Crise universitaire au Mali : les racines du mal

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L’Université malienne, dont se vantent nos gouvernants actuels, est confrontée à une grave crise. Une crise qui, loin d’être résolue au fond, est devenue chronique, une véritable gangrène.

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Les autorités universitaires en particulier et les différents ministres en charge du secteur en général semblent toujours avoir opté pour la radicalisation et refusent obstinément à accéder aux demandes des étudiants. Et dire que cette crise perdure depuis plus d‘une décennie.

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Les différents mouvements qui ont emaillé l’année universitaire dans le pays suffit pour illustrer cette position figée et caduque des autorités de tutelle qui font fi des revendications des étudiants grévistes qui ne demandent qu’une simple amélioration de leurs conditions de vie et d’études pouvant leur permettre de suivre une formation académique correspondant aux normes internationales. Ces jeunes qu’on sacrifie aujourd’hui sur l’autel des intérêts personnels sont l’avenir du pays. Certes, les dirigeants qui les privent de ces droits élémentaires ont leurs enfants à l’extérieur dans les universités les plus huppées au frais du contribuable malien. Et le rêve que caressent ces parents est de voir leurs enfants leur succéder à leur fonction actuelle pour pérenniser la dynastie.

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Mais, ils ne sont pas sans savoir que leurs enfants ne suffiront pas pour servir toute la nation malienne jusqu’au coin le plus reculé du pays. Demain, le Mali aura besoin des agents de santé pour soigner les malades , des enseignants pour former des générations futures, des ingénieurs pour piloter des projets, manœuvrer des usines et faire d’autres gros ou petits ouvrages, etc.. Une telle situation pourrait suffire pour interpeller leur conscience afin qu’ils limitent au moins leur gâchis et laisser un minimum de bon héritage aux générations futures. Mais loin s’en faut. Il suffit que les étudiants s’agitent pour la hausse d’un maigre pécule, ou le remplacement d’un enseignant incompétent, ou la construction d’une bibliothèque, d’un amphi théâtre, etc.… pour que le rectorat fasse intervenir les forces de l’ordre. Celles-ci leur distribuent des coups de gaz lacrymogène, de matraques. Chaque revendication universitaire fait l’objet de bastonnade, d’interpellation entraînant des blessés. Chaque grève estudiantine est perçue par le pouvoir comme une manipulation de l’opposition dans le but de déstabiliser le régime. C’est le disque qu’on tourne depuis fort longtemps.

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Pour la solution à ce problème, les autorités doivent dialoguer avec les grévistes, définir et exécuter un programme de solution à la crise à court et à long termes. Des observateurs avertis pensent qu’il est temps de faire de profondes réflexions sur l’enseignement malien, et poser des actes concrets dans le but de mettre le Mali dans le train de l’avenir. N’est ce pas là une tâche du nouveau premier ministre qui doit en faire une de ses priorités gouvernementales ? Comme partout ailleurs, l’enseignement supérieur au Mali a une double mission : l’enseignement et la recherche. La première mission, celle relative aux apprentissages vise la transmission de connaissances qui conduit à la formation de cadres de haut niveau dans les divers domaines de la vie nationale. La seconde, celle qui se réfère à la recherche a trait à l’animation de la recherche fondamentale et appliquée qui concourt au progrès économique et social contribuant ainsi au mieux être des populations.

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Les acteurs du système éducatif supérieur sont restés fidèles à leur engagement pour la réalisation de ces deux objectifs. Mais ils sont confrontés à deux handicaps majeurs : la précarité des conditions de travail et les multiples tracasseries qui jonchent le processus de leur investigation.

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 Mais, l’un des problèmes cruciaux de l’enseignement supérieur est que l’élite au pouvoir a une mauvaise perception du rôle que devrait jouer l’université dans le processus global du développement du pays en cette période de mondialisation. Les profondes mutations politiques qui s’opèrent actuellement en Afrique constituent pour nous la preuve la plus évidente que notre monde est en perpétuel changement et qu’on devrait se préparer pour une meilleure intégration à l’universel. Le Mali ne peut et ne doit rester une particularité dans un monde aussi mouvant. Il faut, en tout cas, craindre le jugement de l’histoire et celui des générations futures.

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En fait, l’université malienne doit être une référence sûre pour le gouvernement. D’où la nécessité d’un recadrage du dégré de confiance que les dirigeants ont des acteurs du supérieur et de leurs institutions. Ces Institutions sont souvent perçues par les politiques comme des foyers de tensions et de revendications qu’il faut à tout prix éviter. Une telle mentalité doit être maintenant dépassée pour que notre université puissent jouer efficacement son rôle dans le développement du pays. Aussi nos étudiants manquent presque de tout et lorsqu’ils demandent légalement et pacifiquement l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail, le gouvernement, malheureusement au lieu de dialoguer, répond toujours par la méthode forte c’est à dire les suspensions, les recalages, les licenciements, les arrestations, les bastonnades. 

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La vie étant très chère, le pécule alloué par l’Etat aux étudiants est insignifiant et les possibilités de trouver de petits jobs sont rares. A cause de la misère estudiantine, la prostitution est devenue un moyen pour certaines étudiantes pour échapper à leurs conditions. Les Institutions d’enseignement supérieur privées, malgré l’espoir qu’elles ont suscité n’ont pas pu constituer une alternative à l’échec de l’enseignement public au supérieur. En dépit de leur cherté et de la publicité bruyante et excessive qui leur est faite, ces institutions universitaires privées ne donnent pas satisfaction quant à la qualité de la formation et les méthodes d’évaluation ne sont pas exemptes de critique.

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Il faut que le gouvernement comprenne que la faillite de l’enseignement supérieur est très préjudiciable à l’avenir de notre pays. Donc, il faut accorder aux étudiants et enseignants du supérieur des conditions de vie et de travail dignes de leurs statut et rôle. Aujourd’hui, les acteurs du système éducatif au supérieur mènent une lutte pour le quotidien c’est à dire ce qu’il faut mettre dans la marmite, ce qu’il faut pour payer le loyer, ce qu’il faut pour que les enfants puissent se rendre à l’école… Cette situation est créée et entretenue par le pouvoir pour empêcher les enseignants- chercheurs de participer au vrai débat : celui du changement pour une alternance démocratique.

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Gnimadi Destin

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