la durée du projet.
Ce grand chantier a suscité et continue de susciter beaucoup d’espoir. Car, les structures existantes ne peuvent plus accueillir le flux des étudiants qui frappent aux portes de nos universités chaque année, et qui sont confrontées à une crise d’amphithéâtres, de laboratoires et de salles de travaux pratiques. Sans compter les problèmes de logement pour les étudiants. Il fallait trouver une solution à ces différentes et grosses lacunes.
Le pôle universitaire en cours de finition sera l’un des plus grands de toute la sous-région et améliorera considérablement les conditions de vie et de travail des étudiants et des enseignants. Fruit de l’amitié entre notre pays et la Chine, le projet est né à la suite de la commission mixte de coopération économique, commerciale et technique tenue en juin 2010 à Beijing. La Chine s’est engagée, à cette occasion, à construire des infrastructures pédagogiques au profit de l’Enseignement supérieur. Faut-il le rappeler, la cité universitaire de Kabala est le plus gros investissement que la Chine ait jamais consenti dans le secteur de l’éducation en Afrique et consiste en la réalisation des travaux en deux volets. Le 1erevolet porte sur la construction et l’équipement de 7 premiers blocs et le second volet sur la construction de 7 autres blocs.
Dieudonné Tembely
ENCADRE
Étude détaillée du projet et description des travaux
Le premier volet porte sur la construction et l’équipement de résidences universitaires et structures annexes entièrement financés par le budget national. A cet effet le Gouvernement a approuvé le 14 avril 2010 plusieurs marchés relatifs aux travaux de construction et d’équipement de ces résidences. Trois entreprises maliennes (ECONI et le groupement EGENEB/ETROBA) et une entreprise chinoise (COMATEXIBAT-SA) sont attributaires de ces marchés. La maîtrise d’œuvre a été confiée au Cabinet d’Architecture et d’Urbanisme (CADAU).
Le second volet porte sur la construction et l’équipement d’infrastructures administratives, pédagogiques et de recherche, financés par un don de la République Populaire de Chine. Les travaux de la première phase de ce volet ont fait l’objet d’un contrat d’exécution signé le 18 octobre 2013 et le président de la république a procédé à la pose de la première pierre des infrastructures pédagogiques le 10 mars 2014. Les travaux sont exécutés par l’entreprise chinoise BCEG et la maîtrise d’œuvre est assurée par le bureau d’architecture CADAU.
La description des travaux du volet 1 fait ressortir la construction et l’équipement de quatre blocs d’hébergement d’une capacité de 1020 places chacun, un restaurant universitaire, une cafétéria centrale, un centre commercial, un centre de santé, une salle polyvalente, un complexe sportif, des voiries et réseaux divers.
Les études, le suivi, le contrôle et la supervision des travaux ont fait l’objet d’un marché conclu entre l’Etat malien et le Cabinet d’Architecture et d’Urbanisme (CADAU).
Pour cet autre volet, il s’agit de construire et d’équiper, en deux phases, un complexe universitaire composé de 14 blocs répartis entre infrastructures pédagogiques, infrastructures de recherche et infrastructures administratives et techniques.
L’approbation de l’Avant-projet détaillé a constitué un tournant important : elle a ouvert la voie à l’élaboration des plans d’exécution qui ont eux-mêmes permis la sélection par appel d’offres de la société Beijing Construction Engineering Group pour réaliser les travaux de la Phase 1. C’est cette Société qui a été mandatée par le Gouvernement chinois pour signer avec le gouvernement malien le contrat d’exécution des travaux de construction de la 1ère phase du projet de campus de Kabala. Cette signature a eu lieu le vendredi 18 octobre 2013 sous la haute présidence du Premier ministre. Enfin, le 10 mars 2014 a eu lieu la pose de la 1ère pierre des infrastructures pédagogiques par le Président de la République ; ce qui marqua le démarrage effectif des travaux de construction des sept blocs prévus dans la phase 1. Le coût global du projet est de 70 milliards FCFA.
Ces sept blocs sont : la Faculté des Sciences Humaines sur 10656㎡, la Faculté de Droit 10656㎡, le Centre Multimédia 1107㎡, le Rectorat 4376㎡, l’Ecole normale d’enseignement technique et professionnel 7546㎡, les Amphithéâtres 2666㎡ et les Laboratoires pour l’Ecole Doctorale des Sciences et Technologies et Salles Spécialisées pour l’Ecole Doctorale des Sciences Humaines et Sociales sur 4586㎡.
La seconde phase comprend un Institut universitaire de techniques industrielles qui sera battit sur une superficie de 12102m2, un Centre national de la recherche scientifique et technologiques (CNRST) sur 1094㎡ , une Presse universitaire sur 847㎡ , une maison des hôtes et son restaurant sur 2190㎡, un Centre des langues sur 1380㎡, une Faculté des sciences de la santé sur 4808㎡ et une cantine 398㎡.
Le pôle universitaire de Kabala est la réponse adéquate à un des problèmes qui, depuis la création de l’université du Mali en 1996, coupaient le sommeil à tous les responsables de l’enseignement supérieur à savoir l’accueil et l’hébergement des étudiants. Ce problème sera partiellement résolu bientôt avec cette cité universitaire qui a une capacité d’hébergement de 4080 lits. Elle sera dotée d’un système d’adduction d’eau autonome et d’une voie d’accès longue d’une douzaine de kilomètres. Une voie bitumée reliera la cité universitaire à l’aéroport international de Bamako Sénou. Pour la sécurisation des lieux, un centre de secours et une brigade de gendarmerie sont en cours de construction à proximité.
Le pôle universitaire de Kabala occupe une superficie de 103 hectares et la réception de tout ou partie est prévue pour courant 2015.