Faculté de Médecine : les étudiants trahis par ATT

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S’il y a une faculté qui faisait encore la fierté du système éducatif malien, c’est bien la faculté de médecine, de pharmacie et d’odontostomatologie (FMPOS). Mais, depuis quelques mois ce centre d’excellence se meurt sans que cela n’inquiète les autorités maliennes.

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ATT abandonne la FMPOS à son sort  S”il y a une faculté qui faisait encore la fierté du système éducatif malien, c”est bien la faculté de médecine, de pharmacie et d”odontostomatologie (FMPOS). Mais, depuis quelques mois ce centre d”excellence se meurt sans que cela n”inquiète les autorités maliennes.  Pour un concours d”internat aux contours flous, la FMPOS s”est embrasée. Depuis des mois deux camps s”affrontent: D”un côté les étudiants et de l”autre les professeurs.

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En attendant d”avoir de plus amples informations sur ledit concours les étudiants ont décidé de le boycotter. Cette attitude a été perçue comme un affront par un certain nombre d”enseignants, dont le doyen de la faculté.   La tension est vite montée. Il semble que des étudiants mécontents du forcing du doyen pour organiser le concours sous haute surveillance policière, aient attendu la veille du démarrage de la correction des copies pour mettre le feu au décanat et brûler quelques véhicules.  Suite à ces incidents, 9 étudiants ont été arrêtés, jugés et condamnés de 18 à 24 mois de prison. En signe de solidarité avec leurs camarades, les étudiants de la FMPOS ont décidé de ne pas se présenter aux examens de la première session.  

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Face à la complexité du problème, Cheick Oumar Sissoko, ancien ministre de la culture et de l”éducation nationale, s”était investi auprès des étudiants pour qu”ils acceptent de composer. Le refus de ces derniers à ne pas mettre les pieds dans les amphithéâtres, avant la libération de leurs camarades, a conduit a une négociation, entre le président de la République, le ministre de la culture et de l”éducation et les responsables des étudiants, non sans efforts. A l”issu de plusieurs tractations et la mise à contribution de plusieurs personnes ressources, les étudiants ont fini par accepter la proposition des autorités: présenter des excuses publiques aux enseignants et à la nation malienne et l”État pour sa part s”engage à libérer les neufs étudiants emprisonnés.  

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Le 20 septembre 2007, des ministres du gouvernement sortant ont coprésidé la cérémonie de réconciliation à la FMPOS. A l”occasion de celle-ci, le gouvernement a mandaté trois de ses ministres: Cheick Oumar Sissoko, ministre de la Culture et de l”Éducation nationale, Sadio Gassama, ministre de la Sécurité intérieure et de la protection civile et Gaoussou Drabo, ministre de la Communication et des nouvelles technologies. Elle venait parachever un certain nombre d”actes que les étudiants s”étaient engagés à poser devant le comité de médiation au nombre desquels l”organisation d”une journée de salubrité à l”École de médecine pour faire disparaître les traces laissées par les différentes rixes. C”est donc dans un environnement assaini que les trois ministres du gouvernement sortant et de nombreux professeurs ont reçu des étudiants, conformément à la tradition, une calebasse de colas en signe de pardon.   

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Mais, quelques minutes, seulement, après la cérémonie de réconciliation, des agents de la sécurité d”État arrêtaient brutalement Chiaka Keita, coordinateur national des étudiants de la FMPOS faisant fonction d”interne. Cette arrestation musclée a eu lieu dans le cabinet de l”honorable Koniba Sidibé, député élu à Dioila. Les étudiants qui n”arrivaient pas à s”expliquer cette arrestation quelques minutes seulement après la cérémonie de réconciliation, ont cru à une plaisanterie de mauvais goût. Mais, quelle ne fût leur surprise lorsqu”ils constatèrent aussi que les noms de leurs camarades, ceux-là même qui avaient fait l”objet d”un accord, ne figuraient pas sur la liste des personnes ayant bénéficié de la grâce présidentielle du 22 septembre 2007.  

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La surprise passée, ils ont décidé de boycotter la première session des examens qui était prévue pour le 30 septembre, selon les termes de la réconciliation. Après analyse, l”on se rend à l”évidence que certaines autorités du pays n”avaient pas intérêt à ce que la situation de la FMPOS se normalise. Ce n”est plus un secret, Ousmane Issoufi Maiga, premier ministre sortant avait clairement indiqué au ministre Cheick Oumar Sissoko qu”il n”était pas d”accord avec sa démarche pour gérer cette crise.

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Au moment où Cheick Oumar Sissoko se battait pour trouver une issue honorable pour tous les protagonistes, Ousmane Issoufi Maiga préconisait la manière forte. Chose plus grave les tenants de la manière forte ont pu rallier le président de la République à leur vue.  Dans la gestion de cette crise, le retournement de veste du président ATT a surpris plus d”un. Mis régulièrement au courant de toutes les démarches du comité de médiation qui a bénéficié de son attention, ATT a surpris ses émissaires lorsqu”il a refusé d”accorder la grâce présidentielle aux étudiants incarcérés. Selon lui, cette grâce allait être interprétée comme une capitulation sous la pression des étudiants. La FMPOS est bloquée !  

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L”horizon est d”autant plus sombre que le décanat en accord avec le conseil des professeurs vient de jeter de l”huile sur le feu. Il y a quelques jours, requinqué par la position des plus hautes autorités, les enseignants de la FMPOS ont décidé de faire payer aux étudiants ce qu”ils considèrent comme un affront. Ils viennent de fixer la date de la deuxième session pour le 30 octobre 2007, alors même qu”aucun étudiant n”a composé à l”occasion de la première session. Cette décision des enseignants n”est pas de nature à trouver une solution à la crise.   En cette rentrée scolaire 2007-2008, la situation est d”autant plus grave que le bureau national de coordination de l”AEEM a décidé de sortir de la torpeur dans laquelle il s”était calfeutré au nom d”une école apaisée et performante. Hier, jeudi 4 octobre 2007, l”AEEM, au cours d”une conférence de presse organisée à la FMPOS est montée au créneau pour réclamer la libération des étudiants emprisonnés.

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Selon son secrétaire général, Mohamed Ibrahim Baby, c”est de façon volontaire que les responsables de l”AEEM ont décidé de privilégier le dialogue à la violence pour poser les problèmes des étudiants maliens. Mais, il dira qu”il est aujourd”hui très déçu des portes qui se ferment devant eux lorsqu”ils veulent, en toute responsabilité, poser les problèmes. « Comme personne ne veut nous écouter du côté du décanat de la FMPOS, nous disons haut et fort qu”il n”y aura pas d”examen le 30 octobre si nos camarades ne sont pas libérés », a-t-il déclaré. Il a qualifié de provocation le comportement du décanat qui a fixé la date d”une deuxième session alors que les étudiants n”avaient pas eu l”opportunité de se présenter à la première. Il a invité les autorités gouvernementales à prendre toutes les dispositions pour éviter que la situation ne pourrisse.

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« Nous avons volontairement opté pour la voie du dialogue, mais, nous pouvons décider de recourir à nos méthodes habituelles de luttes. Mais pour la quiétude de l”école malienne, nous demandons à être écoutés avant qu”il ne soit trop tard » a indiqué Mohamed Ibrahim Baby qui a souhaité la bienvenue au nouveau ministre chargé de l”enseignement supérieur. Selon lui, l”AEEM est en passe de terminer la préparation de son cahier de doléances. Sans en dévoiler le contenu, il a informé les journalistes que celui-ci aura du pain sur la planche.

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 Assane Koné

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